Le magnat de la seule presse d’opposition de Hong Kong, Jimmy Laï, 73 ans, a été placé jeudi 3 décembre en détention provisoire jusqu’en avril 2021, en attendant son procès pour « fraude ». Le juge a refusé la libération sous caution.
Figure du combat pour la démocratie à Hong Kong, contre le totalitarisme chinois, Jimmy Laï va donc passer plus de quatre mois en détention, alors que se multiplient les poursuites contre les dissidents et les détracteurs de Pékin.
Le patron du tabloïd Apple Daily et du groupe de presse Next Digital, Jimmy Laï est connu pour ses critiques de l’exécutif aligné sur Pékin. En août 2020, des centaines de policiers avaient réalisé une spectaculaire perquisition dans les bâtiments du groupe de presse.
Arrivé seul à Hong Kong en s’évadant de la province voisine du Guangdong lorsqu’il avait 12 ans, Jimmy Laï a travaillé en usine, vendu des fleurs en plastique et grimpé progressivement l’échelle sociale en faisant fortune. Il expliquait à La Croix il y a quelques années :
« De ces années difficiles, je garde l’idée de rendre à Hong Kong ce que j’ai reçu et, depuis l’éveil de ma conscience politique au lendemain du massacre du 4 juin 1989 sur la place Tian-An-Men, je ne cesse de me battre pour que la démocratie s’installe, que la liberté de la presse soit garantie et les libertés individuelles aussi. J’avais déjà beaucoup donné pour les étudiants de Pékin, de l’argent, de la nourriture, des tentes… je les soutenais de toutes mes forces, j’étais très engagé, et puis je me suis dit après : je vais continuer à me battre. »
Converti, il a été baptisé par le cardinal Zen le 7 juillet 1997, au lendemain de la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
Sur tout cette affaire, le pape est resté étrangement silencieux. Et lorsque le cardinal Zen est venu le rencontrer à Rome en octobre dernier, le Souverain Pontife a refusé de l’entendre.