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France : Politique en France

“Chrétien-démocrate”, un contre-témoignage ?

Thierry Boutet analyse le changement de nom du parti de Christine Boutin, du Forum des républicains sociaux (FRS) en, demain, Parti chrétien-démocrate (PCD) :

D "L’affirmation est audacieuse, mais la formule rejoint-elle la tradition catholique ? […] ce parti démocrate chrétien ou chrétien démocrate, la nuance est difficile à saisir, est-il opportun ? […] Se revendiquer d’une politique chrétienne et parler de « politiques chrétiennes » est toujours ambigu. Hormis les points dans lesquels le droit naturel ou le Décalogue exigent le respect de principes que Benoît XVI qualifie de « non négociables », l’Église considère que la plupart des problèmes politiques peuvent recevoir, non pas une, mais plusieurs réponses.

Certes il y a des politiques qui s’inspirent de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église (ou qui s’en écartent), mais seulement en tant qu’ils respectent (ou non) le droit naturel. Une chose est de puiser dans sa foi les motifs profonds de son action politique, autre chose de dire que les choix politiques qui sont ceux de tel ou tel gouvernement ou de tel ou tel parti sont en eux-mêmes chrétiens. Pas plus qu’il n’y a de philosophie chrétienne ou de science chrétienne au sens confessionnel du terme, pas plus il n’existe de politique chrétienne.

Le politique est une activité rationnelle. Elle relève de la vertu de prudence, inspirée par la charité. Comme le savant ou le philosophe, l’homme politique peut-être, à la manière de Thomas More ou de saint Louis, conduit dans son action par l’Esprit Saint, voire conseillé par l’Église, mais ce sera toujours sur un fondement qui n’est pas de lui-même théologique. […] Mais parce que la politique est une activité en elle-même profane, il existe un risque réel d’instrumentaliser la religion et de commettre un grave contre-témoignage en désignant « chrétien » un parti (ou un choix) politique, quel qu’il soit."

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6 commentaires

  1. MAURRAS toujours d’actualité.

  2. C’est clair que prendre parti pour ou contre des mesures absolument profanes (au hasard : réforme du système de santé, réforme de l’Education nationale, etc.) au nom de ses valeurs chrétiennes, c’est ranger de facto tous les chrétiens dans une case qu’ils ne reconnaissent pas forcément comme la leur.
    La Foi est une chose, la politique en est une autre.
    D’ailleurs, il me semble qu’au XIXème siècle, qui n’est pas si loin, la quasi totalité des députés de toutes les tendances politiques étaient chrétiens…

  3. @ Cadoudal
    Bravo : vous m’avez ”volé” cette réflexion.
    Si M. BOUTET va jusqu’au boutdes conséquences logiques de son raisonnement, puisqu’il cite les principes ”non négociables”, la FSP n’aurait pas du suggérer de voter ”utile” à savoir Sarkozy, dès le premier tour des présidentielles et législatives de 2007.
    Mais son raisonnement est riche également d’enseignement pour la droite dite ”nationale ou souverainiste” : il existe bien plusieurs solutions possibles pour répondre à une difficulté à laquelle le politique ne peut se soustraire. On ne peut donc décider qu’une solution qui va vers le moindre mal n’est pas ”catholique”, ou est contraire à la morale chrétienne, uniquement parce qu’on en propose une qui soit différente.
    La prise en compte de cet aspect du raisonnement qui n’est pas seulement une nuance, éviterait à certains contempteurs de certains dirigeants des partis de la droite nationale et souverainiste, de les réputer en permanence non catholiques sur le SB et d’autres blogs, instrumentalisant ainsi sans raison valable la religion à des fins de division et de déstabilisation.
    En ergotant sur des virgules, ces zélotes de la casuistique bloquent tout raisonnement sur la DSE prise dans son ensemble. Car la question de la défense de la Vie passe aussi par la question de la dignité de l’homme dans son ensemble et par l’examen des conditions juridiques institutionnelles et économiques qui façonnent la vie de la société.
    Sans quoi on se sert de la religion pour faire du moralisme obtus, caricatural et inopérant.

  4. A plus forte raison quand le dit parti soutien l’UMPS, fer de lance de la lutte contre l’église et les institutions traditionnelles, parangon de la culture de mort.
    N’oublions pas que toutes les lois délétères, au premier rang desquelles l’avortement et le regroupement familial, ont été votées par la droite.
    Plus qu’un contre-témoignage, c’est abuser de la crédibilité des catholiques désinformés.

  5. M. Boutet nous donne un parfait résumé du “libéralisme catholique”.
    C’est son opinion.
    Mais c’est radicalement contraire à l’enseignement de l’Eglise.
    Il y a une politique chrétienne. La politique ne doit pas être un art profane. Il suffit de lire les grandes encycliques, de Grégoire XVI à Pie XII.

  6. Christine Boutin est un leurre de l’UMP. Il ne faut surtout pas tomber dans le piège que représente ce mouvement chrétien democrate.

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