Le 15 juin, la Nouvelle Librairie publie Pourquoi me persécutes tu ? le recueil des chroniques de Charles de Meyer, parues dans Politique Magazine au sujet du Proche Orient, des chrétiens d’Orient et du récit de certaines des aventures exemplaires de SOS chrétiens d’Orient ainsi qu’un texte inédit d’une trentaine de pages intitulé “Lettre à un volontaire” qui présente l’esprit du volontariat chez SOS chrétiens d’Orient. Richard de Seze signe la préface du livre. Nous avons interrogé Charles de Meyer :
Vous évoquez la persécution des chrétiens orientaux par les islamistes. Existe-t-il des pays musulmans où les chrétiens sont peu ou pas persécutés ?
Je tiens immédiatement à préciser que des discriminations intolérables peuvent exister ailleurs que dans des pays musulmans. SOS chrétiens d’Orient a osé dénoncer à ce propos les discriminations insupportables et en recrudescence contre certains chrétiens de Terre Sainte.
Les chrétiens d’Orient font face à des discriminations et des persécutions dans de nombreux pays musulmans, c’est un fait établi. Il faut souligner que dans certains pays, la politique de l’Etat est officiellement de travailler à l’amélioration de la situation des communautés chrétiennes. C’est le cas en Egypte ou le président Sissi a multiplié les discours et les actes pour se distinguer de la phase catastrophique de direction du pays par les Frères musulmans suite aux Printemps arabes. De même, le gouvernement régional du Kurdistan irakien a fait preuve d’une grande générosité en accueillant les déplacés chrétiens de la plaine de Ninive après l’occupation de leur région par les barbares de l’Organisation Etat islamique.
Les communautés chrétiennes orientales sont victimes de la radicalisation des islamismes au Moyen Orient. Mais des visées idéologiques leur ont également été particulièrement préjudiciables, comme par exemple le génocide orchestré par les Jeunes Turcs dans l’empire ottoman.
Dans la question des relations à l’islam, il importe en priorité de relayer le témoignage de toutes ces communautés sans l’irénisme insupportable de certaines institutions mais sans chercher à comparer la situation des relations avec l’islam dans cette région avec celles de l’Europe, dont la culture est très différente.
La France a-t-elle vraiment abandonné les chrétiens et pourquoi ?
La France n’a jamais abandonné les chrétiens d’Orient. Le succès de SOS chrétiens d’Orient est là pour le prouver. En dix ans, plus de 2000 volontaires sont partis épouser le quotidien des chrétiens d’Orient en n’ayant rien d’autre à gagner que les fruits de la charité.
Le sort des chrétiens d’Orient demeure une question de politique étrangère très chère au cœur de nos compatriotes ce qui explique d’ailleurs sa popularité auprès des partis politiques. Si la France n’a pas suivi l’exemple hongrois en érigeant un poste gouvernemental dédié pour les chrétiens persécutés, on peut dénombrer certains projets soutenus par la puissance publique, en Iraq ou au Liban, par exemple, qui vont dans le bon sens.
En revanche, les discours peinent à être transcrits en actes. Il faut exiger davantage des pouvoirs publics que quelques déclarations convenues. Trop souvent, les errements diplomatiques, volontaires ou inconscients, produisent des drames pour les communautés chrétiennes.
A cet égard, le témoignage des volontaires de SOS chrétiens d’Orient en Syrie pendant toute la guerre ou auprès des déplacés arméniens victimes de l’agression azérie est un atout pour notre pays.
Par ailleurs, on voit qu’une partie des acteurs publics jette l’opprobre sur les soutiens aux chrétiens d’Orient en les diffamant ou en les ignorant. Les chrétiens d’Orient, ce ne serait pas suffisamment laïc, trop identitaire, ou je ne sais quelle sornette. La chasse aux sorcières n’épargne pas les militants de la cause des chrétiens d’orient. Heureusement, les lecteurs du Salon Beige ne nous ont jamais manqué dans les moments difficiles.
Qu’on se le dise : chaque volontaire de SOS chrétiens d’Orient sur le terrain perpétue cette chaine du temps qui permet à notre peuple de demeurer fidèle à sa mission séculaire d’amitié et de soutien aux communautés chrétiennes orientales.
Si la déchristianisation à l’œuvre dans notre pays réduit mécaniquement l’intensité de ce lien, la vigueur et l’ingéniosité des volontaires permet de maintenir ce lien. En rentrant, les volontaires deviennent de véritable témoins, et je ne doute pas que leur exemple devienne au fil du temps un puissant moteur de changement dans notre société.
SOS Chrétiens d’Orient a déjà 10 ans. Quels sont les projets à venir de l’association ?
Dix ans, c’est déjà la vérification par les faits de la noblesse de l’engagement de SOS chrétiens d’Orient. Nous n’avons jamais varié dans notre détermination à être les porte-voix du sort des communautés chrétiennes orientales sans jamais nous soucier du médiatiquement correct ou des attaques.
Notre plus grande force réside dans la somme de projets concrets que nous avons menés à bien pendant cette décennie. Notre formidable communauté de donateurs a maintenu un engagement sans faille auprès de nos équipes de terrain qui arpentent les bidonvilles ou les campagnes afin de tout faire pour aider nos frères les chrétiens d’Orient à prospérer sur la terre de leurs pères.
Nos projets sont toujours les mêmes : décupler notre présence de terrain en offrant la possibilité à toujours davantage de bénéficiaires de profiter de l’engagement de nos volontaires. Cela passe par une connaissance toujours plus approfondie des pays dans lesquels nous intervenons et une démarche déterminée dans d’autres pays ou nous ne sommes pas encore suffisamment présents.
En France, nous multiplions les efforts pour améliorer la couverture régionale de notre association. Chacun peut agir concrètement, auprès de chez lui, pour que les chrétiens d’Orient aient des relais non seulement à la capitale mais également auprès de tous les terroirs français.
Enfin, le modèle de SOS chrétiens d’Orient ne cesse de faire des émules. En Italie, en Belgique, en Europe centrale, aux États Unis, nombreux sont ceux qui travaillent avec nous à orienter le désir brûlant des leurs de témoigner de l’attachement de tant de chrétiens par le monde pour les églises qui vivent sur les terres des premiers chrétiens.
Enfin, il s’agit aussi pour nous d’accompagner nos volontaires à leur retour de mission en renouvelant nos efforts pour que les volontaires perpétuent la vigueur de leur engagement une fois retournés dans leurs familles. Fonder un foyer chrétien, se battre pour que la France demeure un phare pour les communautés chrétiennes orientales, résister à l’affadissement du monde, c’est aussi contribuer à l’atmosphère qui voit naitre les vocations de militants de la cause des chrétiens d’Orient.