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Valeurs chrétiennes : Education

Circulaire sur l’éducation sexuelle à l’école : la culpabilité de François Bayrou

Circulaire sur l’éducation sexuelle à l’école : la culpabilité de François Bayrou

D’Alain Toulza sur Renaissance catholique :

L’information sur le projet de sa circulaire (voir L’innocence de François Bayrou ?) ayant percé dans la presse, M. Bayrou avait accordé un entretien à une délégation de représentants de 35 associations membres du Comité d’initiatives pour le respect de la dignité humaine (C.I.D.) dont j’assurais la coordination, notre demande visant à le dissuader de donner suite à ce projet. Nous lui avons exposé les raisons de notre opposition, celles rappelées ici. En vain : il s’est efforcé de minimiser les risques d’intervention de structures crypto-homosexuelles dans l’appareil éducatif, les opposant aux risques du Sida que sa circulaire devait, selon lui, diminuer en grande part.

Le faux prétexte de la prévention du Sida

Or, le prétexte d’une protection du Sida ne tenait pas la route : d’abord, parce que le Sida était, depuis 1994, en voie de déclin, ayant déjà accompli largement son œuvre de mort avant la mise en chantier d’une médication appropriée. Ensuite, pour cette raison évidente que le meilleur moyen de lutter contre une épidémie est d’éviter les circonstances favorisant son extension ; dans un second ouvrage intitulé Sida. Le vaccin de la vérité, publié sous le pseudonyme de Thomas Montfort, je me suis attaché à montrer que la courbe d’expansion de cette épidémie avait épousé celle de la prolifération des mesures d’incitation à une sexualité débridée.

Aux lamentations hypocrites des organisateurs des campagnes de Sidaction, je me permets d’opposer la conclusion du roman Adolphe de l’écrivain Benjamin Constant :

Resté sourd à nos arguments, le ministre a donc publié sa circulaire. Financé par les associations du C.I.D., un recours en Conseil d’Etat a été engagé, dont le résultat fut un rejet de la plainte en tous ses griefs fondamentaux, le Conseil d’Etat l’annulant cependant mais seulement au motif, aisément contournable, d’un vice de forme dans son élaboration. En catholique qu’il se devait d’être, François Bayrou aurait dû saisir cette opportunité comme un signe du ciel l’invitant à renoncer au projet néfaste que lui avaient soumis ses collaborateurs. Mais il a choisi de le remettre en route, usant cette fois d’une forme juridique correcte. Charles Péguy nous en avait déjà averti en octobre 1905 dans Notre Patrie :   On ne saura jamais tout ce que la peur de ne pas paraître assez avancé aura fait commettre de lâchetés à nos Français. »

Certes, la circulaire Bayrou n’a pas été le détonateur d’un bouleversement civilisationnel, elle en a cependant constitué un accélérateur d’importance au niveau des nouvelles générations en âge scolaire, qui ont déconstruit en une trentaine d’années ce que près de deux mille ans d’histoire avaient édifié. Elle a ainsi favorisé une déliquescence croissante des mœurs, plus grande encore que celle qu’avait connue Rome dans le temps de sa décadence proverbiale, prélude à son invasion par des migrants venus d’un autre monde, lesquels ont tout rasé de ce qui lui restait de culture.

Charles Péguy et François Bayrou

Wikipedia révèle que « à partir du début des années 1970 (François Bayrou) est membre de l’amitié Charles Péguy qu’il cite comme son intellectuel de référence », et qu’il « rédige en 1972 un mémoire de maîtrise consacré à la recherche de la vie intérieure de Charles Péguy, la Jeanne d’Arc de 1987 et le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc (1910) ».

De ce fait, je m’interroge et l’interroge :

1. Le constat établi par Péguy le 6 octobre 1907 (il y a près de cent ans !) dans Gloire temporelle, est effrayant et revêt aujourd’hui un caractère prophétique :

M. Bayrou est-il conscient de cette réalité que sa circulaire sur l’éducation sexuelle à l’école a fortement contribué à « avilir l’homme, la femme, l’enfant, la famille », en avilissant l’amour ? Et fin mai 2025, voici que « l’Etat moderne… avilit la mort », achevant ainsi son œuvre diabolique !

2. Le 2 décembre 1906, quand triomphait en France une violente politique anticléricale, Péguy a osé affirmer :

« Les intellectuels modernes, le parti intellectuel moderne a infiniment le droit d’avoir une métaphysique, une philosophie, une religion, une superstition tout aussi grossière et aussi bête qu’il est nécessaire pour leur faire plaisir… Mais ce qui est en cause… c’est de savoir si l’Etat moderne a le droit et si c’est son métier… d’adopter cette mystique, de se l’assimiler, de l’imposer au monde en mettant à son service tous les énormes moyens de la gouvernementale force. » (in Parti intellectuel).

N’est-ce pas une conception idéologique (maçonnique en fait) de l’homme et de la société que, depuis des décennies – du temps où François Bayrou disposait de forces politiques non négligeables – les gouvernements successifs (dont il avait fait partie) ont imposée à la nation : éducation sexuelle étatique, unions homosexuelles légalisées, pornographie autorisée, contraception et avortement encouragés, réductions drastiques des mesures de soutien à la famille ?

3. Ce n’était qu’une circulaire, certes, et liée à un amoncellement de textes convergents et d’une nature juridique contraignante, mais comment son auteur, qui avait consacré, dans sa jeunesse, un mémoire de maîtrise à sonder Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, a-t-il pu oublier cette vérité implacable énoncée dans ce Mystère :

« Complice, c’est comme auteur. Nous en sommes les complices, nous en sommes les auteurs… Celui qui laisse faire est comme celui qui fait faire. C’est tout un. Ça va ensemble. Et celui qui laisse faire et celui qui fait faire ensemble… c’est autant que celui qui fait… C’est pire que celui qui fait. Car celui qui fait, il a au moins le courage de faire. Celui qui commet un crime, il a au moins le courage de le commettre. Et quand on le laisse faire, il y a le même crime ; c’est le même crime ; et il y a la lâcheté par-dessus. Il y a la lâcheté en plus. Complice, c’est pire qu’auteur, infiniment pire. »

Un ultime combat ?

Demeure actuel le constat ci-après que Péguy a établi le 20 juin 1909 en des termes brûlants d’amour patriotique blessé :

« De plus en plus, d’année en année, et pour de longues années peut-être, le grand public s’abandonne et on l’abandonne, le public est abandonné à toutes les bassesses. Nous sommes des vaincus. Le monde est contre nous… tout ce que nous avons défendu recule de jour en jour devant une barbarie, devant une inculture croissantes, devant l’envahissement de la corruption politique et sociale. Nul ne nie plus ce désordre, ce désarroi des esprits et des cœurs, la détresse qui vient, le désastre menaçant. Une débâcle. C’est peut-être cette situation de désarroi et de détresse qui nous crée, plus impérieusement que jamais, le devoir de ne pas capituler. » (in A nos amis, à nos abonnés).

Ce devoir de résistance n’a pas été un vain mot : on entrevoit enfin les signes d’un renouveau de la mystique au sein d’une jeunesse que les gadgets d’un monde consumériste à l’excès n’ont pu satisfaire : regain du scoutisme et de diverses formes d’aide caritative, résurgence de pèlerinages et retraites spirituelles, de conversions et baptêmes d’adultes, de vocations sacerdotales et monastiques. Cette jeunesse-là est le véritable avenir de notre pays et probablement du continent européen. Vaste et superbe combat, peut-être celui des derniers temps – qui peuvent durer des siècles ou, aussi bien, à peine quelques décennies – pour rendre à la France sa grandeur spirituelle.

Mais une condition est à remplir, posée par Péguy en 1913 et qu’il faut rappeler sans fléchir :

Ceux d’entre nous qui, dans un passé peu éloigné, ont souvent cherché à savoir « de quel côté va tourner le vent » pour fixer le cap de leur engagement dans la cité, parfois jusqu’au faîte de leurs ambitions politiques, sont encore à temps de se relever « par un rejaillissement des instincts de leur race » qui est celle d’un héritage chrétien. Mais nul ne peut renvoyer indéfiniment à « plus tard » la démarche du « bon larron » et le moment de retomber sur terre et soutenir la génération porteuse d’un vrai renouveau. N’attendons pas demain et ne nous laissons pas surprendre par un « face-à-face » définitif, révélateur de nos lâchetés et de nos trahisons : demain il sera peut-être trop tard.

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