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France : Politique en France

Combattre ou disparaitre

Combattre ou disparaitre

Du père Michel Viot :

Le repos des vacances peut être mis à profit pour une réflexion fructueuse sur les sujets importants – c’est justement ce qu’on appelle la « tête reposée ». Et parmi ceux-ci figure à mon sens la nature du pouvoir politique, et de là, la nature du pouvoir que nous pensons exercer sur nous-mêmes. C’est une réflexion que je conduis moi-même depuis fort longtemps, et dont je souhaite partager quelques résultats.

Ce sur quoi je voudrais attirer l’attention, ce qui est de nouveau en cause aujourd’hui, et d’une manière dramatique et urgente, c’est le respect de la vie et la dénonciation de la prétention humaine à s’en rendre seule maîtresse et seule juge. Ce totalitarisme barbare s’épanouit aujourd’hui grâce à trois situations créées par ses partisans : la fin des états nations, le retour en force d’un des moteurs les plus pernicieux de la philosophie des Lumières, qui est la foi aveugle dans le progrès, et, j’ai honte de le dire, la mollesse des Églises. Et sur ce dernier point, je dois cependant à la vérité de remarquer qu’il y a eu amélioration pour l’Église catholique. Plusieurs évêques ont condamné publiquement la mise à mort de Vincent Lambert, dans le sillage du témoignage de l’héroïque Monseigneur Von Galen dénonçant, en son temps, l’extermination des handicapés mentaux par les nazis. Nous étions loin du triste silence catholique français de 1974 face à la loi Veil et à sa très rapide violation qui démultiplia les avortements en France, comme aussi des divisions catholiques de 2013 concernant le « mariage pour tous ».

La résistance catholique doit cependant dès maintenant se préparer et se renforcer. Pourquoi ? Tout simplement parce que depuis 2012, en France, la culture de mort dont parlait Saint Jean Paul Il ne fait que se renforcer. Malgré le « non » français de 2005 sur le traité constitutionnel européen (par référendum), le gouvernement français de 2007 imposa par la voie parlementaire le traité de Lisbonne qui acheva la sonnerie du glas des états nations. Autrement dit, à l’heure où j’écris ces lignes, après l’avoir détaillé dans mes trois derniers livres, il n’y a plus de souveraineté française, ou presque plus, et beaucoup de faux-semblants. Par exemple nous avons une armée, qui, je le dis au passage a beaucoup de mérite, mais qui faute de moyens n’est pas entièrement libre d’agir au mieux des intérêts de la France, tout comme le président lui-même. Quand nos avions bombardent, ils le font à crédit, ce qui augmente notre dette et notre dépendance. Cette dette dont le service, deuxième poste budgétaire de l’Etat, maintient notre pays dans la soumission aux puissances financières. 

Ainsi, en arrivant au pouvoir en 2012, François Hollande, ennemi de l’Église catholique, avait une avenue devant lui pour s’attaquer à la civilisation chrétienne qui avait fait la France, et pour cela il s’entoura de gens « compétents » Ceux-ci surent s’unir malgré leurs nombreuses divergences, contrairement aux catholiques, certains catholiques étant même allés jusqu’à faire campagne et à voter pour lui, alors que ses projets de lois dites civilisationnelles étaient tous inscrits dans son programme. Sans doute y avait-il chez nombre de ces catholiques-là quelque chose de plus que le « tout sauf Sarkozy ». Sans doute étaient-ils séduits par la nouvelle morale hollandaise, queue de mai 1968, que je dénonçais déjà en 1975 dans un livre intitulé Chrétiens sans religion.

[…] Les élections municipales approchent. Elles sont importantes, tant dans la Constitution actuelle que dans une autre à laquelle je songe. Ces dernières sont bien souvent les plus révélatrices de la pensée d’un pays, car on ne vote intelligemment que pour des gens qu’on connaît. Et des initiatives d’ordre spirituel peuvent être prises lors de semblables consultations. Dans la royauté constitutionnelle à laquelle je réfléchis, les élections de proximité, telles celles des municipales, constitueraient un des piliers importants de l’équilibre sociétal procuré par la royauté. Elles sont en effet le lieu de la vraie démocratie, comme elle existait au passage sous l’Ancien régime. La révolution française, antidémocrate au possible, les a dénaturées pour cela. Plus largement, elle a dénudé l’individu, lui retirant toutes ses protections devant l’État et devant les puissances économiques, en transformant la morale, les mœurs, et en supprimant en particulier des corps intermédiaires précieux pour éviter le despotisme gouvernemental – et celui de l’Argent roi. C’étaient notamment à cette époque les corporations, dont les syndicats pourraient prendre très légitimement leur suite pourvu qu’ils ne soient pas les doublets de partis politiques (fort heureusement cette mauvaise habitude semble se perdre). C’étaient les familles, dans lesquelles se faisait l’expérience du don de la vie, de son début à sa fin naturelle, et se vivait la pleine gratuité des relations personnelles – le monde qu’on nous propose semble bien hideux en comparaison, avec enfants achetés sur catalogue et fabriqués à l’envie en laboratoire (c’est la triste réalité de la PMA qui contient la GPA en puissance), et avec contractualisation voire financiarisation de toute relation. C’étaient les paroisses qui, regroupant les familles, les constituaient en corps politique (au sens noble du terme), et dont le groupement des groupements, structuré également par tous ces autres corps intermédiaires que j’évoquais, formait la nation. C’était l’Eglise enfin, parmi et dans et au-dessous et au-dessus de tout cela, secours des pauvres, défenseur des faibles face à l’arbitraire, ordonnatrice d’une charité vraiment gratuite, dispensatrice de cette morale simple qui forge encore le bon sens populaire et qui tâchait de maintenir les puissances d’argent sous tutelle, montrant le sens de la vie et de l’histoire qui élevait les hommes, quand le matérialisme progressiste en fait des esclaves, écrasés par le totalitarisme du pouvoir, exploités par l’Argent roi. 

Oui, il faut dénoncer le totalitarisme institué par les Lumières et la révolution, incarné par l’alliance fusionnelle du politique et de l’argent, totalitarisme de plus en plus prégnant à mesure qu’il détruit le monde d’avant. Il se signale notamment par la mégalomanie de nos dirigeants politiques, qui va s’empirant, dans le même temps qu’ils cèdent toujours plus la réalité du pouvoir à l’Argent roi. Tout serviteur de la finance qu’il soit, le Chef se prétend ainsi chaque jour plus omniscient et omnipotent : il sait, lui, où débute et se termine la dignité de la vie humaine, décidant par lui-même quand un de ses sujets peut vivre et doit mourir. Il décide souverainement du juste salaire des travailleurs, et plus encore, de la dignité de leur condition. Il sait ce qui fait que des gens « ne sont rien ». Il sait mieux que tous ce qu’est la France, et s’arroge tous les pouvoirs pour la transformer à sa guise. Il est le seul héritier de notre histoire et de notre patrimoine, seul habilité à en maîtriser la transmission, au point de se sentir capable de reconstruire en temps record un chef d’œuvre d’architecture qu’il a fallu des siècles pour édifier. Et même de lui apporter les « améliorations nécessaires » que les béotiens des générations passées étaient incapables de concevoir. Lui seul sait, et peut ainsi corriger les défauts de notre histoire, et décider de ce qu’elle sera pour la France, pour le monde et « per omnia saecula saeculorum ». A ce compte, il n’est guère que Notre Seigneur Jésus Christ à pouvoir le dépasser encore d’une courte tête, lui qui releva le Temple de Jérusalem en trois jours. Car le vrai Temple, c’est lui-même, qui ressuscita trois jours après sa mort. Mais qui sait, le transhumanisme donnera peut-être à nos chefs les moyens de la vie éternelle ? […]

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4 commentaires

  1. Au “Chrétiens sans religion” du père Viot, j’ai envie de répondre “Catholiques sans pape”.
    Le premier acte de Résistance aujourd’hui est de rejeter le “pape” en place.
    Nous sommes face à une situation inédite dans l’histoire de l’Eglise. Nos “chefs” sont parmi nos ennemis.

  2. catholiques allez voter…. pour des gens qui ne trahiront pas vos croyances, vos traditions, vos ancêtres

  3. à A.F
    Vos propos sont contraires au quatrième commandement. Même si son père est alcoolique, un chrétien essaie de le soigner, mais ne le rejette pas. Vous faites le jeu du diviseur.
    Même si le pape n’est pas celui que l’on souhaiterait, et ce n’est pas une première dans l’histoire de l’Eglise, nous avons celui qui nous a été envoyé par Dieu et que nous méritons. A nous d’agir dans nos familles, dans nos paroisses, dans notre travail pour le règne du Christ et non de nuire davantage à l’Eglise notre mère quelles que soient ses fautes. Défendons là à notre niveau pour ce qu’elle a de bon, le reste est l’affaire du Bon Dieu. Ce n’est pas le rôle des fidèles d’élire le pape et c’est contraire à l’ordre naturel.
    La qualité de l’arbre se reconnait à ses fruits et c’est une rude tâche qu’il faut déjà accomplir avant de vouloir changer le monde sans en avoir les moyens. Commençons par prier pour les vocations et par soutenir nos prêtres fidèles à la doctrine catholique qui donneront des évêques que nous attendons.

  4. @A.F. et QUILICHINI (à copier 100 fois et à apprendre par cœur !)
    C’est par le Sacre du Verbe que Lucifer a été vaincu,
    c’est par celui des Rois et des Évêques représentants spirituels et temporels de la Royauté du Christ qu’il continuera de l’être.
    Aussi «Satan qui veut anéantir le bonheur de l’homme et qui tend par tous les moyens dont il dispose à détruire le règne de Dieu pour mettre le sien à sa place n’a pas trouvé de plus sûr moyen pour arriver à son but que de faire disparaître LE
    POUVOIR PONTIFICAL ET LE POUVOIR ROYAL : le pontife et le roi qui sont les DEUX COLONNES de l’édifice social sont l’objet des attaques particulières et constantes de l’enfer ; le pontife et le Roi qui sont les canaux des grâces spirituelles et temporelles dont le Seigneur veut combler les Peuples ; les témoins de Sa Providence à travers les âges ; les deux
    fils de l’huile sainte qui sont devant le Seigneur de la terre (Apoc. XI). Satan s’efforce de les supprimer (Zach. IV, 14)1».

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