Aller jusqu’au lieu profond de notre cœur pour y trouver Dieu et demeurer dans la paix. Tel est l’objectif de ce livre qui connut un immense succès et qui aujourd’hui n’a pas perdu une ride. Quelles que soient les épreuves qui nous affectent, il y a un chemin pour avancer vers la lumière.
La recette proposée par le Père Ambroise de Lombez, appelé « le saint François de Sales du XVIIIème », est constituée d’ingrédients très nourrissants comme le souligne Mgr Nicolas Brouwet dans la préface : « Comment retrouver la paix de l’âme ? Comment laisser le Seigneur faire en nous son œuvre de paix ? La paix nécessaire au discernement, à la compréhension des mouvements qui nous agitent, à la clarification nécessaire au moment des décisions, à la définition de nos priorités, à la sérénité des relations, à la recherche de l’amour de Dieu dans les gestes les plus quotidiens ? Voilà ce qu’enseigne le Père Ambroise de Lombez dans ce Traité. »
Avec cet ouvrage, le lecteur se trouve en possession d’un trésor pour la route. Le Père de Lombez, remarquable accompagnateur d’âmes et ermite mort en odeur de sainteté, en nous arrimant aux fondamentaux de la vie spirituelle, offre à ceux qui en ont soif une formidable occasion de vivre dans la véritable paix intérieure. Les extraits qui suivent pourront donner envie de lire cet ouvrage si profond et magnifique.
La paix et la tentation
« Quels secours cette paix ne nous fournit-elle pas contre les tentations ! Dans cet état de recueillement, d’attention sur notre intérieur, de possession de nous-mêmes, rien ne se passe en nous que nous n’apercevions d’abord. Nous voyons la tentation dès sa naissance, lorsqu’elle est encore sans force, et qu’il est facile d’en arrêter les progrès. Notre force et notre salut sont dans le repos et dans le silence. »
La voie de la foi est celle de la paix
« Entrez courageusement dans la voie de la foi à mesure que Dieu vous y attire, et marchez-y à grands pas, sans jamais souhaiter d’en sortir. Que son obscurité soit votre lumière, et que sa fermeté soit votre appui. Ces épaisses ténèbres vous feront horreur dans les commencements ; vous serez dans des inquiétudes continuelles ; vous souhaiterez de voir et de toucher, comme saint Thomas ; mais si vous êtes fidèle à calmer vos inquiétudes ; si, loin de demander des lumières, vous êtes content de voir toujours moins ; si vous fermez les yeux aux fausses lueurs de l’imagination, que vous seriez tenté de préférer aux plus utiles ténèbres ; si vous avancez toujours dans cette obscure carrière, où rien ne réjouit votre vue, et où rien ne console votre coeur, que l’accomplissement de la volonté de Dieu et l’espérance en ses miséricordes ; une paix intime et solide sera le fruit de votre travail et de votre patience. »
Se sentir bien en priant ?
« Il faut se comporter à l’égard de la dévotion et de la ferveur sensible, comme à l’égard de la paix ; la désirer sans empressement, la demander sans inquiétude, la posséder sans attachement, la perdre sans alarme, ne pas la regarder avec indifférence, puisque c’est un frein pour nos passions, un délassement pour notre faiblesse, un assaisonnement pour la nourriture de notre âme ; ne point perdre courage quand elle est ôtée, puisque la grâce du Seigneur est notre invisible appui, et l’accomplissement de sa volonté notre aliment, et puisque Dieu veut tenir lieu de tout à ceux qui ne tiennent qu’à lui. Il faut conserver précieusement la ferveur intime et solide des résolutions, mais ne pas s’occuper beaucoup de la ferveur variable des sentiments ; la cultiver quand Dieu la donne sans y trop réfléchir ; s’en passer quand il l’ôte, sans trop la regretter ; ne pas la perdre par sa faute, puisque c’est un vrai bien ; ne pas s’affliger jusqu’au trouble quand elle vient à manquer, de quelque manière que cela arrive, puisque ce serait un grand mal. Souhaitons le lait de la dévotion comme de jeunes enfants qui sentent combien il leur est utile ; mais souhaitons-le aussi comme des enfants déjà raisonnables qui savent s’en passer 2. Si cet aliment nous fait croître pour notre sanctification 1, l’attachement que nous y aurions ne retarderait pas peu ce grand ouvrage. »
Gardons courage !
« Vous perdez courage à la vue de vos rechutes malgré vos résolutions ; et moi j’espère beaucoup de vos résolutions, si vous les soutenez malgré vos rechutes ; et j’ose dire que le démon espère bien moins de celles-ci qu’il ne craint de celles-là, et que, s’il s’attache si fort à vous faire souvent retomber dans les mêmes fautes, c’est moins pour vous rendre criminel que pour vous rendre timide. C’est surtout à votre courage qu’il en veut. Il sera déconcerté si vous ne vous laissez point abattre, comme un ennemi fier, robuste et plusieurs fois vainqueur, est enfin intimidé de voir celui qu’il a souvent terrassé, se relever toujours, avec un nouveau courage, et revenir sur lui avec plus de feu. Ainsi, quand vous tomberiez plusieurs fois par jour dans les mêmes fautes, relevez-vous autant de fois avec le même courage, et ne craignez rien tant que de ne pas espérer assez. Eh ! pourquoi n’espéreriez-vous pas, puisque Dieu vous appelle encore ? Le désir que vous sentez d’aller à lui, dont lui seul peut être l’auteur, et qui serait encore plus vif si vous étiez moins timide, vous est garant de la volonté sincère où il est de vous sanctifier, malgré vos fautes et vos imperfections. »
Le livre s’achève sur une prière pour demander à Dieu la paix intérieure. En voici le début :
« Dieu tout-puissant, que rien ne peut empêcher de donner le calme à mon coeur ; Dieu tout bon, qui, avec fidélité à vos lois, ne nous demandez que le repos de nos âmes ; Dieu tout aimable, dont le règne en nous n’est qu’amour et que paix, formez vous-même dans mon âme ce silence que vous attendez pour vous communiquer à elle. »