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France : Politique en France

Conférence de presse et discours à Davos : désordres et dangers de la pensée macronienne

Conférence de presse et discours à Davos : désordres et dangers de la pensée macronienne

Le 16 janvier 2024, M.Macron a donné une conférence de presse (référencée CP). Décor léché, avec estrade placée très haut (cette estrade qui fut chassée des salles de classe) et siège confortable ayant permis à M.Macron de déployer tout son savoir-faire de mimiques et modulations théâtrales. Il a commencé par un speech introductif puis a répondu à des questions de journalistes, le total pour une durée de 2h20. Le lendemain 17 janvier 2024, M.Macron a délivré un message (référencé DD –discours Davos) aux participants du Forum économique de Davos pendant une vingtaine de minutes (l’échange qui a suivi de questions/réponses en anglais avec superposition de la traduction est quasi-inaudible). Message truffé d’anglicismes : 5 fois le mot cleantech qui sonne tellement mieux que éco-innovations ou technologies vertes ; 16 fois le mot agenda –non pas au sens français de petit carnet prédaté ou d’emploi du temps, mais au sens anglais de programme (« un agenda de soutenabilité », « nous portons un agenda paix et sécurité pour tous »….), d’ordre du jour ; et dans lequel, si les mots France/français sont cités 20 fois, les mots Europe/européens sont cités près de cinquante fois. Le must étant bien sûr de « pousser un agenda européen ». On pourra noter d’ailleurs que sur le site internet élyséen qui rend compte de la présentation de M.Macron à Davos, il est indiqué qu’ensuite le Président est intervenu dans un autre événement appelé « Make it Iconic », organisé par Business France. C’est cool…

Les deux discours sont finalement assez proches : après 6 ans d’activité, M.Macron vient rendre des comptes sur ce qu’il appelle l’exécution de ses engagements. Et, de façon notoirement plus exubérante à Davos qu’à Paris, il admet qu’il a à peu près tout réussi. En particulier au niveau européen. Comme il le dit à Davos en rappelant son engagement à faire beaucoup en Europe pour qu’elle soit plus unie, plus souveraine, plus efficace : « Nous l’avons fait ». En plus, il souligne qu’il est venu pour « vous dire très clairement que non seulement ce qu’on a dit, on l’a fait, mais que ça marche » (DD, 4’10). Dans la conférence de presse, cela devient : « Ce qui fait qu’au moment où je vous parle, oui, nous sommes mieux armés qu’il y a six ans et demi. » Et en particulier, qu’est-ce qu’a ainsi démontré M.Macron ? Il a démontré qu’ « on peut avoir une stratégie de croissance, d’innovation, de création d’emploi, de plus grande souveraineté et de décarbonation, et ça tombe bien parce que, à [ses] yeux, il n’y a pas d’autre modèle pour les grands pays européens » (DD, 6’10). Résumons : « ambition, réforme, investissements et résultats sont donc là » (DD, 6’50). Tout ça dans une ambiance que nous qualifierons de brésilienne. On sait que la devise qui figure sur le drapeau du Brésil est Ordem e Progresso (Ordre et Progrès). Voilà ce que nous a servi M.Macron : dans la conférence de presse (discours préliminaire) : « et c’est vrai depuis le début de notre Troisième République, l’ordre va avec le progrès, ». Et pendant la conférence de presse (réponse à la question de BFM TV sur le RN. CP 1h29) : « Ce qui a fait notre pays, c’est l’ordre et le progrès ». Ou encore : « Je crois très profondément que le progrès va avec une forme d’ordre républicain » (CP, 1h44)

Dans ces presque trois heures de propos, nous n’avons rien eu sur la paix (à l’opposé de la guerre), rien sur l’insécurité quotidienne en France, rien ou quasi rien sur l’islam (hormis deux lignes convenues d’un propos liminaire sur l’islam radical), rien sur les déficits, rien sur la situation de l’agriculture et des agriculteurs ou si peu, juste le temps peut-être d’expliquer que finalement ils sont trop stupides pour se débrouiller sans aide (« l’accompagnement de nos agriculteurs pour les aider justement à améliorer leurs pratique»).

Nous avons par contre –et c’est tout naturel- eu droit à notre quota d’aphorismes comme M.Macron aime les égrener dans ses discours : « Grâce à la planification que nous avons mise en place qui va décarboner beaucoup de secteurs » (DD 6. Une petite planification et hop, on décarbone) ; « nos alliés [sic. Il s’agit sans doute des colonies] africains nous ont aidé pour le débarquement de Provence » (DD, 7’40. M.Macron aime toujours bien insister sur la part africaine de la France) ; « Au moment où les prix reviennent dans la norme, il est légitime qu’il y ait en effet des augmentations » (CP, 30’. A propos de la future augmentation du prix de l’électricité) ; « On va intensifier nos efforts pour pomper » (CP, 1h24, à propos des risques de submersion suite aux inondations dans le Pas-de-Calais) ; « C’est pour ça que moi j’assume de continuer à présider au réel avec un certain sens de l’idéal » (CP, 1h34, à propos du Rassemblement national) ; « C’est comme ça qu’on pourra créer une nation qui se connaît elle-même » (CP, 1h40. Id.) ; « Nous allons tout faire pour essayer de tenir le monde ensemble » (DD, 9’50).

Nous avons bien sûr eu quelques mensonges. A propos du SMIC et de son pouvoir d’achat : « Sur les cinq dernières années, le SMIC a augmenté de 20%. Les smicards ont gagné du pouvoir d’achat…  Un travailleur au SMIC à temps complet a gagné depuis 2017 9% de pouvoir d’achat » (CP, question LCI, 30’). La consultation des données de l’INSEE montre que le SMIC horaire brut est passé de 10,03€ du 1/01/2019 à 11,65 au 1/01/2024, soit 16% d’augmentation. Dans le même temps (toujours l’INSEE), le niveau de prix 100 en début 2019 est passé à 114 en fin 2023, soit une augmentation de 14%. Et l’on sait en plus que le modèle d’évolution de prix utilisé par l’INSEE est largement défavorable à ce qu’est le modèle de dépenses d’une personne au SMIC.

Autre mensonge, de belle facture, à propos de la gestion de la crise covid (CP, 49’. Question sur les déserts médicaux) : [il faut] « faire beaucoup plus travailler ensemble la ville et l’hôpital, comme on l’a fait en période covi». Nous rappelons au lecteur distrait que, justement, la gestion de la crise covid a été caractérisée par le refus de la puissance publique de laisser la médecine de ville travailler comme elle en avait les compétences et l’expérience, et avait concentré les appels directement sur les urgences et les hôpitaux contribuant ainsi à leur désorganisation.

Et au final ? Au final reste le sentiment d’un grand nombre de désordres de la pensée et au-delà de dangers.

Le premier aspect, consubstantiel à tous les discours macroniens, est le danger de dissolution de la France dans une Europe souveraine, c’est sans doute la vraie ligne de force de la pensée macronienne.

Le deuxième désordre de la pensée macronienne tient à des dualités toujours confusément entretenues : la dualité France/République, ou Nation/République (cf dans son propos en conférence de presse : « La famille et l’école, au fond, pour faire des républicains en même temps que pour transmettre des savoirs. »). Les commentateurs ont ainsi relevé l’usage par .Macron du slogan zemmourien « Pour que la France reste la France ». Mais, en même temps, il y a un appel à la Nation focalisé sur l’histoire contemporaine (Résistance et Lumières) : « Voilà pourquoi démocrates, écologistes et républicains se rassemblent autour d’un même projet pour agir au service des Français, et, au fond, avec une ligne simple pour que la France reste la France, pour que la France demeure cette Nation de bon sens, de résistance et des Lumières. » Un peu faiblard comme profondeur historique.

Dans le même ordre de constatation, toujours en réponse à la question sur le RN, M.Macron décrivant ce qui fait voter pour ce parti évoque une « forme de sentiment de dépossession », La Dépossession étant le titre de la dernière œuvre majeure de M. Renaud Camus. Nous prenons plaisir à citer un extrait de sa quatrième de couverture :

« Vertueuse synthèse des grands totalitarismes modernes, le remplacisme global, du producteur devenu consommateur de la Terre, fait gratuitement un produit. Pour garantir son interchangeabilité, il procède à sa liquéfaction avant liquidation. Il n’y faut que sa dépossession : de la race (c’est fait), du sexe (c’est en cours), de la conscience (l’école, la culture et la drogue y pourvoient), de son pays (le Grand Remplacement l’assure). »

La même incohérence caractérise le balancement de M.Macron entre intégration et assimilation. On sait que le Code civil parle d’assimilation. On sait aussi que M.Macron a toujours expliqué que le concept d’assimilation lui déplaisait et qu’il ne pensait qu’intégration. On se rappelle aussi que M. Abdallah Zekri (quand même secrétaire général du Conseil français du culte musulman en juin 2017 avait affirmé à la chaîne de télévision tunisienne Al Janoubia :

« L’intégration, c’est s’intégrer dans un domaine dans un pays dans lequel vous vivez afin que vous puissiez travailler. C’est une intégration sociale. Par conséquent, ça ne pose pas de problème… L’assimilation, c’est la négation de soi, de sa culture, sa civilisation,  ses origines, c’est-à-dire je deviens rien du tout. Je deviens dans le moule, je deviens français. ».

Le journaliste: « Abdallah, là on est dans, dans, dans, même un crime contre l’humanité. On amène quelqu’un à nier… ». Le journaliste est alors interrompu par M.Zekri :

« Voilà. C’est ça l’assimilation, c’est-à-dire vous êtes plus rien, votre passé vous devez l’effacer, vous devez pas être [NDLR : incompréhensible]. Je l’ai dit et je leur ai dit à des employés [NDLR : incompréhensible] : je ne suis pas assimilable. Je suis un poison musulman. Si on veut m’assimiler, celui qui veut m’assimiler, si il me mange, il meurt ».

Or, voilà ce que répond M.Macron à une question de France Télévisions concernant les changements à apporter à l’école pour un « réarmement civique » (CP, 36’). Il fait référence à la différence qu’il lui est déjà arrivé d’évoquer entre société et nation :

« Une société, ce sont des individus libres qui coopèrent, qui s’organisent et caetera. Mais on est plus que ça. On a un supplément d’âme, on a une langue, une histoire, des choses intemporelles qui nous lient et un mystérieux projet commun qui fait que face à l’adversité, on se rassemble pour affronter les événements. Au fond, une nation, ça a quelque chose de spirituel qui nous dépasse et ça s’apprend à travers cette histoire et ces choses symboliques. Il faut retrouver le sens du symbolique ».

On pourrait assez facilement associer nation et assimilation d’un côté, société et intégration de l’autre. Rappelons par exemple que M.Hafiz, grand recteur de la Grande mosquée de Paris, apparaît parfaitement bien intégré, quoique légèrement algérien. De même que le jeune imam M.Nadhir. Ou encore M.Hedji, imam de la mosquée de Nancy. Même M.Iquioussen était parfaitement bien intégré. On ne croira pas ici une seconde que M.Macron s’est converti à l’assimilation.

Et dans cette réflexion sur la nation encore (le mot patrie n’a lui pas été prononcé), le désarroi s’accroit encore quand on constate que, après avoir évoqué « La France sera plus forte dans ce monde de bouleversements si nous sommes d’abord plus unis si nous réapprenons à partager des valeurs, une culture commune », M.Macron décrit alors les premiers moyens en vue d’arriver à cette culture commune : « … le sens du respect dans les salles de classe, dans la rue, dans les transports comme dans les commerces » pour conclure par : … « sur la base de recommandations que feront les experts que j’ai réunis la semaine dernière, nous déterminerons le bon usage des écrans pour nos enfants ». Evidemment la dépressurisation est un peu brutale.

Troisième aspect, troisième désordre de la pensée macronienne : l’indifférence aux déficits et aux dettes. Les discours de M Macron sont pourtant truffés d’investissements mirobolants et toujours à augmenter Mais rien sur les déficits et les dettes : rien sur le déficit du budget (200 milliards d’euros de janvier à novembre 2023 ; rien sur le déficit de la balance commerciale (record de 164 milliards d’euros en 2022 ; sans doute encore plus de 100 milliards d’euros en 2023) ; rien sur la dette publique (de l’ordre de 3100 milliards d’euros). Or, ces dettes sont synonymes de limitations de souveraineté. Bien au contraire, M.Macron continue de plaider pour l’accroissement du mécanisme européen d’endettement : « On a besoin d’avoir une Europe de l’investissement beaucoup plus forte. Tout ce que je vous dis, c’est beaucoup d’argent [sic] ». Et il indique ensuite qu’il faut « peut-être oser des eurobonds sur des priorités » (DD, 16’20). Et c’est vrai qu’aucune question lors de la conférence de presse n’a porté sur ces questions essentielles.

Quatrième désordre de la pensée macronienne : deux erreurs volontaires de diagnostic. La première –et cela a été abondamment relevé- concerne les émeutes urbaines de 2023.

Interrogé par le Figaro (1h06) sur les émeutes, M.Macron fournit son diagnostic :

« J’essaie de qualifier les émeutes qu’on a eu [sic] l’an dernier. Elles ont eu une réponse implacable de l’Etat. La réponse a été implacable [re-sic]. On a voulu dire tout de suite, c’est un problème d’immigration…. Est-ce que c’est un problème d’immigration ? Est-ce que c’est la réalité de ce qu’on a vu sur le terrain ? Non. C’était des jeunes de nationalité française pour une quasi-totalité nés en France. Est-ce qu’il y a un problème d’intégration derrière ? Oui. Pas besoin des émeutes pour le savoir. Oui. Et qui va des deux côtés. Parce qu’on a encore trop d’assignation à résidence et parce qu’on n’a pas été assez rigoureux sur certains points. Et ce qu’on mène en matière de rénovation urbaine, en matière d’éducation, en matière d’accès à la culture, de sport et en matière aussi justement d’opportunités économiques pour moi doit y contribuer. Les émeutes sont intervenues fin juin. C’était beaucoup de très jeunes qui étaient dans les rues. Et c’étaient des jeunes –c’est une erreur qu’on a commise- qui étaient souvent sans école depuis le mois d’avril. Réforme du brevet, réforme du baccalauréat, l’organisation commune, le système tel qu’il marche : plus de classes, l’oisiveté C’étaient des jeunes qui n’avait pas la chance d’avoir des familles qui les emmenaient à la mer, à la montagne, qui justement n’ont pas assez accès à la culture et au sport. Ils s’ennuyaient ».

Ajoutons pour faire bonne mesure que juste après, évoquant des solutions, M.Macron rappelle que la réponse réside dans « on doit réengager avec les familles. Ce qu’on a commencé avec les 1000 premiers jours », ces 1000 premiers jours étant le programme macronien qui court de la grossesse aux deux ans révolus de l’enfant « Parce que c’est une période clef pour le développement de l’enfant, sa santé et celle de l’adulte qu’il deviendra, le Gouvernement a décidé d’en faire une politique prioritaire ». Pas sûr que cela suffise pour les prochaines émeutes urbaines, surtout s’il y a application d’un droit à l’avortement qui serait constitutionnalisé…

Deuxième ordonnance bizarre : pour une relance de la natalité, M.Macron prône la lutte contre l’infertilité. Non pas que le sujet ne soit pas sérieux. On serait d’ailleurs preneur de quelque étude de santé publique à ce sujet et qui intégrerait l’étude des éventuels effets secondaires des vaccins contre le covid. Mais c’est tellement caractéristique d’une part du même attrait de M.Macron pour des projets technologiques et d’autre part de l’étroitesse de sa pensée.

Cinquième aspect : il en faut toujours plus, toujours plus accélérer. C’est en fait la frénésie perpétuelle.

« L’Europe doit avoir un agenda environnemental qui soit plus ambitieux » (DD, 17’10) ; « Nous avons beaucoup fait ces dernières années pour une Europe de la santé, une Europe de la défense, une Europe des technologies et des grands programmes, avec des vrais résultats. Et on pourra y revenir si vous le souhaitez. Nous devons encore aller plus loin sur ce sujet. » (propos liminaire de la conférence de presse).

Et M.Macron de pointer le « risque que l’agenda européen ne va pas suffisamment vite » (DD, 6’), ce qui rend l’année 2024 « décisive ». La tête nous tourne un peu effectivement.

Le sixième désordre est comme un condensé des précédents. Si tout a été bien défini, si tout a été bien exécuté, si les résultats sont là, alors, pourquoi la montée du Rassemblement national ? Pourquoi cette étrange appel à l’aide lancé à Davos (DD, 19’30) :

« Aidez-nous à donner de l’espoir aux classes moyennes Pourquoi toutes les démocraties en Europe vivent des crises ? Parce que les classes moyennes ne sont plus heureuses avec ce qu’on fait. C’est pas que le problème des dirigeants. C’est aussi et surtout le problème de tous les corps constitués et en particulier des entreprises. On doit changer aussi de modèle dans cette révolution complète où nous vivons. Et donc, il faut un agenda de bons emplois, de good jobs [sic] bien payés, c’est la clé de cette Europe sociale ».

Précisons que M.Macron avait aussi dit juste avant aux participants de Davos censés l’écouter et qui devaient bien se marrer : « Il faut que vous nous aidiez à créer plus de good jobs » !

Alors, nous l’avons dit, M.Macron trouve qu’il a déjà tout réussi (sauf peut-être l’oisiveté enfantine). Il le dit encore : « Moi, j’ai beaucoup fait pour qu’on soit plus fort, nous Français en Europe, depuis cinq ans et que notre Europe a beaucoup avancé ». Même en matière de démocratie directe (question France Info, CP 1h49), M.Macron est satisfait de lui-même : « on a beaucoup innové : un grand débat, des conventions citoyennes, une réforme du CESE ». Et le RN continue de progresser dans les intentions de vote ! C’est à n’y plus rien comprendre. D’autant plus que M.Macron ajoute dans son propos liminaire de conférence de presse :

« Au fond, nous devons avoir la force, l’énergie dans ce moment, d’envisager ce que nous n’envisagions plus, d’oser ce que nous n’osons même plus penser, mais retrouver de l’audace. Vous l’avez compris, il s’agit de faire preuve d’efficacité, de briser même certains tabous, de ne pas avoir peur de soulever certains mécontentements au service des Français. »

Même si ces Français votent RN ? Donc, ça va empirer ? Mais comment alors affirmer qu’on va lutter contre le RN jusqu’au dernier quart d’heure comme il l’a bien précisé ? Comment ne pas comprendre qu’il y a peut-être un rapport entre la politique définie et que l’on veut continuer d’accélérer et ces classes moyennes qui ne sont plus heureuses avec ce qui est fait ? Il y a là une aporie qui n’est pas près d’être résolue.

Enfin, le septième désordre tient au conflit en Ukraine. Il s’agit du danger de la guerre. Mais avant de parler de la guerre, parlons de l’armée française. M.Macron en dit : « Il faut une armée forte. C’est notre cas » (CP, 2h05). Et puis, pour démontrer cette capacité et en réponse à une question de TF1-LCI sur le « réarmement des armées » (CP, 2h17),  il fait référence à un déploiement en Roumanie après l’attaque russe en Ukraine et qui doit semble-t-il servir de démonstration sur le fait que « nous n’avons pas de faiblesse ». Quelques informations glanées par-ci, par-là nous apprennent qu’en juillet 2023 « le déploiement français en Roumanie n’a pas encore achevé sa montée en puissance : un millier de soldats y sont installés dans le cadre de sa mission de réassurance ». Est-ce vraiment démonstratif ?

A part cela, M.Macron ne dit rien sur l’efficacité des douze trains de sanctions prises à l’encontre de la Russie par l’Union Européenne, devenue une véritable entreprise ferroviaire. Il ne dit rien sur le sabotage de Nordstream 1 et 2. Au contraire, il fait remonter l’action hostile de la Russie à 2014 : « Vous avez des membres du conseil de sécurité qui ont décidé de ne plus respecter la Charte des Nations Unies. La Russie. Et ça c’est un fait nouveau dans les dix dernières années. Il a commencé en février 2014 » (CP, 2h03. Question BFM TV sur la principale menace pour la France aujourd’hui dans le monde ?). Mais sans évoquer la révolution ukrainienne de février 2014 qui a entraîné le renversement d’un gouvernement pro-russe au profit d’un gouvernement intérimaire et dont les USA se sont vantés d’avoir été les organisateurs ; et sans bien sûr évoquer les Accords de Minsk de 2015, dont M.Hollande et Mme Merkel étaient les garants et dont Mme Merkel a dit ensuite en décembre 2022 (confirmé par M.Hollande) : « Les accords de Minsk ont servi à donner du temps à l’Ukraine. Un temps qu’elle a utilisé pour se renforcer comme on peut le constater aujourd’hui… Et je doute fort qu’à l’époque l’Otan aurait été en capacité d’aider l’Ukraine comme elle le fait aujourd’hui », ce qui était contraire au contenu de ces accords.

M.Macron a une deuxième constante à propos de ce conflit en Ukraine : il ne parle jamais d’effort pour la paix. Il ne parle que de guerre et de battre la Russie. Et cela culmine de façon inquiétante à la fin de sa conférence de presse en réponse à une question de The Economist (2h08) à propos de la signature récente d’un accord bilatéral de sécurité entre le Royaume-Uni et l’Ukraine. Réponse de M.Macron : « Nous sommes en train de finaliser un accord de ce type d’ici quelques semaines, bilatéral ». Il y ajoute « nous allons procéder à des livraisons nouvelles d’armes et de bombes ». Et il finit : « Nous avons très clairement, nous Français et nous Européens, à prendre des décisions nouvelles dans les semaines qui viennent pour ne pas laisser la Russie gagner » (CP, 2h10) et nous ne nous sommes pas sentis rassurés.

Au final, Union européenne sublimée ; confusion volontairement entretenue entre France et République, intégration et assimilation ; croyance continue en l’argent magique ; émeutes urbaines expliquées par l’ennui de jeunes adolescents désoeuvrés ; appel anxiogène pour du « toujours plus toujours plus vite » ; incapacité à articuler une réflexion sur la politique et sur ses effets dévastateurs (sauf à jouer la défausse sur les corps constitués) ; appel continu à la guerre par un M.Macron agissant dans ce domaine en véritable autocrate : tout cela inquiète.

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9 commentaires

  1. Une explication par le docteur Gayet, les maladies psy à écouter jusqu’au bout : https://t.me/VeriteDiffusee/20297

  2. La prochaine fois, votons pour un être humain, vrai homme ou vraie femme, qui aime la France, son Histoire, sa culture, ses gens, ses frontières et se sentira obligé envers son peuple.

    Le responsable actuel affirme : « Ce qui fait qu’au moment où je vous parle, oui, nous sommes mieux armés qu’il y a six ans et demi. » Ayant entendu les rapports sur l’état de notre armée et de son armement, de notre économie, de notre dette, de notre peuple si peu écouté et pas consulté, il faut dire que cette affirmation est un peu osée.

    • Euh, comment être sûr que les élections soient justes quand en 2017 le résultat fut 66.06%, le résultat moyen des 1352 machines à voter très différent de la moyenne nationale ou quand schwab du w6rld ec6nomic f6rum veut les supprimer car on connait le résultat avant….

  3. Personne ne l’écoute et je pense qu’il ne sait même pas ce qu’il dit !!!!!!
    haut les coeurs

  4. J’avoue qu’il faut du courage pour analyser jusqu’au bout les élucubrations de cet olibrius ! A croire que l’auteur n’avait pas grand’chose d’utile à faire … Je m’admire moi-même d’avoir eu l’abnégation nécessaire pour lire toute cette foutaise !

  5. Et pourtant rien ne marche plus en France dès que cela touche à l’Etat. Sauf la créativité du ministère des finances pour toujours prélever davantage aux français ne serait-ce qu’en ne relevant pas tous le seuils d’imposition très impactés par l’inflation : abattements pour les successions, montant IFI Etc … Ce qui fait que la classe moyenne de plus en plus appauvrie est néanmoins de plus en plus concernée par des impositions qui n’étaient censées ne concerner que les plus riches. Et si encore ces impôts servaient à quelque chose ! C’est un puit sans fond que cet Etat en plein délabrement. Mais Macron s’en satisfait apparemment.

    • Un exemple pour illustrer ce que dit Colcombet comme quoi plus rien ne fonctionne correctement en France et que tout ce que touche l’État est vérolé. Un décès récent me permet de faire des travaux dans notre maison en Bretagne. Pour presque l’ensemble du bâtiment fin 18ème à rénover, le devis du lot thermique se monte à 15 000 € ce qui m’a paru très raisonnable. Informé que, même pour une résidence secondaire, le fournisseur d’énergie pouvait fournir une aide pour l’installation d’une pompe à chaleur, j’ai contacté ce fournisseur qui m’a confirmé son intervention. Résultat des courses pour le même équipement et la même installation, cela me couterait 30 000 € mais 15 000 € seraient pris en charge par le fournisseur d’énergie. Moralité, il y a quelque part dans le circuit des gens qui vont se mettre 15 000 € dans la poche sans aucune justification. Par ailleurs mon maître d’œuvre m’a dit que certaines des entreprises qu’il fait travailler ont envoyé leurs salariés auprès d’organismes de formation pour acquérir le label RGE nécessaire pour travailler sur des projets subventionnés et ces salariés sont rentrés en disant qu’ils en savaient plus que les formateurs. Donc bien évidemment je ne demande aucune aide et moi et mon maître d’œuvre gardons notre liberté. CQFD

  6. Des ” choses “, des répétitions, trop de mots et c’est peut-être voulu. Il prend des réseaux secondaires par temps de verglas, se perd dans les embranchements et dérape.
    Merci pour votre bel effort !
    Et notre prochaine épreuve, c’est pour quand ?
    Il va peut-être aller aux sports d’hiver, dans le souvenir de sa chère grand-mère. Espérons.

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