Plusieurs responsables européens ont évoqué ouvertement au Conseil européen de Bruxelles la possibilité de refaire voter les Français, dans l’espoir qu’ils disent cette fois-ci "oui" à la Constitution européenne. Paris ne veut officiellement pas entendre parler de cette possibilité.
Pour entrer en vigueur, la Constitution doit être ratifiée par la totalité des 25 Etats-membres. La victoire du non au référendum organisé en France le 29 mai, suivi de celui des Néerlandais le 1er juin, a donc placé l’UE dans une impasse juridique. Jeudi, les chefs d’Etat se sont mis d’accord pour décréter une "pause" dans le processus de ratification, qui devait à l’origine s’achever le 31 octobre 2006. Cela ne fait que reculer le problème.
Tous excluent de renégocier un autre texte. Dans ce contexte, sauf à enterrer la Constitution, un revirement des Français et des Néerlandais est indispensable : ce qu’a laissé entendre à mots à peine couverts M. Juncker. Il a évoqué la possibilité que "ceux qui n’ont pas ratifié" soient "en mesure de nous fournir une bonne réponse" après "la mi-2007". Or, cette date correspond justement à la tenue de l’élection présidentielle en France et de législatives aux Pays-Bas. De là à en déduire que les Européens comptent sur un changement de dirigeants dans ces deux pays pour reposer le problème de la Constitution…
Le Premier ministre suédois Göran Persson a affirmé que "si (les Français) ne sont pas prêts à revenir devant leur peuple avec un nouveau référendum sur la même Constitution, alors elle est morte, par définition, et il n’y a aucune raison que nous entamions un processus de ratification". Or, "sans cette Constitution, l’Union est en crise. La Constitution doit entrer en vigueur".