De Cyril Farret d’Astiès pour Le Salon beige :
L’art sacré est exsangue, comme le reste. Comme le reste cependant, il existe des bourgeons pleins de sève, quelques fleurs et des vieux chênes plantés profonds.
Augustin Frison-Roche qui expose aux Bernardins n’est pas un bourgeon ; sa main, son œil, sont déjà bien trop accomplis. Ce n’est pas non plus une fleur ; voilà plusieurs années qu’il enchante nos regards et, à contempler son œuvre, on sent bien qu’il n’est pas prêt de faner tant les thèmes et les inspirations qui l’animent sont aussi vastes et anciens que l’est notre civilisation. Ce n’est pas non plus un vieux chêne car, si ses racines sont incontestablement plantées profond, il est encore bien jeune et n’a probablement pas fini de croître pour nous émerveiller.
Augustin Frison-Roche utilise la matière, affronte les grandes planches de bois et les grandes toiles, le granite ou le calcaire et use avec munificence l’or à la mixtion pour nous montrer le Ciel ; voilà qui aurait plu à Henri Charlier qui disait « le joli n’est qu’agrément des sens, la beauté va à l’esprit. L’art doit suggérer de l’esprit avec de la matière. »
Parlant bien de ce qu’il fait admirablement, la mélancolie de son regard profond n’est-elle pas reflet de ce que nous cherchons tous un peu vainement ici-bas mais que l’art sacré nous fait entrevoir ?
De son exposition aux Bernardins, disons notre profonde admiration en particulier pour sa majestueuse et très douce Assomption qui rejoindra bientôt la cathédrale éponyme de Cambrai. Ah ! comme on perçoit la dévotion filiale de l’artiste dans cette composition pure et céleste… Et comme on voudrait être mécène !
Dernier fait notable, Augustin Frison-Roche nous réconcilie avec les Bernardins, « un lieu de dialogue ouvert à tous », institution souvent cuistre et mondaine contre laquelle je peste suffisamment, ce n’est pas rien non plus…
Voilà donc une bien belle idée de visite pour tous ceux qui passeraient par Paris dans les prochains jours. Exposition – Epiphanies – du 9 janvier au 26 février 2025 – Collège des Bernardins – 10h/18h – Entrée Libre
Cyril Farret d’Astiès