De nombreux journaux se demandent lundi si l’Occident devait renoncer à la liberté de pensée et accepter que l’islam devienne un tabou après la polémique provoquée par les propos du pape Benoît XVI. Beaucoup soulignent, 6 mois après la controverse qui a suivi la publication de caricatures de Mahomet dans des journaux, le risque pour le monde occidental de céder au chantage des islamistes.
1. Les journaux qui crachent sur le Pape
A Londres, The Independent estime que le pape aurait peut-être mieux fait d’éviter le paragraphe jugé offensant.
Aux Pays-Bas, le journal NRC Next parle de "provocation" et, pour De Volkskrant (centre-gauche), "le pape ne doit s’en prendre en grande partie qu’à lui-même".
En Espagne, El Mundo (centre-droit) voit dans l’incident un revers pour la réconciliation des religions. "Jean Paul II avait mis du temps à apaiser les contradictions entre les principales religions. En ce qui concerne l’Islam, Joseph Ratzinger a gâché d’un seul discours tout le travail de son prédécesseur."
En France, Libération écrit que "ce pape de 78 ans, depuis sa nomination, multiplie les bévues. On va finir par penser qu’elles ne sont pas accidentelles mais révèlent le fond de sa pensée".
2. Les journaux qui critiquent l’attitude des musulmans
Le Guardian de Londres pense que le pape aurait dû faire plus attention au contexte politique, "mais il est aussi plus important que la majorité des musulmans évite d’être prise en otage par la minorité des extrémistes qui veulent transformer cet épisode regrettable en crise mondiale".
Le Figaro critique au contraire "tous ceux qui fabriquent n’importe quel prétexte pour manipuler leurs crédules fidèles".
En Autriche, le Kronen-Zeitung estime que le pape vit "la première crise grave de son pontificat". Le premier journal du pays juge "regrettable que les musulmans parviennent aujourd’hui à exercer une forme de censure sur la liberté d’expression en Occident". "Nous sommes devenus sujets au chantage et à la peur".
Au Danemark, le pays des caricatures de Mahomet, le tabloïd Ekstra Bladet estime qu’"il est temps que les musulmans à la sensibilité exagérée cessent leurs exigences fatigantes d’excuses pour tout ce qui ne leur convient pas".
En Belgique, La Dernière-Heure écrit que "se taire parce que les extrémistes pourraient utiliser vos déclarations est une forme de renoncement que l’on ne peut accepter".
Le quotidien néerlandophone De Standaard pense quant à lui que "le dialogue avec l’islam ressemble à une voie à sens unique". "Une partie du monde musulman ne connaît pas les notions de tolérance et de respect des autres religions".
En Asie, le Philippine Star estime que "le problème est que toute critique (de l’islam) est interprétée comme un complot contre l’islam".
Polemikon
“la minorité des extrémistes” (Guardian), quand on voit la liste des pays ayant réagi d’une façon virulente, est bien longue…