D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"C’est grâce au succès de la fameuse règle de saint Benoît que l’Europe a construit son unité et s’est civilisée, lentement et patiemment, au milieu de l’anarchie causée par les invasions barbares. Au point que Cluny et Cîteaux ont compté, à leur apogée, environ mille cinq cents monastères chacune dans toute l’Europe, défrichant la terre et insufflant le sens de Dieu par leur rayonnement, selon les deux principes de la règle bénédictine : « Ora et labora – Prie et travaille ».
Pour sortir de la crise traversée aujourd’hui par l’Europe et la France, le chef de l’État a repris à Toulon son antienne sur le travail et l’effort. Voilà pour le second terme de cette règle d’or bénédictine – labora. Pour le premier en revanche – ora –, nous en sommes loin, et pour cause : depuis 2005, l’Union européenne a refusé d’inscrire la reconnaissance de ses racines chrétiennes dans le projet de Constitution. Il y a là non seulement un déni historique, mais également une erreur stratégique pour l’avenir : en fermant les yeux sur ce qui a constitué l’un des « ressorts cachés », selon le mot d’un bénédictin, de notre civilisation, l’Europe en panne se prive d’une source d’inspiration pour demain.
Les monastères ont une fonction très précieuse affirmait ainsi récemment Benoît XVI dans un discours à la chartreuse italienne de Serra, précisant que nous en avons « tant besoin » à notre époque : de même qu’ils ont jadis purifié les marécages, ils servent aujourd’hui à « bonifier l’environnement » dans nos sociétés où manque « une dimension spirituelle », polluées qu’elles sont par une « mentalité dominée par les intérêts économiques » et par l’absence du souci du prochain et du bien commun."