Jeudi, au Sofitel Saint-Jacques, à Paris, réunis pour leur convent annuel, les frères du Grand Orient de France se sont déchirés autour de l’élection de leur prochain grand maître. La crise ne date pas d’hier. En 1995, le Grand Orient frôlait déjà une scission avec les bouleversements envisagés par le grand maître Patrick Kessel et qui ont entraînés son éviction. En avril 2005, Bernard Brandmeyer, est contraint de démissionner : «mauvaise gestion», «manque de charisme», «coupable absence sur les grands débats de société». Pour lui succéder, le conseil de l’ordre désigne Gérard Papalardo.
Candidat à sa propre succession, Gérard Papalardo pensait avoir franchi une étape décisive, jeudi, en faisant approuver son rapport moral par 52% des représentants des loges. Le soir même, les 35 membres du conseil de l’ordre ont tout remis en question : 17 voix pour, 17 voix contre, 1 abstention. Alain Bauer, qui vient de démissionner du GO, était amer : «j’ai été privé de la parole, ce qui est tout de même une rareté au Grand Orient. J’en ai conclu que ma vision pessimiste était sous-estimée par rapport à la réalité : ce convent est le plus pathétique de ces dix dernières années, il dépasse celui de 1995, si mou, si flatulent. Nous sommes revenus au temps des guérillas, des clans, des procédures et des contentieux. Mais où est le débat de fond ?»
Dans l’après-midi, une motion de défiance contre le conseil de l’ordre est venue amplifier le chaos. Votée par une majorité des représentants (52%), elle a été rejetée, la barre des deux tiers n’ayant pas été atteinte, et un nouveau conclave était réuni dans la soirée pour la désignation du grand maître. Jean-Michel Quillardet, qui se fait fort d’assainir l’obédience en ramenant la rue Cadet à la stricte observance des préceptes maçonniques, a été élu.