Le père Joseph Fessio s.j. n’est pas n’importe qui. Cet universitaire est entre autres l’éditeur américain de Benoît XVI. Le journal catholique progressiste britannique The Tablet le considère (un peu bizarrement) "comme peut-être l’homme le plus puissant dans l’Eglise en Amérique". C’est aussi un ancien disciple du Père Ratzinger, quand ce dernier enseignait à Regensburg.
Lors d’une interview à la radio jeudi dernier, le Père Fessio a été interrogé à propos de l’important article de Mark Steyn sur les perspectives de l’Occident, confronté à l’immigration islamique conjuguée au déclin démographique. Il a répondu en racontant un épisode de la rencontre rituelle de Benoît XVI, l’été dernier, avec ses anciens élèves : le "Schulerkreis" se réunit tous les ans, pour étudier un thème, et le Pape n’a pas voulu que son élection interrompe cet usage. Le thème en 2005 était l’Islam. Le Père Fessio raconte une intervention du Pape :
[A] tous les séminaires dont je me souviens avec Joseph Ratzinger, le Père Ratzinger, il avait toujours laissé ses étudiants parler. Il attendait la fin, et alors il intervenait. C’est la première fois que je me souviens l’avoir entendu faire une intervention immédiatement. Et je suis encore sous le choc, tellement elle était puissante. […]
[Lors d’une conférence par un universitaire,] la thèse qui était défendue était que l’Islam peut entrer dans la modernité si le Coran est réinterprété […]. Et immédiatement, le Saint Père, de sa si belle manière, calme mais claire, a dit qu’il y a avec cela un problème fondamental, parce que dans la tradition islamique Dieu avait donné Sa parole à Mahomet […]. Il n’y a pas de possibilité de l’adapter ou de l’interpréter […]. [L]a manière dont il a vu la distinction entre le Coran, qui est considéré comme quelque chose qui est tombé du Ciel et ne peut être adapté ou même appliqué, et la Bible, qui est la parole de Dieu transmise à travers une communauté humaine, était sidérante.
Certes,il ne s’agit pas d’une intervention publique du Pape. Mais elle porte sur l’un des sujets les plus urgents qui soient. Et, encore une fois, celui qui la rapporte n’est pas le premier venu.
Anonyme
Si je ne m’abuse, pour nous catholiques, la Bible est aussi la Parole de Dieu, que l’on ne peut modifier …
Mickaël
Le rapport à l’Ècriture est différent: pour nous, elle est écrite par des hommes sous l’inspiration du St Esprit; pour eux, les versets sont tombés du ciel tels qu’ils sont dans le Coran. Alors, ni eux ni nous n’avons le droit de modifier nos écritures, cependant nous pouvons l’interpréter, et l’interprétation peut évoluer au fil du temps. Pour les musulmans sunnites, l’interprétation (ijtihad), au contraire, est fermée depuis plusieurs siècles, ils n’y a plus de possibilité d’évolution. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les chiites continuent d’interpréter.
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et les soufis comptent pour du beurre ?