Communiqué de Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse :
Face aux lois qui se préparent, au-delà des passions et des groupes de pression, de très nombreuses personnes se disent « ébranlées » par les choix de vie qui nous seront présentés demain. Les riches consultations des États généraux de la bioéthique n’ont pas été vraiment pris en compte.
Beaucoup de voix commencent à s’élever contre ce que l’on nous prépare. Nous sommes inquiets pour le présent et pour l’avenir. Les relations humaines qui constituent notre identité
sont remises en cause au profit de volontés individuelles. On veut un enfant à tout prix, sans père ou sans mère, en livrant la filiation à des manipulations biologiques et juridiques.
Qu’en est-il des relations de personnes, des rencontres et des engagements ? Nous sommes conscients de situations difficiles sur lesquelles il faut se pencher, mais les médecins en viennent à être réduits à des fonctions de techniciens du désir ou de facilitateurs pour des projets individuels, à long terme dangereux et hautement problématiques.
Lors de notre réunion des Archevêques métropolitains à Paris le 10 septembre dernier, nous avons clairement dit notre opposition au projet de loi tel qu’il va être discuté au parlement.
Nous disons oui aux nobles principes de la bioéthique à la française, en cela qu’ils veulent honorer la dignité de toute personne humaine. Depuis des années, nous invitons à une réflexion apaisée, nourrie dans le dialogue avec des personnes compétentes.
Aujourd’hui, j’invite les Catholiques à prendre leur responsabilité pour exprimer leur sentiment, leurs craintes, leurs refus de toutes les façons possibles et respectueuses : rencontres personnelles, formations, manifestations. J’invite les pasteurs de nos paroisses à informer les fidèles, pour les aider à éclairer leur conscience et à décider les actions qui peuvent être menées. L’écologie de la planète est gravement menacée ; l’écologie humaine intégrale est encore plus attaquée jusqu’en ses fondements.
Communiqué de Monseigneur Scherrer, évêque de Laval :
Les lois de bioéthique discutées en ce moment par le gouvernement ne peuvent nouslaisser indifférents. Leur impact est déterminant pour la vie de nos familles et l’avenirde notre société plus largement.
Il en va en particulier du projet de loi concernant l’élargissement de la Procréation Médicalement Assistée aux femmes seules et aux couples de femmes. Valider cette option reviendrait à décréter a priori l’existence d’enfants sans pères. Cette absenceplanifiée de père condamnerait les enfants à une double peine : les priver d’une partie de leur origine biologique et les priver de toute relation paternelle constitutive de leur identité.
Face à de tels enjeux, l’Église souhaite apporter sa contribution. Les catholiques de la Mayenne sont appelés eux-mêmes à se manifester selon les modalités qu’ils choisiront. Libres à eux, par exemple, de rejoindre le rassemblement du 6 octobre prochain à Paris ou bien de promouvoir localement des rencontres visant à sensibiliser nos concitoyens aussi pédagogiquement que possible sur ces graves questions, en évitant tout propos discriminant. Tous sont invités en tout cas à porter cette intention dans leur prière et celle de leur communauté paroissiale.
Communiqué de Mgr Habert, évêque de Séez :
Le projet de loi de bioéthique a commencé à être discuté le 24 septembre dernier à l’Assemblée Nationale. Non seulement cet évènement ne doit pas nous laisser indifférents, mais bien plus, il nous concerne tous. Il concerne surtout les générations à venir.
En amont de cette échéance, les évêques de France ont organisé le 16 septembre un colloque aux Bernardins. Les interventions de trois évêques, mais aussi de fidèles laïcs, dont un couple, ont ainsi contribué à continuer d’éclairer les consciences. Un des traits importants de ces prises de parole fut le grand respect manifesté envers tous et la prise en considération des souffrances engendrées par les problématiques en cause. Ne les oublions jamais.
Cette parole manifestait en même temps la claire opposition de l’Eglise à ce projet. Il ne comporte pas seulement des dispositions sur la P.M.A. mais il aborde également d’autres questions fondamentales: la remise en cause de la filiation, la manipulation de l’embryon ou la marchandisation du corps humain.
La position des évêques est résumée dans un petit opuscule : « Quel monde voulons-nous ? Discerner des enjeux d’humanité »i que je vous invite à lire. Cette réflexion nous rappelle la beauté de l’être humain qui nous est donné comme un bien précieux à sauvegarder, à protéger et à ne pas laisser à la merci des seules possibilités techniques.
Ce sont maintenant nos élus, les parlementaires, qui vont avoir à travailler et ultimement à voter cette loi. Nous nous souvenons qu’un des dimanches du mois de septembre l’apôtre Paul nous invitait à prier pour : « les chefs d’état et tous ceux qui exercent une autorité ». Cette prière s’impose dans les temps que nous vivons et je vous invite à la porter avec persévérance. Dans ces circonstances, ne sous-estimons pas la force de la prière et aussi du jeûne.
Chaque chrétien doit s’engager et les moyens pour le faire sont multiples : formation, prière, jeûne. Certains chrétiens estiment que dans le cadre de ce débat démocratique le moyen de la manifestation est nécessaire. D’autres écriront à leur député ou à leur sénateur qui ont la responsabilité de voter la loi. Manifester fait partie des droits reconnus à tout citoyen, il peut ici légitimement être revendiqué. La question n’est pas : « Vais-je manifester ou non ? ». La question est de savoir comment nous nous mobilisons pour que le monde que nous construisons soit un monde humain où la technique et l’argent ne règnent pas en maîtres absolus.
Chacun saura choisir le moyen qu’il juge le plus adapté pour ne pas être extérieur à ce débat crucial. Demandons la grâce de savoir être dans les évolutions complexes et douloureuses de notre temps, les témoins de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.