Extrait de l'éditorial de Marie-Joëlle Guillaume dans Famille chrétienne :
"L’affaire Strauss-Kahn, survenant à la veille de l’examen en séance plénière, par l’Assemblée nationale, du projet de loi de bioéthique, est une illustration du dévoiement vertigineux de la hiérarchie des valeurs de notre civilisation. Quelle que soit l’issue de l’enquête, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), symbole de la puissance de l’argent mise en principe au service du bien commun des peuples, apparaît à l’occasion de cette affaire comme une personnalité en proie à une frénésie du désir, un culte de la jouissance qui donnent froid dans le dos.
L’actualité conduit à faire le parallèle avec le récent vote en commission de la loi de bioéthique à l’Assemblée. Les transgressions majeures s’y sont accumulées, les plus graves étant la levée de l’interdiction de la recherche sur l’embryon, et le dépistage de la trisomie 21 rendu obligatoire pour toutes les femmes enceintes. Or ce tremblement de terre, dont les premières secousses s’étaient pourtant déjà fait sentir au Sénat, s’est produit dans la frivolité, voire l’indifférence, puisqu’il a tenu à deux voix et à quelques absences.
Nous voilà bien à la croisée des chemins. D’un côté, un libéralisme débridé, qui ne croit qu’à la volonté des forts et des puissants, prêts à tout écraser pour satisfaire leurs désirs insatiables. De l’autre, l’acceptation volontaire par les responsables politiques, au nom du bien commun, des injonctions de la raison. Cet exercice de la raison commence par la reconnaissance, en tout être humain, d’une transcendance, qui exige un respect sans conditions."