Suite à leur précédente lettre ouverte où ils invitaient à “une croisade de prière et de jeûne afin d’implorer Dieu pour que l’erreur et l’hérésie ne pervertissent pas la prochaine assemblée extraordinaire du synode des évêques sur l’Amazonie”, le Cardinal Raymond Burke et Mgr Athanasius Schneider ont été vivement critiqués et accusés de se positionner contre le Saint Père. Par cette seconde lettre ouverte, traduite par l’Homme nouveau, ils veulent rappeler leur attachement au Souverain Pontife et la signification de la fidélité au Pape. Extrait :
[…] Par notre intervention, nous exprimons, comme pasteurs du troupeau, notre amour profond pour les âmes, pour la personne du pape François lui-même et pour le don divin de l’office pétrinien. Si nous ne fassions pas cela, nous commettrions un grave péché d’omission et d’égoïsme. Si nous demeurions silencieux, nous aurions une vie plus tranquille et peut-être même recevrions-nous des honneurs et des reconnaissances. Cependant, si nous étions silencieux, nous violerions notre conscience. Dans ce contexte, nous pensons aux mots bien connus du futur saint cardinal John Henry Newman (qui sera canonisé le 13 octobre 2019) : « Je lèverai mon verre pour le Pape – si vous le permettez – , mais d’abord pour la conscience, et ensuite pour le Pape. » (Lettre adressée au duc de Norfolk à l’occasion de la récente protestation de Monsieur Gladstone) Nous pensons à ces mots mémorables et pertinents de Melchior Cano, l’un des évêques les plus érudits durant le Concile de Trente : « Pierre n’a pas besoin de notre adulation. Ceux qui défendent aveuglément et sans discernement chaque décision du Souverain Pontife sont ceux qui abîment le plus l’autorité du Saint Siège : ils détruisent ses fondations au lieu de les renforcer. »
Récemment, s’est créée une atmosphère mettant en avant une presque totale infaillibilité des déclarations du Pontife romain, à savoir de chaque mot du Pape, de chaque intervention et des documents simplement pastoraux du Saint Siège. Il n’existe plus, en pratique, l’observance de la règle traditionnelle de distinguer entre les différents niveaux des interventions du Pape et de ses dicastères avec leurs notes théologiques et avec l’obligation correspondante d’adhésion de la part des fidèles.
En dehors du fait que le dialogue et les débats théologiques furent encouragés et promus dans la vie de l’Eglise durant les dernières décennies après le Concile Vatican II, de nos jours, il semble qu’il n’y ait plus la possibilité d’un honnête débat théologique et intellectuel, et de l’expression des doutes concernant des affirmations et des pratiques qui obscurcissent et blessent l’intégrité du dépôt de la Foi et de la Tradition apostolique. Une telle situation conduit au mépris de la raison et donc, de la vérité.
Ceux qui critiquent nos manières d’exprimer notre souci emploient surtout seulement des arguments sentimentaux et des arguments de pouvoir. Ils ne semblent pas désireux de s’engager dans une sérieuse discussion théologique sur le sujet. Dans ce domaine, il semble que bien souvent la raison est ignorée et que le raisonnement est supprimé.
L’expression sincère et respectueuse du souci concernant des sujets de grande importance théologique et pastorale pour la vie de l’Eglise aujourd’hui, adressée également au Souverain Pontife, est aussitôt étouffée et présentée sous un jour négatif avec les reproches diffamatoires de « semer le doute », d’être « contre le Pape », ou même d’être « schismatique ». [Lire la suite]