Dans L’Homme Nouveau, l’abbé Alain Lorans, Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, Directeur de Dici et Nouvelles de Chrétienté, qualifie l’encyclique Quas Primas d’impertinente :
On peut se poser la question de la pertinence de Quas Primas sur le règne social du Christ, cent ans après sa publication. On peut même se demander si ce message n’est pas trop intransigeant pour être aujourd’hui simplement audible.
Mais il est plus judicieux d’affirmer franchement que l’encyclique de Pie XI est impertinente, car elle est aux antipodes de l’idéologie libérale dominante. Or, dans l’état présent de décomposition sociale et politique, cette impertinence est un remède salutaire, et non une énième demi-mesure fondée sur des demi-vérités hautement diluées.
Pie XI affirme que le laïcisme est une « apostasie des individus et des États » qui cause des « fruits très amers ». Il en dresse une liste :
« les germes de haine, les jalousies et les rivalités entre les peuples, les ambitions effrénées, les discordes civiles, un égoïsme aveugle et démesuré, la paix domestique bouleversée par l’oubli des devoirs et l’insouciance de la conscience, l’union et la stabilité des familles chancelantes».
Cette liste, qui pouvait paraître pessimiste il y a un siècle, est aujourd’hui sous nos yeux. Ces « fruits très amers » ne peuvent être contestés, ils sont malheureusement constatés. Les effets du laïcisme sont tous là, mal dissimulés sous les euphémismes de la langue de bois ou de buis : multiplication des familles « décomposées » et « recomposées », prolifération des « incivilités » causées par des « sauvageons », surgissement d’un « Archipel français » « dont les habitants vivent sous le même drapeau national, mais dans des îles différentes et distinctes »… Point n’est besoin d’être grand clerc pour reconnaître que la société actuelle ne « fait plus société ». La « dissociété » ou la « termitière » dont parlait Marcel De Corte est réalisée. Les philosophes et les sociologues l’admettent, les citoyens la subissent.
Dans Quas Primas, Pie XI explique que, par l’institution d’une fête solennelle du règne du Christ sur les sociétés humaines, il souhaite débarrasser l’esprit des catholiques des idées fausses du laïcisme. Car, sous la pression sociale ambiante, nous désapprenons progressivement à exprimer notre foi dans toutes les dimensions de la vie, en particulier dans le domaine politique et social. Nous « privatisons » de plus en plus la Révélation, et nous en arrivons à considérer que le Christ n’a pas vraiment un droit objectif et réel à régner sur les hommes et sur leurs institutions. […]
