Véronique Besse, député MPF, va intervenir dans quelques instants dans l'hémicycle. Elle va notamment déclarer :
"[P]ermettez-moi de le dire, l’appellation même de cette proposition de loi est parfaitement cynique. En réalité, le débat est doublement tronqué dès le départ : · Il l’est tout d’abord sur les termes. Certains parlent de « finir sa vie dans la dignité ». D’autres parlent de « suicide assisté ». D’autres encore « d’aide active à mourir ». D’autres enfin, comme c’est le cas dans l’avant dernier article de cette proposition de loi, « d’euthanasie ». […]
Deuxième point : le débat est tronqué sur la dignité humaine. Et c’est bien là le fond du sujet. En conjuguant les termes de dignité et d’euthanasie, c’est une conception bien basse de l’être humain qui est ici défendue. Notre dignité et l’usage de notre liberté nous imposent au contraire de prendre en charge les patients qui souffrent pour qu’ils n’en viennent pas à souhaiter mourir. C’est cela que nous dicte la dignité de l’être humain. C’est cela qui nous distingue de l'espèce animale. Mettre fin à la vie d’une personne souffrante a toujours été la limite éthique que les civilisations occidentales se sont interdites de franchir. C’est d’ailleurs toujours interdit en temps de guerre. Devons-nous aujourd’hui l’autoriser en temps de paix ? […]
En réalité, accepter de bafouer ainsi la dignité humaine serait un triple échec : – Ce serait d’abord un échec législatif La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie a été unanimement votée. […] Ce serait ensuite un échec médical La recherche médicale avance. Elle a besoin d’être soutenue et encouragée. Nous devons proposer aux malades non pas une solution pour mourir mais des remèdes pour guérir ! […] Ce serait enfin un échec social Accepter l’euthanasie, cela reviendrait à consacrer au rang de valeur suprême l’individualisme dont notre société souffre tant. Cela signifierait prendre acte que notre société est incapable de se mobiliser pour accompagner les malades jusqu’à leur mort naturelle. Ce serait surtout injuste pour toutes les associations et les milliers de bénévoles qui soutiennent au quotidien les malades et qui ont besoin que les pouvoirs publics les accompagnent. […]
L’acharnement thérapeutique n’est pas une solution. L’euthanasie non plus. En demandant à la représentation nationale de débattre sur cette proposition de loi, on ne fait qu’instrumentaliser des drames humains, qu’instrumentaliser les milliers de malades qui sont attachés à la vie. On se sert d’eux pour franchir de nouvelles portes parmi lesquelles un nouveau droit pour eux, celui de mourir à la demande. Ce n’est pas ce que les Français attendent des élus de la République. Ce n’est certainement pas une proposition responsable. Ni sur le fond, ni sur la forme."
NM
Je n’ai pas entendu son intervention mais cela est tout à fait juste. Sur la dignité, c’est tout à fait déprimant mais cette belle notion est devenue ambiguë dans le débat public.
Sur la loi léonetti, elle n’est sans doute pas parfaite mais elle avait fait l’unanimité. Ce que cherche à faire nombre de socialistes, c’est tout simplement de remettre en cause ce consensus pour faire avancer les idées de l’ADMD (Pdt Romero UMP dont le porte parole ce matin était H Martinez).