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Tribune libre

Décevant Michel Onfray

Décevant Michel Onfray

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Cher Monsieur Onfray,

Je me permets de vous adresser une lettre ouverte que vous ne lirez probablement jamais !

Car vous m’avez déçu !

Vous avez d’une façon générale un côté flamboyant dans vos écrits et vos interventions publiques, ce qui vous a valu en son temps, moins maintenant, l’honneur des gazettes. Non pas tant dans la forme, mais surtout dans le fond. Vous pourfendez les bien-pensants avec une plume et un verbe que d’aucuns vous envient. En l’état je ne juge pas de vos idées, vous défendez une certaine vision du monde et avez le mérite de la constance. Là où les politiciens ne sont que girouettes suivant le sens du vent populaire sous prétexte de démocratie, vous, vous ne déviez pas de votre vérité. Cette posture qui vous honore vous vaut aujourd’hui d’être voué aux gémonies par vos camarades d’hier ! Ces gens, qui se pensent de gauche, ont cru en vous, mais ils n’ont pas compris votre exigence intellectuelle appelant à la conversion. Ils attendaient un combattant, un nouveau Jules Ferry, et finalement ils vous ont vu avancer sur un chemin bien trop rigoureux pour eux… Cela ne vous rappelle-t-il rien ?

Vous m’avez déçu, car si je connais votre athéisme militant, je lui reconnaissais bien volontiers une certaine assise philosophique, et pas certains aspects un raisonnement qui appelait discussion. Sur le principe de la disputatio tel que pratiqué par la scolastique médiévale dans les universités, un temps probablement plus intellectuel que le nôtre. En effet, j’ai trouvé votre dernier ouvrage « Théorie de Jésus », bien pauvre ! Vous militez pour le camp de la cause mythiste contre toute évidence, grand bien vous fasse. Mais au moins, tâchez de le faire sur des bases solides et opposables. Là, vous extrapolez, vous faites preuve de mauvaise foi, et surtout vous usez de votre intelligence pour tordre des concepts afin d’amener le lecteur là où vous le souhaitez. Est-ce bien de votre niveau ?

Ma lettre n’a pas pour but de vous faire changer d’avis, d’une part je n’en ai cure, et d’autre part s’Il vous en juge digne, celui que vous cherchez vous fera signe quand Il le jugera opportun… Je n’irai donc pas argumenter point à point votre pensée, c’est inutile. Nonobstant cette position, je souhaite tout de même, afin de mettre en lumière une malhonnêteté intellectuelle en la matière, parler du début de votre premier chapitre, où vous comparez Jésus de Nazareth, au père Noël. Voilà donc comment vous ouvrez le feu, par un argumentaire digne d’un collégien ! Je suis déçu… Si Saint-Nicolas a bien existé, le père Noël rouge, blanc, et débonnaire, est une invention marketing d’un géant agroalimentaire dans les années 1950. Vous ne pouvez l’ignorer, tout comme vous ne pouvez nier l’existence de l’évêque Nicolas né au début du troisième siècle. Quoique visiblement, cela vous est possible. Bref, parler d’un personnage de fiction comme biais de comparaison avec le Jésus historique est pour le moins incongru, et relève du sophisme. Je suis déçu de cette introduction qui en fait résume assez bien l’ensemble de votre ouvrage. Car par la suite, vous nous emmenez sur le chemin du « codage », dit autrement, vous faites du récit de la vie du Christ une métaphore. Une gigantesque métaphore où rien n’est vrai, mais tout n’est que message… Et sur quoi fondez-vous ces assertions ? Sur votre ressenti, votre imagination. Dès lors une dichotomie se fait jour : la vie monastique vous attire, mais vous croyez en Jésus comme idée. Ainsi, comme vous l’écrivez, Lucrèce remplacera Jésus. A défaut d’épouser la théologie, la philosophie deviendra votre maîtresse. Mais, ces deux femmes ne sont-elles pas les deux faces d’une même pièce ?

Quand mes contemporains me demandent des preuves de l’existence de Dieu (donc de Jésus), bien que prétendant disposer d’un peu de savoir apologétique, je sais que cette question relève d’un appel à l’aide dans une quête spirituelle. Aussi, je me contente de demander alors à mon interlocuteur de me prouver qu’Il n’existe pas. Aussi, cher monsieur Onfray, j’attends, nous attendons, de votre part, de votre intelligence, des sources factuelles et opposables à la non-existence du personnage historique Jésus. En l’état, je suis déçu de votre argumentaire, il ne peut que convaincre les athées. En toute modestie, et en qualité de lecteur, je vous demande de bien vouloir remettre votre ouvrage sur la table !

Croyants et non-croyants, nous sommes tous en quête. En quête du Royaume pour les premiers, et de la vérité pour les seconds. Mais, nier l’existence d’un fait n’a jamais permis d’apporter une réponse à cette quête. Dieu vous a manifestement déçu, aussi, il vous semble plus simple de le comparer au père Noël, car on ne peut être déçu par ce qui n’existe pas. Ainsi rassuré, ce dossier pourra être soigneusement rangé dans le tiroir des mythes, en compagnie de Zeus, Râ et Enki. Jusqu’à ce que, dans un moment de doute, vous ne le ressortiez, afin d’écrire un nième livre sur la non-existence de Jésus. N’est-il pas étrange que vous vous intéressiez ainsi autant à un être qui selon vous n’a pas de réalité ? Qui doit être convaincu, vous, ou votre public ?

Croyez bien que ma charité toute chrétienne vous accompagne dans votre quête, je vous porte régulièrement dans mes prières.

Bien à vous.

Jacques Laurentie

Ouvrages parus:

Un autre son de cloche
Face aux miracles
Climat de peur

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5 commentaires

  1. La preuve est très simple : Dire que Jésus est un mythe implique que les Juifs dans leur Talmud ont vouer leur haine inextinguible à un FANTÔME , et ce , depuis 2000 ans . Ca serait vraiment les prendre pour des demeurés. Je ne suis pas sûr qu’Onffray l’assume !

  2. En fait, comme l’a bien dit un de ses interlocuteurs, Onfray ne comprend pas ce que veut dire une recherche scientifique. Selon Karl Popper, une théorie qui ne peut jamais être pris en défaut, par exemple le marxisme qui explique tout par la lutte des classes ou la psychanalyse freudienne avec entre autres le complexe d’Œdipe, n’est pas scientifique mais pseudo-scientifique. Une théorie scientifique doit pouvoir être prise en défaut, il doit y avoir la possibilité de prouver qu’une affirmation est fausse sinon c’est de la pseudo-science. C’est la même chose avec Onfray : selon lui sa théorie sur l’inexistence historique de Jésus est vraie car les témoignages chrétiens sont faux parce que chrétiens ,et les témoignages de grands auteurs de l’antiquité (Tacite, Flavius Josèphe entre autres) résultent systématiquement d’ajouts de faussaires chrétiens, de même les témoignages et l’hostilité à l’égard de Jésus exprimés dans le Talmud. Avec ce genre de raisonnement on peut prouver que César ou même Napoléon n’ont pas existé. C’est complètement ridicule mais ce qui est encore plus ridicule est l’écho que les médias donnent à ce genre de théorie.

  3. pour ma part cela me laisse de marbre et je plains m Onfray pour ce qu’il rate et son entêtement a refuser et rejeter le christ.

    cela ne vaut même pas une réponse…

  4. J’aurai répondu de même

  5. La lettre de Jacques Laurentie est une belle et juste réponse aux dénis de Monsieur Onfray.

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