Souvenez-vous. C’était en 2017. Le “nouveau monde” pointait son visage radieux. Enfin, la démocratie allait s’épanouir; enfin, on allait cesser de piétiner l’opposition. Ce n’était pas notre sémillant président qui allait reproduire la honteuse erreur de François Hollande qui avait “ignoré cette France-là” (oui, oui, c’est bien nous!), lors du fantastique mouvement social animé par la Manif pour tous. On sentait certes que le “cette France-là” n’était pas extrêmement flatteur pour les défenseurs de la famille naturelle. D’ailleurs, celui qui n’était à l’époque “que” le candidat chouchouté du système oligarchique ajoutait avec ce mépris condescendant que nous avons appris depuis à “apprécier” (n’est-ce pas amis gilets jaunes?) que nous avions ” de bonnes raisons de vivre dans le ressentiment et les passions tristes”. Sic!
Car, bien sûr, il est connu que défendre l’altérité homme-femme, la succession naturelle des générations, le mariage et la famille comme cellule de base de la société, ce sont des “passions tristes”. C’est sans doute pour ça que, comme chacun sait, on ne voit que grises mines et larmes abondantes sur les photos de mariage. Il est effectivement assez évident que l’amour conjugal, filial, maternel, paternel ou fraternel est l’archétype de la “passion triste”!!!
Cela dit, hormis le mépris et surtout la bêtise que révélaient ces propos, on pouvait raisonnablement espérer qu’il y aurait un débat plus respectueux des opinions diverses, notamment à propos de ces questions décisives que l’on a regroupé dans un immense fourre-tout appelé par antiphrase “loi bioéthique”.
On vit ce qu’il en fut avec les états généraux de la bioéthique. Qu’une majorité de participants manifeste ses inquiétudes sur la création délibérée d’orphelins par le législateur ou le tripatouillage d’embryons n’eut qu’une conséquence: accélérer la fuite en avant, au motif (évidemment) que seuls des “militants” avaient participé. C’est la fameuse “règle d’airain” qu’il prétendit imposer aux évêques, lors de son discours aux Bernardins: vous avez le droit d’être en désaccord, vous avez même – ô admirable mansuétude! – le droit de le dire publiquement, mais à la condition d’obéir inconditionnellement à la sacro-sainte loi de la république – y compris quand celle-ci s’oppose frontalement à la loi naturelle.
On vit peu après, lors de la fascinante affaire des gilets jaunes, que c’était avec la notion même de contradiction qui échappait totalement à “Jupiter”.
Mais, alors, là, nous sommes passés au stade supérieur.
Saviez-vous, amis lecteurs, que le débat bioéthique (pour la première fois depuis qu’il y a des discussions bioéthiques à l’Assemblée, à ma connaissance) était encadré par un “temps programmé”? Ce jargon parlementaire signifie que les groupes parlementaires se sont vus assigner au début de la discussion un temps donné et qu’il sera impossible de dépasser ce temps. En d’autres termes, sur des sujets aussi graves que la recherche sur l’embryon ou l’utilisation du diagnostic pré-implantatoire à des fins eugéniques, il restait ce matin à peine 3h42 de temps de parole au groupe LR. Autant dire que la plupart des amendements ne seront pas défendus avec des arguments rationnels.
Nous allons publier dans les heures qui viennent des vidéos montrant le n’importe quoi du “débat” parlementaire. Imaginez le débat sur les lois de Nuremberg, où les députés de l’opposition auraient tout juste le droit de dire: je suis contre cette conséquence, sans avoir le droit de dire pourquoi… Nous sommes entrés dans un monde de totalitarisme même plus “soft”!
“Mieux” encore, le groupe des non inscrits (où siègent des députés aussi “négligeables” que Marine Le Pen, Emmanuelle Ménard, Marie-France Lorho, Nicolas Dupont-Aignan, ou encore Agnès Thill!) disposaient encore d’un temps de parole de… 3 secondes. Pour 13 députés. De qui se moque-t-on?
Vous serez sûrement heureux, amis lecteurs, d’apprendre que le groupe communiste, avec 16 députés, disposait encore, quant à lui de 3h41. C’est cela un débat “apaisé” en démocratie macronienne !
Alors, puisqu’ils ne veulent pas du débat “apaisé”, rendez-vous dimanche pour la manifestation du collectif “Marchons enfants”. Et rendez-vous ensuite pour faire battre tous les prétendus “démocrates” qui interdisent toute parole aux défenseurs des enfants!
Guillaume de Thieulloy
Directeur du Salon beige