Lu dans Minute :
"[D]ans combien de duels avec le PS le FN figurera-t-il et dans combien de duels affrontera- t-il l’UMP ? Pour l’électeur frontiste, adversaire de l’« UMPS » (« Tout ça c’est du pareil au même »), la différence n’a que peu d’importance. C’est pourtant là que vont se jouer en grande partie I. la possibilité pour le FN de conquérir des départements; 2. la possibilité pour l’UMP de réaliser la passe de deux après sa victoire aux municipales de l’an dernier, car si le FN est le vainqueur du premier tour, l’UMP a bien l’intention d’être celui du second, en raflant un maximum de conseils départementaux pour en détenir l’écrasante majorité dans une proportion, espère-t-elle, jamais vue depuis 1992.
C’est là que la stratégie (pitoyable) de Valls prend tout son sens. Durant une semaine, le chef du gouvernement, épaulé par Najat Vallaud-Belkacem puis par Christiane Taubira, a multiplié les propos haineux contre le prétendu danger que le score du Front national pourrait faire courir à la France dans l’unique but… de mobiliser les électeurs socialistes! Dans le but d’obtenir de ceux-ci que, quoi qu’ils pensent du gouvernement, ils aillent tout de même voter le 22 mars pour le candidat socialiste, non pas pour que celui-ci sauve la République, mais pour qu’il se retrouve deuxième dans l’ordre d’arrivée des candidats, ne coifferait-il l’UMP que d’une seule voix. L’abstention attendue (plus de 50 %) couplée avec le seuil de qualification pour le second tour (12,5 % des inscrits) fait que, pour passer le cap du premier tour, un candidat devra recueillir plus de 25 % des suffrages. Parfois plus. Il y aura donc très peu de triangulaires. La plupart du temps s’affronteront au deuxième tour les deux candidats arrivés en tête au premier. Et c’est tout. Or les sondages nationaux donnent le FN à 30 %, l’UMP alliée à l’UDI à 29 % et le PS à 19 %! La question n’est plus de savoir de combien de seconds tours le PS sera éliminé, mais dans combien d’entre eux il pourra se qualifier! C’est pour cela que Valls a joué son va-tout en hurlant à la République en danger, dans le seul espoir que cela convainque des électeurs socialistes à se rendre aux urnes. Parce que si plus de la moitié des seconds tours opposaient l’UMP et le FN, cela ferait certes le jeu de l‘UMP, qui n’attend que ça, mais cela ferait franchement très mauvais effet pour le Parti socialiste. Valls sait que la vague sera bleue. Il veut juste éviter qu’elle ne soit tsunami…"