En Tunisie, l’avortement est dépénalisé depuis 1973, et gratuit dans les centres de planning familial. Sana, mère d’un enfant de sept mois et enceinte d’un deuxième s’est « rétractée au dernier moment ». Elle se dit
« tiraillée entre les appels du cœur et ceux de la raison, entre son instinct maternel et la sagesse qu’impose sa condition de vie, ses difficultés ».
Rihem, 22 ans, raconte :
« C’est la veille de mon rendez vous seulement que j’y ai pensé, j’ai pleuré dans mon lit, des sanglots étouffés pour ne pas réveiller ma mère. J’ai longuement parlé à mon enfant pour lui demander pardon, je savais qu’il n’était qu’un œuf mais j’étais tourmentée ».
Aroua, 28 ans, a avorté par aspiration et sous anesthésie générale :
« Pas de saignements, ni de contractions mais la douleur est aussi palpable, aussi pénible. En une demi-heure, tout était fini mais je garde un souvenir amer, ce n’est pas une partie de plaisir, encore moins un acte anodin. On le vit dans sa chair et dans son âme ».