Lu sur la page Facebook de Renaissance catholique :
Au nom de quelques fidèles actifs dans les communautés célébrant selon le Vetus Ordo, M. Philippe Darantière et Mme Marie-Amélie Brocard ont été reçus par Mgr Vincent Jordy, vice-président de la Conférence des évêques de France, Mgr Dominique Lebrun, membre du conseil permanent ainsi que par Mme Bernadette Mélois, directrice du Service national de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle, au siège de la CEF le mardi 21 février 2023. Ils ont pu exprimer leur souffrance et leur incompréhension devant les décisions du Saint-Père tout en reconnaissant l’attention portée par les évêques aux diverses situations. Les évêques et Mme Mélois ont essayé d’expliquer ce qui peut blesser la communion. M. Darantière et Mme Brocard ont souhaité que le dialogue se poursuive. Mgr Jordy a dit qu’il rendrait compte au Président de la CEF en soulignant que le dialogue et les décisions appartiennent en premier aux Evêques diocésains.
C’est par ce communiqué que les représentants de la Commission Permanente des Evêques de France ont clôturé une heure et demi d’échanges avec deux laïcs représentatifs des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
Préparée depuis le mois de juillet 2022, cette rencontre a été l’occasion pour les représentants de l’épiscopat d’écouter la souffrance exprimée par les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle depuis le Motu Proprio Traditionis Custodes. Ironie du sort, le jour même de cette réunion, on apprenait que le Pape avait retiré aux Evêques toute latitude pour gérer les requêtes des « Tradis ». Par un rescrit du 20 février 2023, François confie au Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements la faculté d’examiner toutes les demandes concernant les lieux de cultes, le droit de célébrer selon l’ancien rite pour les nouveaux prêtres et les autres mesures vexatoires compilées par ce dicastère sous la forme des « Responsa ad Dubia » publiées le 4 décembre 2021.
Le deux représentants des fidèles ont pu cependant exprimer à la fois leurs sentiments et leurs vœux. Ils ont décrit comme discriminantes les mesures du Motu Proprio, qui constituent une forme de punition collective appliquée aux fidèles attachés à la liturgie célébrée selon le Missel de 1962, punition infligée pour des motifs dont les fidèles contestent le bien fondé. La mesure d’exclusion des églises paroissiales imposée, d’une gravité sans précédent à l’égard de laïcs non fautifs, ainsi que les autres mesures d’apartheid qui l’accompagnent (délimitation des jours de célébration, limitation de l’accès aux autres sacrements, voire interdiction de la publication des horaires des messes tridentines dans les bulletins paroissiaux…), constituent en elles-mêmes une rupture de l’unité ecclésiale que le Motu Proprio prétend pourtant défendre.
Les abus financiers, sexuels, spirituels, qui conduisent beaucoup de nos contemporains à rejeter tout lien avec l’Eglise Catholique, s’ajoutent à une crise de la Foi qui se traduit dans les chiffres. Moins de 2% des baptisés vont à la messe tous les dimanches. Parmi ceux-là, un quart des pratiquants de moins de 40 ans a rejoint les communautés de rite traditionnel. Le pèlerinage de Chartres organisé à la Pentecôte par Notre-Dame de Chrétienté attire jusqu’à 15.000 personnes. Mais, d’un diocèse à l’autre, des centaines d’adolescents et d’adultes attendent le bon vouloir d’un évêque pour être confirmés selon le rite traditionnel. Il faut une autorisation pour se marier dans la forme extraordinaire, des diocèses refusent la célébration des obsèques selon l’ancien Ordo. Les Evêques considèrent que les quelque 300 écoles hors contrat qui scolarisent entre 30.000 et 40.000 petits baptisés ne peuvent pas se prévaloir du titre d’écoles catholiques tant qu’ils ne sont pas impliqués dans leur conception. Pendant que la collecte nationale des synthèses synodales françaises envoyée à Rome en juin 2022 prône la remise en cause du célibat des prêtres, l’accès des femmes aux ordres sacrés, la mise en place de « contre-pouvoirs » laïcs dans les diocèses ou l’accès aux sacrements des divorcés-remariés, les catéchismes organisés dans les communautés liées à l’ancien Ordo accueillent des milliers d’enfants, parmi lesquels ceux des familles « non tradies » sont de plus en plus nombreux.
Ce sont ces expressions multiformes de la vitalité d’un catholicisme traditionnel que les deux représentants laïcs ont défendu auprès des délégués de la conférence épiscopale. Ils ont résumé leurs attentes en cinq points :
- l’accès des fidèles à tous les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie) selon le rite liturgique par lequel ils veulent pouvoir se sanctifier ;
- le bénéfice pour les fidèles de la célébration du mariage et des obsèques selon le rite traditionnel dans tous les diocèses ;
- la garantie pour les fidèles de pouvoir disposer d’un enseignement du catéchisme catholique dans une forme respectueuse de leur attachement à la liturgie traditionnelle ;
- l’assurance pour les fidèles de pouvoir bénéficier de l’apostolat de prêtres dont le droit propre à célébrer selon l’ancien Ordo ne sera pas remis en cause, contrairement à plusieurs cas récents qui ont causé de profondes blessures ;
- l’accueil bienveillant par les autorités diocésaines des initiatives de fidèles laïcs de créer des écoles indépendantes, en leur octroyant sans discrimination l’accès à l’instruction religieuse inscrite dans leurs programmes, et la messe selon le rite traditionnel ou les confessions à l’école pour les élèves et le corps enseignant.
Un mémorandum a été remis à l’attention du Président de la Conférence des Evêques de France, Monseigneur de Moulin-Beaufort, proposant que cette rencontre puisse se renouveler pour approfondir une réflexion sur la manière de renforcer la communion ecclésiale entre les fidèles et leurs pasteurs diocésains.