Nous avons interrogé Pierre Mermet à propos du colloque du CEP des 5 et 6 octobre 2024 :
Qu’est-ce que le CEP ?
Fondé en 1997, le CEP (Centre d’Études de et de Prospective sur la science) se propose de développer une alternative à l’actuelle vision scientiste du monde qui, inspirée par un laïcisme étroit, impose d’étudier la Nature, les sociétés et leur histoire comme si Dieu n’existait pas. Il y a là un préjugé aussi anti-scientifique dans son fondement que stérilisant pour l’intelligence dont le rôle – le mot l’indique – est de tout relier. À l’inverse, le CEP développe une vision chrétienne du monde et défend tant l’historicité que la pertinence scientifique de la Bible.
Pour quoi ce thème :Des lumières à la lumière?
Le XVIIIe siècle s’était présenté comme le siècle cultivant la raison (avec la « philosophie »), les sciences théoriques et pratiques (avec l’Encyclopédie) et, par-là, le moment où s’ouvrait devant l’humanité enfin « éclairée » la voie d’un Progrès généralisé. Deux siècles plus tard, il devient possible de juger l’arbre à ses fruits et les promesses à leurs résultats.
Comment se déroulera le colloque ?
Ce colloque du CEP se propose de dégonfler le mythe d’un progrès automatique en examinant critiquement les faits de la science, de l’histoire et de la religion. Car derrière les décors rutilants de la modernité triomphante, se dissimule une impasse généralisée tant de la pensée, minée par le scientisme et la présomption, que de la vie en société : en abandonnant la vision chrétienne de l’homme et du monde, en prenant leurs idées pour des réalités, les héritiers des Lumières sont désormais face à des impasses dans tous les domaines où l’homme sans Dieu avait cru pourvoir s’élever par lui-même. Autant et peut-être plus que jamais résonne ce verset évangélique : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5).
Qui sont vos différents intervenants ?
Sur la science interviendront Christian Bizouard, astronome à l’Observatoire de Paris, et Bruno Bérard, consultant international en stratégie, philosophe et écrivain dirigeant une collection à L’Harmattan.
Sur l’histoire nous écouterons Ioulia Chanoux, doctorante travaillant notamment sur l’influence des financiers sur la Révolution dite française et ses suites, et Marion Sigaut qui, en tant qu’écrivain engagé et historienne, a publié en particulier Mourir à l’ombre des Lumières. Quant à la guerre moderne, portée désormais à l’échelle industrielle, Jacques Bonnet, Contrôleur général des Armées (ER) s’interrogera sur le concept de victoire.
Sur le plan religieux, interviendront Maxence Hecquard (connu par les rééditions de son livre Les fondements philosophiques de la démocratie moderne), Benoît Gandillot, auteur de La Bible, la lettre et le nombre, et Dominique Tassot qui fera le lien entre le rejet du surnaturel par le rationalisme – devenu archaïque dès lors que la finalité s’impose en biologie – et l’imposante présence de l’athéisme contemporain.