Plusieurs lecteurs m’ont interrogé sur le procès que m’ont intenté « La Croix » et sa rédactrice en chef, Isabelle de Gaulmyn. Je prends donc enfin le temps de vous en donner à tous quelques nouvelles.
L’audience avait lieu le 21 novembre au tribunal de grande instance de Paris. C’était d’ailleurs la première fois que je me rendais dans les nouveaux locaux aux Batignolles, certes plus pratiques, mais nettement moins beaux que les anciens – qui avaient surtout, à mon goût, le gros avantage d’être sous l’ombre tutélaire de la sainte Chapelle (on se pinçait certes un peu en constatant qu’à la place de saint Louis, la justice était rendue par Christiane Taubira, mais enfin nous étions chez saint Louis et son divin Suzerain !).
Pour être franc, après la plaidoirie de l’avocate adverse, je n’ai pas mieux compris ce que je faisais là. Ou plutôt j’ai peur d’avoir trop bien compris. Car ladite plaidoirie n’a nullement porté sur une injure que le Salon beige aurait proférée contre Mme de Gaulmyn, pour la simple raison que ce n’est pas trop notre style, a fortiori pour des frères chrétiens.
Et, puisque je parle de frères chrétiens, je me permets d’ajouter que notre débat aurait eu un sens à l’intérieur de l’Eglise, il n’en avait aucun devant les tribunaux laïcs, évidemment incapables de trancher la question de savoir si la défense du droit de l’innocent à la vie fait ou non partie des principes non négociables. Ce n’est donc pas sans tristesse que j’ai suivi cette audience qui violait si manifestement les injonctions de saint Paul aux Corinthiens (1 Co 6). Mais je dois avouer qu’à cette tristesse se mêlait un tantinet de combattivité. Et l’avocate de Mme de Gaulmyn a fort bien su la nourrir.
J’ai donc découvert en l’écoutant que la « preuve » de ma culpabilité, c’était que j’étais notoirement royaliste. A l’énoncé de cet étrange argument, j’ai vu l’un des juges assesseurs hausser les sourcils – je l’ai imaginé se disant : après tout, cette audience sera plus amusante que d’habitude ! Mais la suite a confirmé mes craintes : ce qui était en cause, ce n’était pas un acte répréhensible, mais une doctrine qui n’avait pas l’heur de plaire à cette dame. Car mon royalisme était naturellement le signe de mon indifférence pour les fameuses « valeurs de la République ». Soit dit en passant, ce n’est pas tant de l’indifférence que de l’ignorance. Je ne demande pas mieux que de respecter (ou de combattre) les fameuses valeurs, mais je n’arrive hélas pas à savoir ce qu’elles sont.
Là-dessus, la charmante personne a peut-être contribué à m’éclairer : j’ai bien l’impression, chers amis lecteurs, que l’avortement en fait partie. Il n’est pas certain que cette instructive découverte contribue à faire de moi un bien meilleur républicain. Car je persiste à trouver étranger que la mort de l’innocent soit une « valeur » à placer au pinacle de notre société.
En tout cas, l’avocate de Mme de Gaulmyn nous a doctement expliqué que le problème que soulevait le Salon beige avait été réglé en 1974, avec la loi Veil. Maître Triomphe, mon excellent avocat, qui a beaucoup plus d’endurance que moi aux dingueries, a lui-même sursauté. J’ignore si Mme de Gaulmyn est d’accord avec ce qu’a dit son avocate en son nom, mais, si j’ai bien compris le propos, il est désormais interdit de s’opposer à l’avortement, puisque la loi Veil a été votée. C’est très précisément l’objet de l’article qui me valait d’être sur le banc des accusés : je ne crois pas que la loi ait le pouvoir de transformer un crime en droit. Manifestement, Mme Veil elle-même ne le croyait pas. Mais cette avocate, si. Ce sont très exactement les principes totalitaires que je dénonçais dans l’éditorial de Mme de Gaulmyn sur le référendum irlandais.
Le verdict – que nous attendons pour le 6 février (sans doute un clin d’œil des amoureux des « valeurs républicaines » qui nous renvoie, au-delà de 1974, à 1934…) – n’en sera que plus intéressant : la question est donc de savoir s’il est encore possible de s’opposer à une loi inique et je me réjouis qu’elle ait été placée à ce niveau !
Fidèlement
Guillaume de Thieulloy,
directeur du Salon beige
PS : Je plaisante, bien sûr, mais vos prières seront bienvenues pour le 6 février !
PS2 : Pour les autres procès en cours, je dois être confronté au « mari » de Pierre Bergé, qui a repris la procédure, le 12 avril prochain (c’est-à-dire le vendredi de la Passion dans le calendrier traditionnel : au moins, sur les bancs du TGI, je serai bien placé pour songer à l’iniquité judiciaire la plus monstrueuse de toute l’histoire de l’humanité !). Quant au procès avec le Grand Orient, l’audience devait avoir lieu fin novembre, mais elle a été reportée au 22 mai 2020.
DUPORT
La Croix est le fer de lance de la lutte contre l’Église catholique depuis plus d’un siècle !
On peut avoir des œillères, se boucher les oreilles, vivre dans le déni, se tenir loin de toute information etc. Mais il y a des limites à tout !
Quel que soit votre âge à votre naissance c’était déjà le cas et cela se voyait déjà autant qu’aujourd’hui !
DUPORT
Lorsque Guillaume de Thieulloy parle “des frères chrétiens” en parlant de “La Croix” je me dis qu’il n’a vraiment rien compris à qui il s’affronte.
Ce torchon est un bastion maçonnique, sataniste probablement, catholique certainement pas.
BMN
Judas était aussi ”frère” de Jésus.
hugues
J’ai eu l’occasion de débattre de la dérive de la Croix au sujet de l’article de Mme de Gaulmyn sur l’avortement avec avec un prêtre et son père, le jour de la première communion d’un de nos neveu et petit-fils; la sanction évidente a été de se désabonner de cet organe de presse !
Telle a été notre conclusion !
philippe paternot
j’ignorais que même le salon beige passait devant la 17è chambre!
trois procès à l’évidence politique, à la soviétique!
la liberté de penser est donc réservée à une partie de la population!
souvenez vous en aux élections.