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Histoire du christianisme

Deux grands saints, deux prêtres que tout oppose ?

Deux grands saints, deux prêtres que tout oppose ?

A l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, l’abbé Cras (FSSP) écrit sur Claves :

Ce qui doit dominer dans la vie du prêtre : la gratitude

Au terme de son étude sur la spiritualité sacerdotale selon saint Paul, le P. Spicq parvenait à la conclusion que ce qui doit dominer dans la vie du prêtre, c’est la gratitude. Il écrivait : « la gratitude, c’est le fond même d’une âme sacerdotale et comme son climat ».

Cela s’accorde logiquement avec la raison d’être du prêtre, qui est l’offrande de la sainte messe. La messe est justement une eucharistie, une action de grâces. À fortiori pour le prêtre, qui est appelé par le Christ à participer intimement et activement à l’acte le plus important au monde. On ne peut pas se lasser d’admirer la messe, qui est « ce qu’il y a de plus beau de ce côté-ci du Paradis » (P. Faber). Et on ne se lasse pas de remercier le Seigneur pour la vocation sacerdotale, cet appel aussi mystérieux que merveilleux.

La gratitude, c’est aussi ce qui dominait dans le cœur de saint Pierre. Si on devait écrire un ouvrage sur la spiritualité sacerdotale selon saint Pierre, on pourrait tout à fait conclure de la même façon que le P. Spicq pour saint Paul, quoique pour des raisons différentes, en raison de leurs parcours presque opposés.

Paul, Pierre : deux parcours opposés

Saint Paul c’est le converti, celui que le Christ a fait brutalement tomber, non pas de cheval, car aucun texte ne le dit, mais du haut de ses certitudes et de son aveuglement. Comme la pécheresse qui aime d’autant plus qu’elle a été beaucoup pardonnée, Saint Paul a pour Jésus l’enthousiasme du converti, et il est indéniablement un beau modèle sacerdotal quand il déclare : « pour moi, vivre c’est le Christ ».

Mais pour saint Pierre, l’itinéraire spirituel, et sacerdotal, est différent. Saint Pierre n’est pas le disciple de la onzième heure, mais de la première heure. Il n’a pas commencé par tomber : il a d’abord suivi simplement Jésus, et c’est plus tard qu’il est tombé, par son triple reniement.

Relevé par le Christ, et pénétré d’une contrition bouleversante, il est devenu la grande figure de la première partie des Actes des apôtres, qui se consacrent ensuite à saint Paul.

Un autre contraste : le disciple que Jésus aimait

Mais plus encore que d’une comparaison avec saint Paul, la figure sacerdotale de saint Pierre s’éclaire dans l’Évangile selon saint Jean, par le contraste appuyé avec une autre figure, un personnage énigmatique, celui qu’on appelle seulement : « le disciple que Jésus aimait ». Cette figure étonnante apparaît au moment du lavement des pieds et de la Cène (Jn 13), puis elle accompagne Jésus de façon absolument parfaite, jusqu’au pied de la Croix. La Sainte Écriture ne le dit pas clairement, mais selon la Tradition, ce disciple idéal était l’apôtre saint Jean, qui est donc devenu le prêtre modèle, celui qui repose sur le cœur de Jésus et le suit jusqu’au pied de la Croix. Pourtant il reste anonyme dans l’Évangile, et c’est volontaire, car il est presqu’irréel. Quel disciple de Jésus peut s’identifier à lui ?

En fait, ce disciple impeccable, infaillible, indéfectible, est un modèle, mais il représente la figure idéalisée du prêtre, plutôt que sa figure réalisée. De façon plus concrète, c’est bien plutôt saint Pierre qui représente dans l’Évangile la figure réaliste, plutôt qu’idéaliste.
Avec saint Pierre, le sacerdoce présente un visage réaliste

Parce que tous les disciples de Jésus : tous les papes, tous les évêques, tous les prêtres, tous les séminaristes, sont de pauvres pécheurs. Ce sont des faibles, des traîtres, des renégats. Ils sont tous indignes du sacerdoce et inférieurs à leur sublime vocation.

Mais, s’ils croient en Dieu, s’ils aiment le Seigneur Jésus, alors ils sont les instruments bénis de la grâce. À chaque fois qu’ils absolvent, ils font plus que la création de l’univers. Et à chaque fois qu’ils consacrent, ils réalisent le salut du monde. C’est dans leur pauvre misère humaine que se déploie la puissance de Dieu, et tout étonnés ils peuvent s’exclamer : Fecit in me magna qui potens est[1].

Saint Pierre a vécu d’abord avec une foi tâtonnante, une espérance chancelante, une charité intermittente. Son ordination au cénacle n’a pas changé son caractère. Mais c’est quelqu’un qui est toujours revenu à Jésus, comme aimanté, parce qu’aimant. Malgré sa pauvreté, il n’a jamais renoncé. On sait que des vocations se perdent parfois simplement par le découragement. Vraiment il ne faut pas se décourager, car le ministère sacerdotal est sublime, et il mérite largement tous les efforts pour y parvenir.

Être prêtre à la suite de saint Pierre : rendre grâces avec humilité et générosité

Que la figure de saint Pierre nous encourage à persévérer comme lui, donc avec humilité et générosité. Finalement être prêtre, prêtre depuis trois jours, ou depuis cinquante ans, cela consiste à ne jamais cesser de s’en étonner, et cela invite à remercier le Seigneur, à se confier à Notre Dame, et à imiter saint Pierre, modèle réaliste de spiritualité, et patron idéal d’une fraternité sacerdotale.

Au Seigneur, le prêtre dira Deo gratias. Avec sa mère admirable, il dira Magnificat. Et avec le bon saint Pierre il dira encore au Seigneur : Tu es Christus Filius Dei vivi. Tu omnia nosti. Domine, tu scis quia amo te[2] !

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