Aujourd'hui doit être publiée l'instruction de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Dignitas personae. Le Cardinal Jean-Pierre Ricard, membre de cette congrégation, explique :
"En vingt ans, la recherche s’est poursuivie. De nouvelles technologies biomédicales se sont mises en place, en particulier pour ce qui touche la recherche sur les embryons humains, l’utilisation de cellules souches à des fins thérapeutiques, ainsi que le domaine de la médecine expérimentale. Il était donc nécessaire de reprendre à nouveaux frais la réflexion amorcée par Donum vitæ.
Il vise à promouvoir et à défendre la dignité de la personne qui doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. L’embryon humain est donc à respecter comme un être unique. Il ne saurait être réduit à un amas de cellules dont on pourrait disposer comme matériau de laboratoire. La reconnaissance de sa dignité comme personne ne dépend ni d’une étape de son évolution ni de la présence (ou pas) d’un projet parental le concernant. Cette instruction souligne le positif de la recherche scientifique. Elle l’encourage. Elle appelle aussi à étendre les fruits de cette recherche aux zones pauvres de notre monde, dont les besoins humanitaires sont criants. Mais elle met aussi en garde contre tout ce qui serait dans cette recherche refus d’ouverture à un questionnement éthique ou atteinte à la dignité de l’être humain. […]
Les deux principes fondamentaux mis en œuvre ici sont les mêmes que ceux qui présidaient à la réflexion dans Donum vitæ : le respect inconditionnel de l’être humain depuis sa conception, et l’importance de ne pas dissocier l’acte de procréation de l’acte qui exprime l’amour réciproque entre un homme et une femme dans le mariage. […] [U]n certain nombre de médecins, croyants ou pas, alertent aujourd’hui sur le risque d’eugénisme, c’est-à-dire sur les conséquences des décisions prises (après un diagnostic prénatal) de supprimer des fœtus atteints d’un handicap. Des parents peuvent dire par quels combats ils sont passés contre des médecins, contre leur environnement et même contre l’opinion publique pour garder leur enfant !
Cette instruction est une expression du magistère ordinaire de l’Église. Ses nombreuses références aux prises de position de Jean-Paul II et de Benoît XVI sur le sujet montrent qu’elle n’est pas un document isolé. […] Je ne vois pas comment des institutions médicales qui se veulent fidèles à la foi catholique pourraient ne pas se laisser questionner par ce texte. En France, nous allons entrer dans la révision des lois sur la bioéthique. Ce document rejoint tout à fait le travail de réflexion que nous avons commencé dans le cadre de la Conférence des évêques de France. Ces points de repère seront utiles. Il nous faudra, non pas les asséner autoritairement, mais faire partager, dans les débats qui auront lieu, tout le poids d’humanité dont ils sont porteurs."