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Tribune libre

Dilexi te : Rome au service du monde

Dilexi te : Rome au service du monde

Nous espérions une exhortation apostolique, on découvre un rapport de l’UNESCO. Sous couvert de justice et d’équité, Dilexi te troque le Credo contre les slogans du développement durable. Si Léon XIV voulait séduire les journalistes, c’est réussi. Pour les catholiques, c’est une autre histoire.

Qu’avons-nous lu, dans ce premier texte magistériel de Léon XIV, sinon un manifeste social plus proche d’un discours de l’ONU que d’une parole pontificale ? On y parle sans relâche de « justice sociale », d’« équité », de « structures d’injustice » et de « politiques de transformation ». Mais où donc est passée la conversion des âmes ? Où est le salut éternel ? Le pape semble désormais plus préoccupé de la faim du corps que de la faim spirituelle.

On cite les Nations Unies, on encense les ONG, on parle d’« inclusion » et d’« intégration » des migrants, mais pas un mot sur la nécessité de la confession, de la messe, du retour à Dieu par la pénitence. À lire Dilexi te, on croirait que la pauvreté matérielle est le nouveau sacrement, que l’aumône suffit à remplacer la foi.

Ce texte illustre le glissement déjà amorcé sous François : celui d’une Église humanitaire, où le Christ est réduit à un symbole de compassion universelle. Le vocabulaire est celui des sociologues, pas des saints. Où sont les appels à la pureté, à la chasteté, à la lutte contre le péché ? Tout semble se dissoudre dans un discours horizontal, socialisant, quasi marxiste.

Léon XIV reprend l’expression « option préférentielle pour les pauvres », une invention théologique née dans les laboratoires de la théologie de la libération, que Rome autrefois condamnait ! Sous prétexte de charité, on légitime ici une politique de nivellement, un christianisme sans transcendance, vidé de toute exigence morale.

Le pape ose écrire que l’aumône est une « justice rétablie » et non un geste de paternalisme. Mais c’est là une confusion gravissime ! La charité n’est pas justice : elle est amour surnaturel, inspiré par Dieu. Transformer la charité en revendication sociale, c’est la profaner. Et quand il déclare que « les structures d’injustice doivent être détruites par la force du bien », il parle comme un militant politique, pas comme un successeur de Pierre. Le bien ne se décrète pas dans les parlements : il s’enseigne dans les catéchismes.

Une autre erreur capitale : opposer les pauvres et les riches comme s’il s’agissait de deux camps ennemis. Le Christ n’a jamais prêché la haine sociale, ni condamné la richesse en soi. Ce n’est pas l’argent qui damne, mais l’attachement au péché. Or ici, tout est renversé : la pauvreté devient signe d’élection, la richesse de culpabilité. C’est une lecture simpliste et populiste de l’Évangile, indigne de la profondeur spirituelle de l’Église.

Sous couvert de compassion, Léon XIV oublie que le Christ est venu sauver les âmes, pas réformer les structures économiques. Le drame de notre temps, ce n’est pas seulement la faim ou la migration : c’est l’oubli de Dieu. Mais le mot « péché » n’apparaît presque jamais ! Le diable n’existe plus, le salut devient terrestre, la miséricorde se mue en programme d’action sociale. C’est le triomphe du naturalisme, ce poison du modernisme que saint Pie X avait dénoncé avec tant de force.

À vouloir plaire au monde, cette exhortation renie la mission éternelle de l’Église : convertir les pécheurs et défendre la vérité. Léon XIV veut bâtir des ponts là où il faudrait ériger des remparts. Il veut comprendre le monde alors qu’il faudrait le rappeler à la Croix. Il flatte la sensibilité moderne, mais trahit la Tradition. Et s’il continue sur cette voie, l’Église ne sera bientôt plus qu’une ONG de plus, une fraternité universelle sans dogme ni sacré.

Nous ne reconnaissons pas dans Dilexi te la voix claire de Rome, mais l’écho brouillé du monde moderne. Nous prions pour le Saint-Père, mais nous prions aussi pour que l’Église retrouve sa verticalité, qu’elle cesse de se prosterner devant les idoles de l’humanisme, et qu’elle rappelle à tous que le seul véritable amour des pauvres est celui qui conduit les âmes à Dieu.

« Les pauvres, disait saint Augustin, ont besoin du Christ plus que du pain. »

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28 commentaires

  1. Léon XIV est un “baby Bergoglio”, ordonné comme son prédécesseur après Vatican II, et comme son prédécesseur imbibé du naturalisme progressiste, matérialiste et humaniste qui a imprégné le XXº siècle. Nous espérions un pape de la rupture, sa première exhortation indique que nous aurons un pape du consensus mou qui va essayer sans succès d’habiller les dérives et délires mondialistes de ce qu’il pense être les oripeaux de la tradition.
    Il est à craindre que nous n’ayons là qu’un Bayrou du christianisme.

  2. Au fond, Léon XIV est dans la lignée de François et des papes post-conciliaires. Quand aurons-nous un pape véritablement catholique et non un pape mondain ?…

  3. Je n’ai pas lu le texte de Léon XIV.

    ”On y parle sans relâche de « justice sociale », d’« équité », de « structures d’injustice »”

    Mince alors, un vicaire du Christ qui se soucie des pouilleux.

    Je veux bien croire que ça irite quelque peu le bourgeois (de droite) qui est en nous…

    https://www.meisterdrucke.fr/fine-art-prints/Unknown-artist/1030399/Le-roi-Louis-IX-%28Saint-Louis%29-lavant-les-pieds-des-pauvres-et-sc%C3%A8nes-de-charit%C3%A9-chr%C3%A9tienne-du-roi.-Miniature-tir%C3%A9e-d%27un-manuscrit-%C2%AB-Le-Livre-des-faits-de-Monseigneur-Saint-Louis-%C2%BB.html

    Si Dieu pouvait nous envoyer un 2ème Saint Louis pour brûler les plateaux de Cnews et s’occuper des pauvres (et bien d’autres choses encore bien sûr…).

    Vive le (Christ ?) Roy ! ⚜️

    Signé : ”un militant politique”, un pauvre pêcheur et un tocard de surcroît.

    PS : pour répondre à la question d’un lecteur, on aura peut-être un Pape ”véritablement” catholique (c’est à dire comme ”on” le voudrait) le jour où il aura un ”vrai pays catholique” pour être son bras séculier et pouvoir l’épauler… En attendant… Les catholiques, dont je fais parti, sont collectivement des tocards.

    Sursum Corda !

  4. Il est en fait aisé d’établir une typologie hiérarchisée des “pauvres” au sens évangélique. Ce serait une bonne idée de la rappeler aux clercs qui semblent perdre le Nord (la foi?).
    1 : les bébés in utero qui n’ont même pas de voix pour se plaindre, et à qui certains dénient même leur propre humanité ; 2 : les malades ou vieillards en souffrance, à qui on refuse des soins ou un simple soulagement afin de les contraindre à demander le « suicide » assisté – sans parler de ceux à qui on ne demande pas leur avis ; 3 : ceux qui sont écrasés par des conditions inhumaines, ou des circonstances accumulées, qui perdent pied et sombrent sans pouvoir se relever ; plus loin dans la liste, pas nécessairement au rang 4, on trouvera le « migrant » (néologisme destiné à masquer l’invasion type Attila), mais d’abord le chrétien qui fuit son pays par crainte pour sa vie et celle de sa famille; et loin, très loin derrière, celui qui cherche des conditions de vie meilleures – sans chercher à se remonter les manches pour redresser son propre pays…

  5. Je ne sais qui est l’auteur de cette attaque frontale : un théologien ? une personne capable et en droit de juger un Pape aussi durement ?
    Aucune citation, juste une critique négative. Sérieusement ???
    Il s’agit d’une exhortation et non pas d’une Encyclique !

  6. Que d’erreurs théologiques dans cet article ! D’abord l’option préférentielle pour les pauvres fait partie du Magistère depuis des décennies, ensuite, la charité comme justice rétablie remonte aux pères de l’Eglise, st Jean Chrysostome en particulier. Et l’auteur semble ne jamais avoir entendu parler de la Doctrine sociale de l’Eglise : non, nous n’attendons pas sans rien faire la venue du Royaume. Nous devons y travailler dès maintenant, quand bien même sa réalisation est eschatologique. Et je passe sur la foultitude de textes bibliques qui contredisent cet article

  7. Si vous voulez garder la Foi et la doctrine qui l’explicite, vous devez retrouver le saint sacrifice de la Messe, la pratique régulière des sacrements , et répandre le règne du Christ dans les nations, sociétés, familles, avec la pratique régulière du chapelet quotidien.
    Ne vous conformez pas au monde, mais ” allez enseigner toutes les NATIONS.”

  8. On comprend votre déception, Barthelemy. Mais votre critique est excessive. En voici un seul exemple : vous écrivez “Léon XIV oublie que le Christ est venu sauver les âmes, pas réformer les structures économiques.” D’abord le Christ n’est pas venu sauver que les âmes mais les personnes humaines intégralement (âme et corps) ; sinon à quoi bon la Résurrection de la chair ? Ensuite le Christ est venu sauver non seulement les individus mais les sociétés : la doctrine de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ n’est pas une option laissée à votre choix : elle est partie intégrante de la foi catholique. Enfin que serait cette doctrine si elle se contentait d’exhortations ? Elle doit évidemment pénétrer la réalité, et donc la modifier quand il le faut (selon les cas, condamner ou encourager). C’est ce qu’on appelle la “Doctrine sociale de l’Eglise” (DSE), partie intégrante de la morale catholique, au point qu’on reconnaît facilement les ennemis de la Sainte Eglise (ennemis extérieurs et intérieurs) à leur hargne contre la DSE.
    So please, Barthelemy, do not you throw the baby out with the bath water…

  9. Le chemin de croix de l’Eglise continue.

    Les fils de St Augustin sortent du même moule que les fils de St Ignace, de St Dominique de Guzman et de St François (la province allemande des franciscains a nommé à sa tête un sodomite de notoriété publique !). Le Père Louis-Marie de Blignières, FSVF, avait déclaré que les deux grands ordres intellectuels du catholicisme, les Jésuites et les Dominicains, avaient complètement sombré. C’est un fait incontestable.

    C’est à un véritable naufrage intellectuel et spirituel que nous assistons, un authentique suicide collectif organisé, voulu, planifié, comme en 1978 avec la secte du gourou américain Jim Jones, à Jonestown au Guyana. La réalisation des prophéties de Fatima s’approche à grands pas. Veillez et priez.

    Kyrie eléison, Christe eléison

  10. “À vouloir plaire au monde, cette exhortation renie la mission éternelle de l’Église” etc …
    Le rédacteur a raison ! Il faut revenir à l’enseignement du Christ et de ses apôtres : “Adultères que vous êtes! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu? Quiconque donc voudra être ami du monde, se constitue ennemi de DIEU” [Jacques IV, 4].
    “Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons” [1 Cor X, 21].
    L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” [Mat IV, 4].
    Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! [Mt XVIII, 7]. etc .
    “L’homme a été créé pour louer, honorer et servir Dieu et par ce moyen sauver son âme”. (St Ignace)
    Celui qui veut bâtir le bonheur sur terre en oubliant le royaume des cieux s’égare et nous trompe !

    • Visiblement Ca doit quand même parler de Dieu, du Christ, des saints, etc :

      ”Et la Pape de donner à voir de nombreux modèles ou manières, dans l’histoire, de dire et vivre la charité, des pères de l’Église (saint Jean Chrysostome) aux moines (saint Benoît de Nursie) en passant par des figures classiques de la charité (saint Jean de Dieu, sainte Louise de Marillac) et même des exemples plus inattendus, comme sœur Emmanuelle ou sainte Françoise-Xavière Cabrini. Au total, pas moins de cinquante figures spirituelles dont huit françaises. Personne ne s’étonnera de croiser saint François d’Assise, dont la “sainteté germait de la conviction que l’on ne peut vraiment recevoir le Christ qu’en se donnant généreusement aux frères”.”

      https://fr.aleteia.org/2025/10/09/dilexi-te-lexhortation-programmatique-de-leon-xiv/

      Je vais devoir lire un texte de Léon XIV pour m’en assurer, c’était une corvée de lire François… Merci le salon beige… 🤡

      • Le catéchisme traditionnel d’avant 1962 nous enseignait qu’il fallait “d’abord chercher le royaume de Dieu; et tout le reste nous serait donné par surcroît” [Matthieu 6, 33]. A quoi sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ? [Marc 8, 36].
        Il nous enseignait aussi que de distribuer tous ses biens aux pauvres ne servait à rien si l’on n’avait pas la charité [1 Corinthiens 13, 3]. Le pharisien le faisait par suffisance s’estimant juste aux yeux du monde. « Il avait déjà sa récompense » [Matthieu 6, 5-6].
        On nous enseignait aussi que la charité n’est pas « l’amour », mot ambiguë, souvent dévoyé, aux sens multiples. La charité est une vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu par-dessus tout, et notre prochain comme nous-mêmes, car toute créature est aimée de Dieu. Si nous disons aimer Dieu, nous devons lui prouver notre amour en aimant notre prochain créé par Dieu.
        « Ubi caritas et amor » : là où est la charité, là est le véritable amour. L’Eglise n’est pas une ONG.

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