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C’est dans un hémicycle surchauffé comme un amphithéâtre universitaire post soixante-huitard – l’innocence de la jeunesse en moins -que le maire de Pau a prononcé son discours de politique générale inaugurant officiellement ses fonctions chèrement acquises de Premier Ministre devant une représentation parlementaire affichant une fois de plus son indiscipline et son outrance quand elle devrait davantage faire preuve de respect et d’humilité face aux Français.
Ca y est. Il y est. Après le faux départ avorté en 2017 consécutivement à une sombre et pourtant désormais classique affaire d’assistants parlementaires travaillant pour son parti – le MODEM – mais rémunéré par Bruxelles, François le fourbe a su attendre patiemment que le calendrier judiciaire soit définitivement forclos pour conquérir de haute lutte cette place enviée par tous de chef du gouvernement.
Il s’en est fallu de peu. Relaxé, lui, le chef de parti quand ses ex copains trinquaient. Avec un jugement rendu en février 2024, avouez que l’alignement des planètes réserve parfois bien des surprises et l’on ne peut que féliciter la justice d’avoir rendu à temps ce verdict clément autorisant le Béarnais à cette accession tant désirée au pouvoir.
La tâche s’annonce pourtant compliquée dans une France plus que jamais divisée, affaiblie sur tous les fronts et que la plus petite étincelle pourrait enflammée : insécurité croissante et banalisée, trafics illégaux dont celui de la drogue n’est pas le moindre enrichissant une mafia violente présente sur l’ensemble du territoire, dérive aveugle des comptes publics pourtant « gérés » par des experts, des « mozarts », paupérisation et précarisation croissante d’une population devenue sourde aux incantations d’une classe politique dévoyée, destruction des piliers fondamentaux de toute société rayonnante à commencer par celui incarné par la famille, suivi de près par l’instruction et l’enseignement du savoir, délitement de notre protection sociale et notre appareil de santé, fierté française il y a peu, cadavre zombie aujourd’hui, enfin valeurs portées par la Vie sacrifiées sur l’autel des messes noires de l’avortement et de l’euthanasie.
La liste est longue mais pas exhaustive.
Alors, dans ce contexte lourd, inquiétant dont le caractère urgent ne fait aucun doute, nous pourrions nous attendre à ce qu’enfin, celui qui a attendu toute sa vie cette consécration politique, celui qui depuis maintenant sept ans murmure à l’oreille du baudet présidentiel, diffuse à l’ensemble de la Nation les solutions aux différents problèmes dans lesquels, à défaut de les avoir créés (quoique…), Jupiter lui-même est bien empêtré.
Las… La révolution, du moins celle des idées, de l’audace, du courage, de la fermeté attendra.
La feuille de route du gouvernement semble bien fine et sans ambition. Nous allons donc « contenir » et « réduire » la dette publique. Puisqu’il le faut bien. Nous allons remettre la réforme des retraites en chantier, elle était déjà oubliée des Français… Nous ramènerons et donc entérinerons une fois de plus un déficit public à hauteur de 5,4% du PIB (contre 6,1 % en 2024).
Surfant – en amateur seulement – sur la vague libertarienne impulsée par l’ingérant Sud Africain Musk, nous débroussaillerons la bureaucratie (comment ?). Entre temps, il aura quand même réussi à recycler E. Valls aux Outre-mer et Borne à l’Education dont nous avons pu mesurer à Mayotte l’étendue de sa capacité à dialoguer.
Et puis pêle-mêle, création d’un fonds d’investissement pour réformer l’Etat, économies budgétaires concernant l’Etat et les collectivités locales, réforme de l’audiovisuel public, création d’une banque de la démocratie, retour vraisemblable de la proportionnelle et du cumul des mandats (le calcul politique n’est pas très loin), remise en cause de Parcoursup…
Où est l’ambition ? Quelle est la vision ? Où est l’espoir ?
Je n’entends dans cette logorrhée prononcée calmement malgré le lamentable chahut d’élus insignifiants que des mesures techniques. Qu’une vision à un an. Et puis nous verrons après. Si Dieu veut…
Alors que des enjeux internationaux colossaux se bousculent à nos portes, mettant vraisemblablement en péril notre protection, notre défense, alors que le système France s’effondre, ce qui est grave, alors que nous sommes incapables d’en imaginer un nouveau, ce qui est encore plus grave, la Nation ne semble plus être dirigée, gouvernée, orientée vers une trajectoire à long terme ambitieuse, de nature à protéger son intérêt supérieur.
La platitude des mesures énoncées dans ce discours contribue certainement à calmer les esprits et les vélléités de procéder à une nouvelle censure du gouvernement par ses agités parlementaires. Et donc à donner des gages. Des garanties. Et satisfaire ces représentants de partis, ces boutiquiers qui ne représentent au fond qu’eux-mêmes. Au détriment de la France dont il n’ont que foutre.
Et donc, telle une rengaine bien connue depuis des décennies en France, rien ne bouge, rien ne change. « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » disait Gramsci.
Les monstres sont là, resteront là. Soyez en sur.
P.MAGNERON
Président IDNF