Après un article sur la canette de bière Bud à 20 milliards de dollars de perte, le journaliste Arnaud Leparmentier, correspondant du Monde à New York, continue sa réflexion sur les ravages de l’engagement woke. Pour ne pas avoir su ce que c’est que défendre la famille, Disney s’est perdu :
En voulant « amener les gens à mieux accepter les multiples différences, cultures et races » selon les mots de Bob Iger, patron de l’entreprise en 2017, puis en adoptant une position plus conservatrice, la firme américaine a fortement perdu en popularité.
Disney fait désormais partie des marques les plus détestées aux Etats-Unis : 77e sur 100, selon le classement 2023 réalisé par Axios-Harris. En 2019, l’entreprise caracolait en tête, au quatrième rang des marques les plus aimées. Mais elle subit, depuis, une descente aux enfers. Le géant des médias et des divertissements de Californie tombe, victime de la guerre culturelle qui déchire l’Amérique et dans laquelle il s’est laissé entraîner.
Disney est aujourd’hui haï par la droite pour ses politiques dites « woke » et méprisé par la gauche pour ne pas en faire assez. La firme est entrée en 2022 en guerre ouverte avec le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024, lorsqu’elle s’est opposée à la loi du Sunshine State bannissant l’enseignement de l’homosexualité à l’école surnommée « Don’t Say Gay » (« ne dites pas gay »). Se rendre dans un parc Disney aux Etats-Unis, c’est presque accomplir un acte militant de gauche. On n’y est plus salué d’un trop genré « Madame, Monsieur, les garçons et les filles », mais d’un inclusif « Bienvenue, rêveurs de tous les âges ».
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Disney, basé en Californie, temple du progressisme, a commencé à évoluer à partir du milieu des années 1990, en offrant une couverture santé aux couples homosexuels et en organisant officieusement des journées gay dans ses parcs en dépit des protestations de groupes religieux.
Tout s’accélère dans les années 2000 parce que la société américaine évolue rapidement, avec l’élection de Barack Obama, en 2008, la légalisation du mariage gay, en 2015, puis les mouvements #metoo et Black Lives Matter ; parce qu’en 2005 arrive à la tête de l’entreprise un patron exceptionnel, Bob Iger, qui va réaliser trois acquisitions extraordinaires : les dessins animés Pixar, le producteur de super-héros Marvel ainsi que Lucasfilm, producteur de Star Wars. L’homme devient le roi d’Hollywood.
Ce démocrate charismatique veut défendre ses valeurs et faire évoluer le public grâce au choix des storytellings. « Nous pouvons… réellement changer le comportement des gens : les amener à mieux accepter les multiples différences, cultures et races et toutes les autres facettes de nos vies et de notre peuple », explique Bob Iger devant les actionnaires, en 2017.
Disney ne se contente plus de distraire. Il éduque. L’évolution est certes tardive, mais elle va secouer. Sa première héroïne noire n’apparaît qu’en 2009, avec La Princesse et la grenouille. En 2018, le premier super-héros noir apparaît dans Black Panther. En 2021, Les Eternels, le film qui présente les nouveaux super-héros de Marvel, fait jouer un couple explicitement gay. Pour incarner le remake de La Petite Sirène, sorti cette année, Disney choisit l’actrice noire Halle Bailey.
Désormais, Disney est pris systématiquement dans la polémique : les conservateurs crient à la réécriture de l’histoire, l’héroïne de la première Petite Sirène de Disney, en 1989, étant rousse. Mais, à gauche, tous ne sont pas satisfaits, car l’esclavage des Afro-Américains dans les Caraïbes, où se déroule l’intrigue, est passé sous silence. A la fin, nul n’est content.
Le film, qui devait faire 1 milliard de dollars de recettes, n’en a fait que 600 millions (550 millions d’euros), la forte audience black et latino n’ayant pas compensé les faibles ventes hors des Etats-Unis. A force d’exploiter des franchises jusqu’à épuisement et de ne faire que des remakes, Disney agace et ennuie.
Si Disney est attaqué, aussi, c’est qu’il est faible. Une faiblesse qui a scellé le destin de Robert Chapek, éphémère successeur de Bob Iger, arrivé en plein choc du Covid-19. Plus conservateur, il voulait sortir de la politique. « Quelles que soient les convictions politiques de Bob, il n’est pas un activiste et n’apporte aucun programme partisan dans l’entreprise. Il se considère avant tout comme le dépositaire d’une marque fédératrice qui rassemble depuis près d’un siècle », confiait, en mars 2022, au Hollywood Reporter son porte-parole, Geoff Morrell, un ancien des administrations Bush fils et Obama, lui aussi limogé.
Résultat, Chapek patauge, refusant pendant des semaines de condamner la loi « Don’t Say Gay ». Mais c’est compter sans la révolte de ses employés, notamment de ses créateurs, dont il a absolument besoin, qui le forcent à condamner la législation. « Je comprends où nous avons fait des erreurs », s’excusa-t-il avant d’être renvoyé, six mois plus tard, et remplacé par le revenant Bob Iger. Comme l’écrivait, en 2022, le New York Times, « en essayant de n’offenser personne, Disney a apparemment perdu tout le monde ».
Nota : le même jour dans le même canard, un autre journaliste qualifie le “wokisme” d’obsession française…
Meltoisan
Avez-vous vu les productions américaines “Noire suie et les 7 géants” ? Et “Le moche au bois dormant” ? …
Avez-vous revu les “Shadocks” : Génial ! Et “Kirikou” : touchant ! Les français font parfois bien mieux que ceux d’Outre-Atlantique.
Meltoisan
Je suis en train de regarder un programme de Morandini sur CNews au sujet de l’enseignement sur le sujet des Drag Queens à l’école. Cela n’a pas lieu d’être !
J’espère que l’absentéisme sera au plus haut ce jour-là car ce n’est pas le rôle de l’école.
Ils feraient mieux de reprendre un enseignement sérieux du français, des maths et de la physique, des sciences naturelles non déviantes, de l’histoire-géographie non déformées, du sport, …