Extraits de l’analyse de Dominique Reynié dans le Figaro dont devrait s’imprégner Marine Le Pen s’il elle veut que le RN gagne un jour le deuxième tour d’un scrutin majeur national :
La campagne de l’entre-deux-tours n’a pas eu d’autre objet, pas d’autre projet que de dissuader le vote RN. Tous les regards ont été focalisés sur le parti, observé à la loupe (…)
Mais il demeure problématique de songer qu’entre le premier et le second tour, nous avons assisté à un refoulement forcé de l’expression démocratique. Il est sans doute plus facile de bloquer l’ascension d’un parti dont le succès est ancré dans l’insatisfaction en matière de sécurité et d’immigration que de régler de tels problèmes, mais autant renoncer alors à la politique démocratique (…)
En réalité, la gauche a remporté, comme souvent, une victoire médiatique, celle de l’interprétation des résultats, mais électoralement, elle a subi un échec important. Si, au second tour, on additionne les scores des partis du NFP avec ceux de toutes les gauches, on obtient laborieusement 27,28 % des suffrages exprimés… soit 17 % des électeurs inscrits. Les gauches reculent même par rapport aux élections européennes du 9 juin, où ce total de toutes les gauches dépassait 33,7 % des suffrages exprimés (…)
Le pays ne bascule pas à gauche (…) Le total des suffrages exprimés en faveur des candidats du NFP au terme du second tour n’est que de 25,7 % ; si nous ajoutons tous les votes de gauche, nous atteignons laborieusement 27,3 %, soit 17,1 % des électeurs inscrits… Il est impossible d’y voir une victoire. De l’autre côté, le RN et ses alliés réunissent 37 % des suffrages exprimés ; l’ensemble des suffrages de droite représentent 46,6 % des suffrages. Au soir du second tour, les votes de droite dépassent de 20 points les votes des gauches.
C’est dans ces conditions que la politique du « barrage » devient périlleuse et donc problématique. En effet, le RN a remporté ces élections législatives, certes sans parvenir au pouvoir. Mais il atteint des niveaux électoraux sans précédent dans son histoire. Le nombre de députés RN à l’Assemblée nationale va encore augmenter fortement (+ 58 %) après avoir été multiplié par 12 ou 13 entre juin 2017 et juin 2022. Le RN représente désormais près de 80 % des votes de droite. Autant dire que le RN, c’est la droite. Mais alors, le « barrage républicain » devient un « barrage » contre la droite, un barrage orchestré par une gauche qui n’a jamais été aussi faible sous la Ve République.
Enfin, compte tenu de la sociologie du vote RN et compte tenu du nombre croissant de ses électeurs, le « barrage républicain » est non seulement en train de fabriquer une équivalence entre le RN et la droite, mais aussi entre le RN et le « peuple », le RN et le monde du travail ; puis entre le RN et les élites, le « barrage républicain » mobilisant plus fortement une France plus favorisée, plus instruite, mieux connectée ; pour finalement aboutir à l’ultime retournement d’une équivalence entre le RN et la démocratie.
Il est donc grand temps que la principale intéressée, Marine Le Pen, s’en rende compte et abandonne définitivement ce triste et inefficace ni droite, ni gauche. 3% des électeurs du Nouveau Front Populaire ont voté RN lorsqu’ils avaient le choix entre le RN et un autre candidat au 2ème tour. C’est une véritable chimère que de continuer à croire qu’il existe des patriotes de gauche raisonnables…De même, la dédiabolisation à outrance ne sert visiblement à rien… Il faut jeter tout cela aux orties !
Le RN doit profiter de l’examen de conscience promis par Jordan Bardella pour aller au-delà du simple changement de directeur général. Valeurs actuelles montre les limites de la stratégie du RN :
Les équipes du Rassemblement national sortent de ces quatre dernières semaines éreintantes avec un goût amer en bouche. « On a foiré notre dernière ligne droite, comme d’habitude. On a été en permanence sur la défensive », reconnaît un stratège du mouvement (…) Mais quand une gauche plus fracturée que jamais parvient à un accord d’union en moins de vingt-quatre heures, le RN patine dans sa construction d’une grande coalition patriote.
Côté Reconquête !, les discussions entamées avec Marion Maréchal provoquent la discorde en interne, avec moult cadres qui s’inquiètent ouvertement des conséquences néfastes que représenterait selon eux une alliance électorale avec Éric Zemmour. Trois députés proches de l’ancienne figure frontiste (Thibaut Monnier, Anne Sicard et Eddy Casterman) ont finalement été élus sous l’étiquette RN à l’issue d’un accord trouvé in extremis avec l’ancienne vice-présidente de Reconquête !. Mais l’épisode n’aura pas entraîné de dynamique particulièrement notable.
Côté Les Républicains (LR), l’affaire se présente d’abord comme un coup politique fameux comme Marine Le Pen en a le secret (…) Les premières tractations avec Éric Ciotti se présentent sous les meilleurs auspices. Le président des Républicains pense pouvoir provoquer la scission tant de fois prophétisée et emmener une partie considérable des cadres et des sympathisants de son parti. L’interminable psychodrame chez les Républicains et le refus net de la quasi-intégralité de l’état-major du parti gaulliste de soutenir l’initiative d’Éric Ciotti auront considérablement miné l’allant d’une coalition inédite (…) « Ciotti nous a promis des cadors par dizaines, on se retrouve avec des gars qu’on aurait pu récupérer sans lui » , peste un mariniste. Dix-sept députés ont été élus sous la bannière des Amis d’Éric Ciotti.
Après une parenthèse relativement calme, la polémique autour des propositions du Rassemblement national sur la binationalité relance une machine médiatique ravie d’assister à un exercice d’autosabotage.Remis sur la table sur une simple erreur de Sébastien Chenu sur le plateau de Cyril Hanouna (il y évoque la suppression de la double nationalité, mesure à laquelle Marine Le Pen a renoncé), le dossier s’invite sur tous les plateaux télévisés. Les troupes de Jordan Bardella perdent le contrôle sur une question somme toute anecdotique (…)
Le président du Rassemblement national ne pensait pas non plus consacrer une partie significative de sa semaine d’entre-deux-tours à devoir se justifier de la sélection parfois hasardeuse des candidats RN. Sous curatelle renforcée, condamnation pour une prise d’otage, épinglés pour des propos racistes, antisémites ou négationnistes… des dizaines de profils problématiques fleurissent dans la presse en plein sprint final de la campagne. Le plan Matignon du Rassemblement national vole en éclats au pire moment. « On nous a promis le plan Matignon, on se retrouve avec le plan Maréchal-Pétain », siffle un historique désabusé (…)
Plutôt que de dire que la victoire est différée en 2027 ou avant alors que les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets, seule l’affirmation par le RN qu’il est une composante majeure de la droite lui permettra de gagner enfin une élection à deux tours et seulement à condition d’avoir des alliés solides à droite dans lesquels le RN acceptera des compromis programmatiques dans le cadre d’un programme commun de la droite (voir notre article ici).
Sans cela, la prédiction d’Eric Zemmour se vérifiera encore lors des prochaines présidentielles et législatives…
A.MOR
Lequel a voté contre l’avortement dans la constitution
Je ne parle pas de ceux qui n’était pas élu et qui aurait suivi le mouvement.
Faisant campagne sur un point pour parler d’eux mêmes et non des autre.
Robespierre Lignieres ont continue c’est toujours la même chose. Quel programme dénonce l’avortement?
On va vers l’Europe qu l’impose?
cadoudal
Pendant longtemps le mot “droite” était honteux.
Cela vous collait automatiquement une parenté avec le socialiste Adolphe ou le bolchevique Benito.
Résultat de la Propagande organisée par Staline , répétée avec piété par les révolutionnaires du monde entier.
mouette
Non, justement ! ils ont ÉCHAPPÉ au plan Maréchal Pétain ! la gauche (Macron and Co) aime toujours refiler la queue de la poêle à la vraie droite quand ça sent le roussi ! “au secours, Maréchal, sauvez-nous !”
Gaudete
Mais on a toujours la droite la plus bête du monde mais les LR sont-ils encore de droite? et tant que le RN établira un cordon sanitaire autour de lui en refusant des alliés il en sera ainsi. Qu’est-ce qu’ils ont dans la tête?
D'Haussy
Donc la droite c’est la gauche.
C’est bien ce qui me semblait.
Sinon la contre révolution, la loi naturelle, tout ça ça intéresse encore quelqu’un chez les catholiques ? Lol