De Anne Merlin-Chazelas :
"Quand mon mari et moi avons adopté nos enfants, il y a environ un demi-siècle, tous les intervenants, médecins, psychologues, travailleurs sociaux, personnels de la DASS que nous avons dû rencontrer avant d’obtenir l’agrément nécessaire ont insisté sur un point : Nous n’avions aucun « droit à l’enfant », notre souffrance devant nos cœurs et nos bras vides d’enfants n’avaient aucune importance et nous pouvions fort bien, malgré l’agrément, ne jamais pouvoir adopter. Seul comptait le « droit de l’enfant » à trouver dans une famille prête à l’accueillir un père et une mère dont il avait besoin pour, à défaut de ses parents naturels, construire sa personnalité dans un monde rassurant. Et nous avions trouvé que c’était tout naturel.
En France, jusqu’ici, la Procréation médicalement assistée ou PMA (comportant très fréquemment une insémination artificielle avec donneur) n’est permise que pour des raisons médicales : ne peuvent y recourir que des femmes vivant en couple stable (mariées, pacsées ou vivant en concubinage permanent) dont la stérilité (ou celle du conjoint) est médicalement constatée. Il s’agit de réserver un traitement médical à des cas le justifiant.
Mais le lobby LGBT… exige, sous prétexte d’égalité et au nom du « droit à l’enfant », que la PMA soit autorisée pour toutes les femmes, même célibataires ou vivant avec une partenaire de même sexe, même si elles sont parfaitement aptes à procréer naturellement, si elles éprouvent pour l’autre sexe une telle répugnance qu’elles ne veulent pas avoir recours à cette méthode éprouvée. Ce lobby exige d’ailleurs aussi que les hommes aient eux aussi « droit à l’enfant » et puissent donc avoir recours à la Gestation pour autrui ou GPA, c’est-à-dire à la location du vendre d’une femme qui leur vend l’enfant qu’elle a conçu, porté et mis au monde.
Jusqu’ici, le fait incontestable qu’un enfant peut être bien élevé par une célibataire ou une femme vivant en couple avec une autre femme ne justifiait pas que l’on prive définitivement des enfants de la présence et de l’éducation d’un père. Les statistiques prouvent, hélas, que les enfants élevés par leur mère seule (quelle qu’en soit la cause) et n’ayant pu bénéficier de la présence d’un père de substitution ont souvent de grandes difficultés à l’adolescence et plus tard.
Mais cela n’a pas empêché le Comité consultatif national d’Éthique (CCNE) de préconiser la PMA pour toutes les femmes qui le souhaitent, sans condition.
Si le Président Macron et son gouvernement donnent suite à cette préconisation, ils créeront donc, en France, un « droit à l’enfant », au détriment des « droits de l’enfant » à être élevé par son père et sa mère, comme le portent d’ailleurs les traités internationaux signés par la France.
Quant à la GPA pour tous, la formulation emberlificotée de l’avis du CCNE permet toutes les manipulations.
En Allemagne, en 2013, Mme Merkel avait refusé d’inscrire dans la loi le mariage homosexuel, arguant que le « droit de l’enfant » à être élevé par son père et sa mère en serait violé. Mais la politique est la politique et le soutien des partis de gauche aux prochaines élections lui semble bien nécessaire, alors adieu au « droit de l’enfant » et bonjour, sans doute, au « droit à l’enfant ». Le prétexte : elle a rencontré des (ou un ?) ménage(s) de deux femmes élevant parfaitement leurs enfants, ce qui l’a émue et convaincue. Le lobby LGBT exige qu’elle fasse entrer le mariage homosexuel dans la loi dans les tout prochains jours, sans doute dès vendredi. Résistera-t-telle ? aura-t-elle peur de perdre en Bavière les voix qu’elle trouverait ailleurs ?
En France, M. Macron a beau être personnellement favorable à la PMA pour toutes, il se peut qu’il retarde la soumission au lobby LGBT, de peur de réveiller des oppositions ouvertes contraires à sa politique d’apaisement, qui ne lui permettraient pas de se consacrer aux réformes importantes qu’il projette. Espérons-le."