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Bioéthique

Du divorce au partage d’embryon congelé : la logique de la culture de mort

Du divorce au partage d’embryon congelé : la logique de la culture de mort

Aux Etats-Unis, un juge va décider si les embryons d’un couple congelés depuis presque 10 ans constituent «un bien» au même titre qu’une voiture que l’on peut se répartir en cas de divorce

En 2018, Honeyhline et Jason Heidemann divorcent. Au moment de partager de leurs possessions, le couple s’avère incapable de se mettre d’accord sur leurs embryons congelés. Six ans plus tard au terme d’un procès, c’est un juge qui va décider de leur sort.

Suite à une fécondation in vitro, les Heidemann ont eu une petite fille âgée aujourd’hui de 7 ans. De leur FIV, il leur reste deux embryons congelés. En 2015, lorsqu’ils ont rempli le formulaire de contrat de la clinique de fertilité, ils ont choisi, s’ils ne les utilisaient pas, de les donner ou de les détruire. Faute de s’entendre lors du divorce, ils ont signé un accord disant qu’ils ne devraient pas être décongelés sans le consentement des deux parties ou une décision de justice.

En 2019, Honeyhline demande à son ancien époux l’autorisation de les utiliser pour tenter une nouvelle grossesse. Son ex-mari refuse, estimant que cela le forcerait « à procréer contre ses vœux». Il demande qu’ils restent congelés tant que le couple n’a pas trouvé une solution.

Honeyhline Heidemann et ses avocats estiment que les embryons devraient être traités comme un «bien». Les avocats de Jason soutiennent que chaque embryon est unique et de ce fait ne peut être évalué, partagé ou vendu. Mais un juge leur donne tort l’an dernier. Il s’appuie sur une vieille loi du XIXe siècle sur le traitement des esclaves qui les assimile à «des marchandises»…

Ce procès arrive au moment où la question de l’embryon conçu par FIV suscite une grosse bataille. Les conservateurs militent pour qu’on lui octroie le statut de «personne». En février, la Cour suprême de l’Alabama a déclaré qu’il devait être considéré comme un enfant. Cette décision a déclenché de multiples questions : est-il légal dans ce cas de les congeler? Que faire de ceux non utilisés? Peut-on les détruire ce que beaucoup de couples font, une fois qu’ils ont eu des enfants? Les cliniques spécialisées ont arrêté aussitôt les traitements par peur d’être traînées en justice pour meurtre, en cas de destruction accidentelle d’un embryon.

Plus d’un million d’embryons sont congelés aux Etats Unis. La loi varie selon les Etats.

Non seulement l’Eglise condamne la fécondation in vitro, mais aussi la congélation des embryons :

La congélation des embryons, même si elle est réalisée pour garantir une conservation de l’embryon en vie (« cryoconservation »), constitue une offense au respect dû aux êtres humains, car elle les expose à de graves risques de mort ou d’atteinte à leur intégrité physique; elle les prive au moins temporairement de l’accueil et de la gestation maternelle, et les place dans une situation susceptible d’offenses et de manipulations ultérieures.

En 2010,

Mgr Suaudeau, alors directeur scientifique de l’Académie pontificale pour la vie, estimait que la pratique de la congélation des embryons in vitro soulève quatre graves problèmes éthiques :

1/ Une offense à la dignité humaine
[…] Le maintien des embryons par cryoconservation dans un état « d’animation suspendue » est une offense à la dignité de ces embryons, dignité qui est implicitement reconnue par le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, puisque ces embryons sont membres de la famille humaine. […] En second lieu, ces techniques de congélation-décongélation comportent un risque important pour l’intégrité et la survie de ces embryons. Entre 20 et 30% d’entre eux sont détruits lors de la procédure, surtout d’ailleurs au moment de la décongélation […]

2/ La porte ouverte aux fantaisies du désir
Le second problème éthique lié à la pratique de congeler les embryons en surnombre vient du décalage chronologique qui peut prendre place entre le moment de la fécondation des ovocytes, tel que l’a demandé le couple infécond, et le moment où les embryons résultant de cette fécondation, qui n’avaient pas fait l’objet d’un transfert et avaient été cryoconservés, deviennent sur le tard l’objet d’un nouveau projet procréatif, alors que les conditions dans lesquelles avait été donné l’accord originel pour la pratique d’une fécondation artificielle ont considérablement changé. […] Ce décalage chronologique peut du reste créer des situations paradoxales dans la famille, si les parents qui ont eu recours à une FIV et ont donné leur accord à la cryoconservation des embryons surnuméraires produits à cette occasion, et qui ont eu par la suite des enfants par procréation naturelle, décident, à un âge déjà avancé, d’utiliser les embryons cryoconservés pour une ultime grossesse.

3/ L’abandon des embryons cryoconservés
[…] Le nombre de ces embryons ne fait que croître dans le monde. Selon les chiffres fournis par l’Agence de la Biomédecine (troisième rapport annuel), on comptait en France, au 31 décembre 2006, près de 177.000 embryons humains conservés par congélation, soit un chiffre en augmentation de 25% par rapport à 2005. […] Il est clair que ces embryons seront détruits une fois que sera atteinte la limite en temps de leur cryoconservation […]

4/ Le mépris de la nature et de la vie
[…] Un embryon humain est un chef d’œuvre de la nature. Il est étonnant à ce point de vue de voir combien l’homme moderne, à commencer malheureusement par les savants eux-mêmes, a perdu cette capacité de s’étonner, d’admirer, qui est pourtant à la base de la démarche philosophique et scientifique. […] Pourtant, notre époque a redécouvert la nécessité de respecter et protéger la nature, au moins dans l’environnement. Mais cette redécouverte n’est que partielle, et volontiers sectorielle. En particulier, elle ne concerne pas l’homme en tant que tel, dans sa propre écologie. Ce qui fait que l’on en arrive à ce paradoxe navrant de voir des personnes, par ailleurs fort intelligentes et sensibles, consacrer temps, argent et intérêt à la sauvegarde d’une espèce de papillon menacée d’extinction, alors qu’elles acceptent sans aucun état d’âme de conduire à leur perte des milliers d’embryons humains. Il serait temps de plaindre un peu moins les ours blancs sur leur banquise fondante, et un peu plus les petits d’homme, traités comme du matériel cellulaire au rebut.”

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3 commentaires

  1. pauvre petite fille de 7 ans, dont les parents se disputent pour des “frères ou soeurs “virtuels” ! que pensera-t-elle plus tard, quand elle comprendra? Quant-à utiliser un embryon contre l’avis du partenaire, c’est, pour le moins, “lui faire un enfant dans le dos” ; voila, science sans conscience….. nous y sommes
    Au fait, reprendre une loi du temps de l’esclavage ne gène aucun Woke, si nombreux et influents aux US ?

  2. « Honeyhline et Jason » ces noms de White trash ultimes mdr

  3. voila ou nous conduit macron peu à peu mesure par mesure , la FM a tout son temps

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