Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’Ecole, signe une tribune dans Le Figaro appelant à renforcer les prérogatives des chefs d’établissement :
Le premier ministre a encore parlé de l’école. Alors que des événements tragiques se succèdent, se multiplient et se renouvellent avec une rapidité effrayante, Gabriel Attal a annoncé de nouvelles dispositions.
Une fois de plus, plusieurs d’entre elles sont pleines de bon sens. Une fois encore, il est à craindre que ce discours soit sans lendemain, faute de relais efficaces dans les établissements scolaires.
En effet, pour mettre en place, par exemple, le fait d’exiger que les élèves se lèvent à l’entrée d’un professeur dans la salle de classe, il faut que tous les professeurs d’une même école acceptent d’appliquer cette règle, faute de quoi, les rares professeurs qui voudraient l’imposer finiront par y renoncer d’eux-mêmes.
Et pourtant, il existe des centaines d’écoles où cela se pratique déjà et paisiblement, mais horresco referens, il s’agit d’écoles privées sous contrat ou, pire encore, d’écoles libres hors contrat. Si M. le premier ministre se donnait la peine de se rendre sur place, il ne manquerait pas d’y puiser d’autres idées qui contribuent toutes à instaurer un climat de respect mutuel et de travail au sein des établissements. Par exemple :
- la mise en rang des élèves le matin et après les récréations dans la cour ;
- la présence d’estrades dans les salles de classe de manière à rehausser, au sens propre comme au sens figuré, le prestige et l’autorité du professeur ;
- l’instauration d’une note de comportement dans les bulletins trimestriels ;
- ou encore le fait d’encourager fortement le vouvoiement des élèves par les professeurs ;
- ou enfin le respect d’un dress code par les professeurs : il est difficile de vouloir imposer l’uniforme aux élèves et de laisser un professeur enseigner dans sa classe en survêtement et en baskets !
Nous pourrions prolonger cette liste.
Mais nous pouvons légitimement craindre que ces beaux discours ne soient pas suivis d’effets. Pour passer enfin à l’acte, il faut convaincre chaque communauté éducative. Pour passer enfin à l’acte, il faut davantage qu’un discours martial ou qu’une note de service.
Pour résoudre durablement la crise actuelle, il faut des chefs d’établissement qui puissent impulser une autre politique dans leur école. Et pour cela le chef d’établissement doit nécessairement être le supérieur hiérarchique des professeurs.
Pour résoudre durablement la crise actuelle, il faut des chefs d’établissement qui puissent impulser une autre politique dans leur école. Et pour cela le chef d’établissement doit nécessairement être le supérieur hiérarchique des professeurs. C’est la raison pour laquelle il faut inscrire dans la loi cette responsabilité hiérarchique du chef d’établissement sur ses professeurs. Si donc M. le premier ministre veut vraiment agir, il doit avancer dans cette direction.
Or, il se trouve qu’une partie du chemin législatif est déjà effectuée. En effet, sous l’impulsion des sénateurs Brisson et Retailleau, une proposition de loi a été adoptée par le Sénat : « Pour une école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité » . Elle a été déposée à l’Assemblée nationale le mercredi 12 avril 2023 et depuis lors « dort » à la commission des affaires culturelles et de l’éducation !
Cette proposition de loi prévoit justement de donner le pouvoir hiérarchique aux chefs d’établissement dans le cadre « d’établissements scolaires publics autonomes ». Gabriel Attal pourrait aisément et utilement déterrer ce texte et le soumettre à l’Assemblée nationale. Il est probable qu’il disposerait d’une majorité confortable pour le faire voter. Une fois cela fait, il trouvera sûrement plusieurs centaines de chefs d’établissement volontaires pour se lancer dans cette expérimentation. Des chefs d’établissement capables d’entraîner leurs professeurs dans une démarche éducative globale et cohérente. Et il ne manquerait pas non plus de professeurs pour demander à en être !
Tout cela demande beaucoup de courage et de détermination pour faire face à l’hostilité des syndicats et des opposants de tous poils. Mais il faudrait aussi une autre chose essentielle qui manque cruellement au premier ministre : le temps nécessaire pour persévérer dans cette direction, faire voter les textes, les mettre en application, soutenir les courageux chefs d’établissement volontaires et enfin dupliquer le modèle pour le généraliser. Finalement, il est bien dommage que Gabriel Attal ne soit pas resté au ministère de l’Éducation nationale !
Astragal
Qui dit autorité, dit pouvoir de sanctionner . Il est prévu comment, ce pouvoir ? ( En négatif, la plupart du temps, mais en positif, également ) . Pour les chefs d’établissements, il faut aussi la liberté du choix de ses collaborateurs . Et pour les profs, la possibilté d’ être soutenus, pas enfoncés justement par les directeurs, trop soucieux de courageusement se défausser .
La vérité c’est que l’autorité, la confiance, ça s’inspire et ça ne se décrète pas . Et la vérité, c’est que peu de directeurs sont à leur place comme directeurs.
France Fougère
Si possible, supprimer le mot : profs. On dit : professeurs, c’est tout simple.
Haizkolari
Dire prof ou professeur ne change pas grand chose. C’est superficiel. Le problème est bien plus profond que cela.
Gaudete
Michel Valadier a oublié une chose et d’importance, vider l’éducation nationale à tous les niveaux des gauchiasses qui sévissent trop souvent cela s’appelle les travaux d’Hercule et notamment nettoyer les écuries d’Augias
aukepi
C’est, effectivement, le principal point de blocage à toutes les bonnes idées de cet article…
Haizkolari
COSMÉTIQUE
Désolé, mais on voit bien que l’auteur n’est pas enseignant.
Tout ceci, l’estrade, la mise en rang, etc,.. est cosmétique.
je l’ai vu dans des établissements où en réalité cela ne changeait pas grand chose. Les élèves adoptaient ces normes en apparence, mais cela n’empêchait pas que cela glisse sur eux comme sur une poêle recouverte de Teflon.
CHEF D’ÉTABLISSEMENT.
Quant au pouvoir des chefs d’établissement, il est déjà suffisant. Essayez, même étant fonctionnaire titulaire, de ne pas vous soumettre au wokisme devenu langue de bois officiel, et vous pourrez vérifier que le chef d’établissement, ou la hiérarchie qu’il contactera, a bien un vrai pouvoir de nuisance sur vous.
FONDAMENTAL.
Ce qui est important, fondamental, c’est que les élèves aient envie d’apprendre, et que ceux qui ne veulent pas apprendre ne soient pas une gêne pour les autres.
Les élèves sont d’abord formés par leur milieu familial. Si celui-ci ne valorise pas la connaissance, le savoir, le travail, les jeunes qui en sont issus ne seront qu’exceptionnellement attirés par le travail scolaire.
Donc, même si je ne me fais pas d’illusion sur l’efficacité à court terme de cette mesure, la première action à mener est auprès des parents.
LES LIVRES.
À chaque rentrée, je leur expliquais que pour avoir un bon niveau dans la plupart des matières, littéraires comme scientifiques leurs enfants devaient lire des livres, ces trucs étranges qui n’ont pas (encore tous) de boutons électroniques, qui contiennent beaucoup de lettres et pas beaucoup d’images. (qui en plus ne bougent pas !)
Pour cela le moyen le plus efficace, presque le seul, est que les parents éteignent leur abominable [ téléphone portable-mouchard-balise de traçage-espion du N.O.M.] et eux même lisent des livres.
Peu importe que ces livres ne soient pas ceux du programme, ne soit ni des livres de science, ni de grands auteurs, au point où nous en sommes, mais que ces jeunes aient du plaisir à lire, etdéveloppent les capacités qu’apporte la lecture.
1°) Trouver des informations dans un texte. Fondamental.
2°) Savoir distinguer ce que dit le texte et ce qu’il ne dit pas.
3°) Ne pas avoir peur de lire un texte de quatre pages. Capacité de concentratio.
4°) Pouvoir reconstituer, imaginer ce que raconte le livre. Un film, une vidéo épargne cet effort, et donc ne permet pas de développer cette capacité.
POURQUOI ÊTRE LÀ.
Ensuite, il faut que les enjeux soient clairs, que le jeune sache pourquoi il est là.
Le temps consacré à expliquer les différentes filières, les métiers, comment y arriver est rarement perdu.
Rencontrer des gens de ces métiers, en vrai, est toujours plus utile que vaguement discuter avec un vocabulaire limité sur les réseaux sociaux.
LE SENS.
Toujours dans ce cadre du sens offert , les examens doivent être de vrais examens, accessible, mais pas bradés par un contrôle continu où les établissements sont entrainés par la pente naturelle des choses à tricher sur leurs évaluations.
Pas bradés par des consignes démagogues du ministère relayées par le rectorat et les inspecteurs.
Il faut de vrais enjeux aux diplômes; je pense en particulier au Brevet des Collèges.
LE PASSAGE EN SECONDE DEVRAIT ÊTRE SUSPENDU À LA RÉUSSITE AU BREVET.
Cette seule mesure changerait en bien l’atmosphère des collèges et ensuite des lycées.
TRAVAUX PRATIQUES.
Toujours au collège, les travaux pratiques de S.V.T., de sciences physiques, se font en classe entière de 30 élèves.
C’est une farce !
Les classes doivent être limitées à 28 élèves en quatrième et troisième pour organiser des groupes de travaux dirigés de sept binômes (14 élèves) en Mathématiques, en Français, en langues vivantes, et de travaux pratiques en S.V.T., sciences physique, technologie.
En ZEP, “zone d’éducation pénible”, on doit se limiter à 24 élèves par classe, au lieu de 25 actuellement, pour des travaux pratiques à 2 groupes de 6 binômes (12 élèves).
LES ÉLÈVES PERTURBATEURS;
J’ai connu trop souvent le cas d’élèves qui s’ennuient en cours, qui le perturbent, parfois gravement. On les renvoi en “permanence”, et quelques minutes plus tard un surveillant vous les ramène en disant que le polichinelle en question a promis d’être sage, et que la permanence n’est pas une garderie. Vous en déduisez, et les élèves présents dans la salle, que votre cours, de math, de physique, de français, etc., est lui une garderie.
Les élèves qui ne peuvent ou ne veulent s’intégrer au système scolaire ne doivent plus y être forcés à partir de 14 ans. C’est une affaire de respect pour eux et pour le reste de la communauté éducative. Ils ont fait leur choix.
Certains pourront plus tard suivre une des abondantes formations proposées par notre système (GRETA, …) Certain même gagneront plus qu’un prof et un proviseur réunis en se débrouillant bien, ou auront des carrières magnifiques tel le Général Bigeard.
Tout le monde n’est pas fait pour le cadre scolaire et on n’a pas à exiger de tout le monde de s’y conformer.
VIOLENCE.
Il reste le gros problème des élèves vraiment violents parce qu’ils viennent de milieux désastreux, ou qu’ils ont eux-mêmes été victimes d’actes violent, d’humiliations graves.
Pour ceux-là, les estrades et la cravate du professeur ne changeront absolument rien. Ils ont bien d’autres problèmes. Les mesures cosmétiques leur paraitront dérisoires, voire risibles. Les cours de morale seront au mieux inaudible, au pire une source de révolte.
Les solutions pour ces élèves sont compliquées, rarement à la portée du cadre scolaire classique, et parfois il n’y a malheureusement pas de solution.
Re-lisez les premiers livres du père Guy Gilbert. Il s’est affronté à cette réalité et a donné de sa personne. Il sait de quoi il parle.
LA CHARIA.
Une nouveauté moderne” est l’apparition de populations qui imposent la charia. Là aussi, estrade, cravate, vouvoiement et codes d’apparence ne changeront rien devant le fanatisme islamique.
C’est une guerre de civilisation.
J’ai bien des solutions, mais elles ne sont pas du domaine de l’école, et bientôt, les exprimer publiquement sera risqué dans notre dictature en marche, sans goulags mais avec euthanasie des pauvres.
LE CORPS DES INSPECTEURS.
J’ai connu l’époque ou les inspecteurs aimaient leur matière et « y croyaient ».
Ils conseillaient plus qu’ils ne sanctionnaient.
Ce sont devenus trop souvent des commissaires politiques plus soucieux de faire passer une idéologie et des réformes absurdes que des passeurs de savoir.
En Finlande ce corps a été supprimé, ce qui a donné autant d’enseignants disponibles supplémentaires, et le niveau de l’enseignement de ce pays a augmenté.
Sans aller jusque-là, je propose que chaque inspecteur ait chaque année une classe en charge, si possible dans un établissement «bien animé ». Dans un collège ou un Lycée Professionnel de ZEP plein de diversité enrichissante par exemple.
Je suis curieux de voir les résultats.
CONCLUSION.
Soigner les apparences, aura surtout pour effet que …
les apparences seront soignées !
La destruction de notre système scolaire actuelle est le résultat à la fois
– de l’état du pays, déchristianisé, donc sans règles morales, individualiste, retournant à la barbarie, à l’esprit magique (new-age),
– de la volonté patiente, continue, de nos dirigeants, qui oeuvrent en détruisant le sens des choses,
– du grand remplacement.
Il faut agir sur les causes, plus que sur les symptômes.