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Religions : L'Islam

Egypte : les Frères musulmans attendent leur heure

Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient au sein de l’Institut français des relations internationales (IFRI), fait cette analyse dans Famille chrétienne :

E "ces régimes autoritaires ont éradiqué toute opposition politique. Seuls subsistent quelques groupuscules et personnalités exilées. Les seuls mouvements structurés restant sont, en Tunisie et encore plus en Égypte, les mouvements islamistes. Pour l’Égypte, je pense bien évidemment aux Frères musulmans, mouvement fondé en 1928. Il s’appuie sur une base populaire importante car c’est un mouvement religieux mais également caritatif et social. Il gère tout un réseau d’écoles, de dispensaires, attribue des pensions aux veuves, etc.… En Égypte, les Frères musulmans suppléent ainsi aux carences du pouvoir en place. […] l’option choisie par les Frères musulmans est d’aller vers la constitution d’une entité politique. Pas de façon ostensible car la constitution égyptienne ne permet pas à un mouvement religieux de créer un parti politique mais en proposant des candidats, dits indépendants, mais liés de fait à la confrérie. En 2005, les Frères musulmans ont ainsi réussi à faire élire 88 députés sur 420 sièges possibles au Parlement.

Les Frères musulmans sont-ils à l’origine du mouvement de protestation en Égypte ?

En Tunisie comme en Égypte, les mouvements de protestation ont été largement spontanés et ont pris une ampleur inattendue. À ce moment-là, les Frères musulmans ont pris le train en marche et ont dû suivre leurs « troupes » plus qu’ils ne les ont précédées. Les Frères musulmans n’ont jamais appelé à une mobilisation générale. Si cela avait été le cas, ce n’est pas par centaines de milliers que les manifestants se seraient rendus place Tahrir au Caire mais certainement par millions.

Les chrétiens coptes d’Égypte semblent absents des manifestations. Pourquoi ?

Il en est des Coptes comme de tous les chrétiens au Moyen-Orient. Minoritaires, ils sont aussi discrets que possible car ils ne veulent pas susciter contre eux des réactions hostiles. Les chrétiens d’Orient ont toujours soutenu les pouvoirs laïcs, y compris lorsqu’ils étaient autoritaires. C’était le cas des chrétiens d’Irak avec Saddam Hussein, c’est encore le cas des chrétiens de Syrie avec la famille El-Assad et c’est enfin le cas des Coptes en Égypte qui voient dans le régime militaire de Moubarak un rempart contre le fondamentalisme musulman.

Pourtant, les Coptes n’ont pas été ménagés par le pouvoir en place ces dernières années et pourraient légitimement aspirer au changement ?

Le pouvoir égyptien, pour contrer la poussée islamiste, a en quelque sorte donné des gages aux mouvements fondamentalistes notamment en ce qui concerne le statut de la femme, l’homophobie, etc. Néanmoins, on peut supposer que le sort des Coptes serait bien pire si, à la tête de l’État, se trouvaient des fondamentalistes comme les Frères musulmans."

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4 commentaires

  1. une dépêche de l’AFP de ce jour précise d’ailleurs que l’Iran appelle les Fréres musulmans à lancer la .. guerre sainte. Il me semble que tout est dit .

  2. OUI,la charia va s’installer.

  3. Dans l’article publié par Rémi Fontaine dans Présent (numéro du 8 février), il est dit qu’une messe a été célébrée devant un millier de fidèles sur la place Tahrir.

  4. Mode d’emploi à suivre?
    “En Égypte, les Frères musulmans suppléent ainsi aux carences du pouvoir en place. […] l’option choisie par les Frères musulmans est d’aller vers la constitution d’une entité politique. Pas de façon ostensible car la constitution égyptienne ne permet pas à un mouvement religieux de créer un parti politique mais en proposant des candidats, dits indépendants, mais liés de fait à la confrérie. En 2005, les Frères musulmans ont ainsi réussi à faire élire 88 députés sur 420 sièges possibles au Parlement.”
    On pourrait alors peut-être lire, dans un avenir plus ou moins proche:
    “En France, les catholiques suppléent ainsi aux carences du pouvoir en place. L’option choisie par les catholiques est d’aller vers la constitution d’une entité politique. Pas de façon ostensible car la constitution française ne permet pas à un mouvement religieux de créer un parti politique mais en proposant des candidats, dits indépendants, mais résolument attaché à leur foi.”
    [redonner un sens vraiment catholique aux œuvres originellement catholiques, et dont le sens social gagnerait sas doute à être plus explicitement lié à la D.S.E.?]

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