Extrait d’une tribune de François Bert, parue dans Entreprendre :
[…] Prend-on conscience que s’est opéré un test géant de l’exercice de l’autorité de l’État, qu’il a fallu le dévouement exceptionnel des forces de l’ordre pour que nous nous en sortions, sur le fil du rasoir, et que cette provocation appelle une réponse d’une fermeté totale et proactive sans quoi le pays pourrait bien craquer à la prochaine vague? Peut-on enfin espérer que l’État ait une stratégie de recouvrement de son ascendant et, pour commencer, une volonté?
Regardons les choses en face : si la police et la gendarmerie ont, au prix d’efforts considérables et d’un professionnalisme sans faille, su contenir le déchaînement de la violence sans qu’elle s’embrase davantage, l’État est en flagrant délit d’échec.
Échec à protéger ses citoyens et ses représentants : mairies, écoles, supermarchés, commerces, commissariats, casernes, mobilier urbain, bus, voitures, etc., ont été dévastés sans avoir, en face, un dispositif capable de les en empêcher et, pire, de les en dissuader. Et c’est bien là le problème : des années d’impunité ont créé dans l’esprit de la population délinquante et, par percolation, d’une part de son entourage (que nous avons notamment vu basculer dans le pillage), le sentiment d’une absence de danger réel à commettre certains délits.
Échec à renverser la mécanique de la peur : la plupart des citoyens vivent quant à eux un sentiment de grand danger dans certaines zones et au contact des délinquants ; ils se disent que non seulement ils vont subir une violence disproportionnée, qu’illustre tragiquement un nombre incalculable de faits divers, mais aussi que leurs auteurs, très souvent impunis ou pas assez, vont venir se venger sur eux et leurs familles, et qu’en voulant se défendre légitimement, ils s’exposent à des tracas considérables. Quelle pitié de voir un peuple se laisser bafouer par des bandes abruties sans oser coaliser ses forces et se défendre ! Le renfort spontané offert aux policiers à Lorient, vraisemblablement par des commandos marines, a aussitôt fait l’objet d’une enquête (Le Parisien du 05 juillet 2023). On peut comprendre que leur statut les appelle à ne pas agir en force constituée sans mandat, mais n’y a-t-il pas dans ce geste spontané un comportement de courage que l’on pourrait attendre de tout citoyen français ? Si chacun pouvait se sentir investi d’une protection mutuelle en cas de danger, n’y aurait-il pas, en termes de rapports de force, au vu de la masse considérable de citoyens souhaitant vivre paisiblement, un effet net sur la sécurité du quotidien ? Les armes en moins, la solidarité et l’engagement du peuple corse nous en donnent une illustration intéressante.
Échec à appuyer sa police dans son travail quotidien. Les forces de l’ordre vivent dans une double contrainte permanente : d’un côté, l’ordre leur est donné de tout faire pour mettre fin aux actes délictueux sans cesse en croissance, et de l’autre, une triple chape de plomb, politique, médiatique et judiciaire pèse sur eux au moindre faux pas, avec la perspective d’être lâchés en rase campagne, voire sacrifiés, comme ce fut le cas, sur la seule base des images ou de l’émotion suscitée. Ils sont en outre sujets à un parti pris de nombreux médias, alimenté par une partie de la classe politique en manque de visibilité, qui consiste à leur attribuer par principe une intention mauvaise, pire que celle des délinquants eux-mêmes. Or, même aux temps les plus primitifs de la féodalité, nous n’avions point vu un contrat de pouvoir aussi déséquilibré : le vassal accepte de s’en remettre à l’autorité du suzerain contre un engagement absolu de protection, qui, s’il est rompu, amène son retrait immédiat du contrat. À partir de quand a-t-on donc pu commencer à admettre que le politique puisse employer et exposer ses forces de police sans leur garantir une protection a priori (ce qui n’enlève rien au travail nécessaire d’enquête des services de contrôle), sans appuyer, avec le calme propre au temps long de l’État, leur action quotidienne au contact des malfaisants ? Il est absolument surréaliste qu’un chef d’État désavoue, qui plus est avec des adjectifs au présent quand le travail de l’enquête aurait a minima requis le conditionnel, un de ses policiers pris dans une situation compliquée, aux conséquences certes dramatiques et regrettables, mais dans une configuration où un acteur délictueux et dangereux pour autrui s’est lui-même témérairement exposé ? Quel est donc ce pays où le refus d’obtempérer devient quotidien, avec des morts causées au sein de nos forces, et où l’on s’émeut seulement du fait qu’il puisse causer du tort à celui qui le pratique ?
Échec de l’État à faire régner la justice. « En France, la loi s’applique pour ceux qui la respectent » : cette phrase entendue souvent dit beaucoup sur la réalité de notre pays. D’un côté, il y a les gens solvables et citoyens, qui subissent chaque jour l’écrasant poids des réglementations françaises et européennes, et de l’autre, des bandes et des cités entières qui ont choisi leur propre loi, vivent de l’argent des trafics et des aides publiques, et échappent à la République. La fragilité de la justice met du reste régulièrement les forces de l’ordre, si souvent désavouées à la fin de la chaîne pénale, en position limite pour maintenir l’autorité. […]
cadoudal
la République ne sait faire que deux choses:
construire la route de la décadence et du déclin, celle qui mène à Sodome et à la faillite;
faire la chasse à la bête immonde, le gaulois catho.
Arwen
Monsieur Bert me fait sourire…
Les émeutes se sont calmées parce que les dealers et les imams y ont mis le hola.
Elle est belle l’autorité de l’état…
philippe paternot
autorité de l’état: qui ne s’exerce que sur les policiers en leur intimant l’ordre de reculer face aux casseurs