Extraits de l’analyse effectuée par Polémia :
"Les violences urbaines et les émeutes ethniques de la Toussaint, ou plutôt du ramadan 2005, ont jusqu’ici fait l’objet de la part des autorités politiques et médiatiques d’un double traitement sémantique à base de "fermeté et de justice". Quelques mois de prison ferme d’un côté pour les émeutiers, des torrents d’eau de rose pour les habitants des cités, de l’autre. Mais la réalité des banlieues est complexe : il n’y a pas d’un côté des petites minorités aussi oisives qu’agressives, de l’autre une masse de travailleurs désireux de s’intégrer ; malheureusement, il y a aussi une partie importante de la population des cités qui s’est installée dans une économie de rentes : rente des trafics, rente des activités parallèles, rente sociale, rente des services publics, rente d’emplois, rente idéologique.
1. La rente des trafics
La première opinion qui court sur les banlieues consiste à opposer populations tranquilles et délinquants. La réalité est autre : c’est la connexion du business entre les gros trafiquants et les petits délinquants et le fait que le bénéfice des trafics, gros ou petits, profite à une partie importante de la population des cités en termes de redistribution des revenus (cercles familiaux, des emplois à partir des entreprises et des commerces créés avec l’argent des trafics, aumônes versées à certains imams qui permettent le développement d’un islamisme militant et souvent radical.) De ce point de vue, ce qui est à l’origine des émeutes, ce ne sont pas les expressions vigoureuses de Nicolas Sarkozy, c’est la création et la réussite des GIR : ce n’est sûrement pas un simple hasard si les émeutes coïncident avec l’implantation dans les banlieues les plus difficiles de 17 compagnies de CRS et de 7 escadrons de gendarmerie ; c’est la réaction de tous ceux qui ne veulent pas risquer de voir se réduire les zones de non-droit. Derrière les petits émeutiers, l’enjeu de la bataille c’est donc la défense des trafics par tous ceux qui en profitent et pas seulement les caïds.
2. La rente de l’économie parallèle
Souvent financée par l’argent des trafics, une économie parallèle se développe dans les banlieues, touchant tous les commerces.
3. La rente sociale
Beaucoup d’habitants des cités des banlieues vivent aussi de la rente sociale que leur procurent les allocations familiales, les aides sociales diverses, municipales et départementales, voire des aides ménagères, le RMI ou la CMU. Dans ce dispositif, le RMI est central, car, outre le revenu, il procure une multitude d’avantages complémentaires qui rendent peu attractive la recherche d’un travail officiel mais qui constituent un appoint appréciable aux petits trafics.
4. La rente des services publics
Pour la première fois, le discours sur le «manque de moyens des banlieues» s’est heurté à l’incrédulité générale : réunis le 3 novembre à Matignon par le Premier ministre, les maires de banlieue ont repoussé par avance un «énième plan Marshall». C’est que depuis trente ans les banlieues reçoivent une abondance de crédits. Le maire socialiste de Trappes où 27 autobus ont été incendiés le 3 novembre soulignait à quel point l’habitat avait été rénové dans sa commune… sans que cela suffise à régler les problèmes. S’agissant de l’Education nationale, les cités sensibles ont avec les ZEP le plus fort taux d’encadrement d’élèves par les professeurs (on compte en moyenne de l’ordre de 10 élèves par professeur dans les collèges) de France et même du monde. Et il est peu vraisemblable qu’un effort supplémentaire change quoi que ce soit à la réalité économique et sociale des banlieues.
5. La rente idéologique
Si les émeutes ethniques se sont aussi facilement développées, c’est qu’elles ont rencontré de la part de la population qui vit dans les banlieues une double attitude : la résignation de ceux qui en souffrent mais ne peuvent s’y opposer sauf à y risquer leur vie, et la complicité des autres qui laissent leurs fils, leurs frères, leurs neveux ou les fidèles de leur culte s’y livrer. La rente économique et sociale des banlieues s’appuie d’ailleurs sur une rente idéologique : la culpabilisation de la France et des Français par la mise en cause de leur racisme, de la colonisation et de l’esclavage. En servant de légitimation à tous les actes de violences ou d’incivilités, l’antiracisme a généré une nouvelle forme de racisme : le racisme des éléments les plus radicaux des «minorités visibles» à l’égard des représentants de la majorité française d’origine qui se trouvent minoritaires dans les cités. D’ailleurs, les seules victimes de meurtres jusqu’ici ont été Jean-Claude Irvoas tué à Epinay pour avoir voulu résister au vol de son appareil photo et Jean-Jacques Le Chenadec tué pour avoir résisté à l’émeute en tentant d’éteindre, à Stains, un feu de poubelles. Car comment un peuple peut-il assurer son présent et, qui plus est, parvenir à assimiler des éléments étrangers quand il efface la mémoire de son passé ou accepte de la voir diabolisée ?
6. Il ne faut pas changer de politique, il faut changer de paradigmes
Aujourd’hui la sortie de crise passe d’abord par le rétablissement de l’ordre et de la paix civile dans les banlieues. A terme, la pacification des quartiers ethniques ne passera ni par la problématique «tolérance zéro» qui supposerait la construction de plusieurs centaines de milliers de places de prison, ni par des rencontres mondaines avec des représentants choisis ou autodésignés des «minorités visibles», ni même par une injection de crédits supplémentaires mais par un changement de paradigmes.
Ce qu’il faut abandonner, c’est le discours dominant des trois dernières décennies : l’immigration n’est pas une chance pour la France mais un boulet économique et social ; l’intégration ne marche pas ; l’antiracisme ne facilite pas l’intégration, au contraire, il la rend plus difficile en débouchant sur un racisme à rebours et la diabolisation de l’identité française ; l’Etat-providence et la commune-assistance ne règlent pas tous les problèmes économiques et sociaux, ils les enracinent dans la durée.
Le véritable problème des banlieues n’est pas technique. Il est politique, il est moral. Il suppose que les Français et les Européens abandonnent leur complexe de culpabilité et retrouvent leur dignité et la fierté de leur histoire. Il suppose aussi que chacun soit mis en face de la responsabilité de ses actes et de ses comportements car il n’y a pas de droits, y compris à l’emploi, sans devoirs."
MJ
arcade
Bravo, volà certainement la meilleure étude des évènements actuels. Tout est bien résumé et c’est vrai que dans ces zones, tout le monde est complice volontaire ou involontaire. Y compris une bonne partie de la population européenne du pays. Pour ce qui est des hommes poilitique, des intellectuels et “bobo”, il ne s’agit plus de complices, mais de co-auteurs qui récolterons, tôt au tard, le produit de ce qu’ils sèment encore et toujours. Ca risque de faire mal.
aygalenq
les multiples associations (mediation,salles de sports,studios d’enregistrement du rap et autres…)ne sont-elles pas également des rentes ?
Une seule aide à apporter aux banlieues
défavorisées : un service de car gratuit et protégé pour les jeunes désireux de suivre des cours du soir !!!
J.A.