Les Juristes pour l’enfance dénoncent :
Ce soir, mardi 2 juin, la série « Le monde d’en face » sur France 5 prétend éclairer les débats sur le projet de loi de bioéthique par la parole d’enfants.
7 enfants issus de PMA ou de GPA ont été filmés en train de répondre à des questions posées sur leur famille. 5 d’entre eux sont de jeunes mineurs âgés de 8 à 13 ans. Seuls 2 sont majeurs (18 et 20 ans).
Ce documentaire entend montrer que ces enfants sont heureux et que, s’ils ressentent un mal-être, c’est uniquement en raison du « regard pesant » des tiers sur leur histoire et de l’homophobie d’une partie de la société.
Juristes pour l’enfance dénonce fermement l’utilisation des enfants faite par ce documentaire pour tenter de justifier les atteintes à leurs droits : en vertu de la Convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU, l’enfant a le droit, à sa naissance et dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux. A moins de vider les mots de leur sens, et de vider ce droit de l’enfant de tout contenu, les parents s’entendent du père et de la mère de l’enfant. En témoignent en droit français les actions en recherche de paternité et de maternité qui permettent toute personne dont la filiation paternelle ou maternelle n’est pas établie, de rechercher si elle le souhaite sa filiation dans ces deux branches.
A moins d’accepter de supprimer ces actions du Code civil, on ne saurait prétendre que la privation de père ou de mère ne méconnait pas les droits de l’enfant. L’utilisation des enfants pour promouvoir cette injustice est choquante : comment des enfants, mis en scène sur un plateau de télévision, pourraient avoir la moindre latitude pour remettre en cause leur venue au monde et leur propre famille ? Cela reviendrait à leur demander d’accuser leurs parents en public, et d’hypothéquer eux-mêmes leur avenir. Il est scandaleux de mettre des enfants face à cette alternative, même si c’est en l’occurrence pour les faire abonder dans le sens de leurs parents.
Si cette exhibition des enfants est indécente, le problème est surtout d’utiliser leur parole pour tenter de faire croire que leur mode de conception n’est pas un sujet et que la loi pourrait sans dommage l’entériner. Que des situations de fait variées existent est une réalité que chacun vit au mieux : mais l’interdiction légale d’avoir une des branches de sa filiation serait une violence institutionnelle faite aux enfants, et il est particulièrement cynique d’utiliser les enfants pour la banaliser et tenter de la justifier.