De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :
"Il incombait au président de la République de rendre hommage, au nom de la nation, au sacrifice héroïque du colonel Beltrame égorgé par un terroriste islamiste le 23 mars dernier. Dans le cadre majestueux de la cour d’honneur des Invalides, le chef de l’État a tenu un discours empreint de gravité et d’émotion.
Un discours incorrect
Rompant avec les ukases du politiquement correct, il a dénoncé « l’hydre islamiste », « l’islamisme souterrain ». Il s’agit là d’un incontestable retour à la réalité. Par une de ces manipulations médiatiques qui laissent pantois, le danger partout dénoncé était jusqu’à peu celui de la « radicalisation », comprise comme une forme d’intégrisme religieux. Le chef de l’État a tenu des propos émouvants sur « le service de la France », « les grands soldats français ». Il en a appelé aux mânes des guerriers de Reims et de Patay, mêlant Jeanne d’Arc et le général De Gaulle dans un même élan au service de la France. C’est ainsi, en héritier d’une histoire millénaire, qu’il s’est, courageusement, positionné, rappelant que « la France mérite qu’on lui donne le meilleur de soi ». Dans ce survol historique, chacun aura observé qu’il ne fut guère question de la République, citée à seulement deux reprises : une fois, en conclusion, dans la formule consacrée : « Vive la République. Vive la France » ; une fois dans une réflexion plus absconse d’essence stoïcienne : « Le socle vivant de la République, c’est la force d’âme ! » Autres mantras absents du discours présidentiel : l’Europe, les droits de l’Homme, la démocratie, etc. En son temps, lors de la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie, le maréchal Staline avait mis en sourdine les discours fleuves sur la « patrie des travailleurs » au bénéfice de la « sainte Russie », réhabilitant, en partie, l’Église orthodoxe. Enfin, Emmanuel Macron a pris des engagements. S’adressant à la famille et au défunt, il a fait des promesses : « Nous vous devons qu’il ne soit pas mort en vain (…) Votre sacrifice nous oblige, nous élève. Il nous dit ce qu’est la France ».
D’inexprimables non dits
Malgré cela, ce discours laisse un certain goût d’inachevé. Nous savons maintenant, grâce au chef de l’État, que le péril est islamiste et que Mireille Knoll était juive. En revanche, concernant le colonel Beltrame, les propos deviennent sibyllins. Derrière la mention du « ressort intime de la transcendance qui le portait », il faut sans doute comprendre qu’il était catholique : comme s’il était des mots que la laïcité interdirait de prononcer de manière positive. Le père Hamel, lui aussi égorgé par un islamiste –une manie –, était ainsi devenu dans la bouche de François Hollande, un « martyr de la République ». Accordons à Emmanuel Macron qu’il nous a épargné ce genre de billevesées. Il semble cependant que le statut de majorité déchue, qui est celui de la religion catholique, ne la mette pas sur un pied d’égalité avec les autres religions historiquement minoritaires. Qui doutera que le même acte posé par un membre d’une autre religion eut donné lieu à un concert de louanges sur les mérites de la dite religion ? Exaltant « l’esprit français de résistance » et faisant référence à « Jean Moulin, Pierre Brossolette, les martyrs du Vercors et les combattants des maquis », Emmanuel Macron a, sans y prendre garde, révélé aux Français que, selon lui, notre pays était occupé. Nous aimerions bien savoir par qui et quelles mesures il compte prendre pour libérer le pays. On n’ose imaginer à quel chef de l’État français d’un pays occupé par l’ennemi et cherchant à s’en libérer, sans avoir toujours la liberté de le dire, il pourrait faire penser…
Les défis à venir
Au-delà de ces bonnes paroles, le chef de l’État est confronté à un défi gigantesque dont les trois dimensions essentielles semblent être les suivantes. [Lire la suite]"