Et Minute, qui ne vit pas de subventions mais de la vente de ses numéros risque sa survie :
"[…] En vertu de la loi Bichet qui régit le processus de distribution de la presse écrite en France depuis 1947 […] les NMPP, rebaptisées Presstalis en 2009, ont le quasi-monopole de la distribution des journaux. Presstalis achemine ainsi 4 000 titres jusqu’aux marchands de journaux, soit 75 % de la presse française, dont la totalité des quotidiens et les trois quarts des maga- zines, dont « Minute ». […] Or Presstalis se trouve dans une situation financière catastrophique. Les chiffres qui circulent – elle se refuse à communiquer sur le sujet auprès des journalistes des titres qui sont supposés être ses actionnaires ! – font état de capitaux nets négatifs supérieurs à 300 millions d’euros, d’un résultat négatif pour l’année 2017 qui serait de l’ordre de 15 millions d’euros et d’un besoin immédiat en trésorerie qui atteindrait les 37 millions d’euros !
Ce dernier chiffre est au demeurant le seul que Presstalis confirme et avance comme argument pour ponctionner la presse française, sans expliquer en aucune manière les raisons de ses « difficultés », ni à nous, les éditeurs de presse, ni au Conseil supérieur des messageries de presse, lui aussi institué par la loi Bichet afin de « veiller au pluralisme de la presse en garantissant l’impartialité de sa distribution », et dont les attributions ont été renforcées par une loi de 2011.
[…] Que s’est-il passé ? Mystère et silence radio. […] Toujours est-il que le 6 décembre dernier, Michèle Benbunan, directrice générale de Presstalis, a écrit aux « chers éditeurs » pour les informer que Presstalis avait demandé au tribunal de commerce l’ouverture d’une procédure de conciliation mais que, surtout, le conseil d’administration de Presstalis avait pris « des mesures de protection de la liquidité » – de la sienne, évidemment – consistant, pour les éditeurs de second ordre que nous sommes, en « une retenue de 25 % des règlements » ! Avec un délai pour se retourner ? Que nenni ! Avec effet rétroactif ! Cette retenue, Michèle Benbunan, l’appliquera « à compter de la prochain décade ». Le futur est trompeur. Pour faire simple, Presstalis verse, par décade, des « avances » puis des soldes, sur les ventes des semaines précédentes. Très précédentes… En annonçant au début du mois de décembre que nous serions amputés d’un quart de nos recettes à partir de la prochaine décade, Michèle Benbunan nous signifiait en réalité que nos ventes réalisées en octobre et en novembre, qui ne nous avaient pas encore été réglées, seraient elles aussi amputées de 25 % de leurs recettes ! Ce qui s’est produit. […] Et quand la somme nous sera-t- elle restituée et le sera-t-elle même un jour ? « Cette retenue […] sera maintenue au bilan de Presstalis et des éditeurs dans l’attente d’un accord global assurant le financement pérenne de l’entreprise incluant le traitement de ses créances. Nous reviendrons alors avec des propositions à ce titre au cours du 1er trimestre 2018. » Ou à la Trinité. Et, surtout, si nous sommes encore là pour entendre ce que madame Benbunan a à nous « proposer ».
[…] Nous avons fait et refait les comptes : avec 25 % du produit de nos ventes en kiosque et chez les marchands de journaux en moins, ça ne passe plus. Notre imprimeur, bienveillant, ne peut pas baisser plus encore ses tarifs sauf à perdre de l’argent. Nos frais sont réduits au strict minimum. Nous n’avons pas de locaux. Et nous ne pouvons pas demander plus d’efforts à nos journalistes, qui, déjà mal payés, ont accepté pour ceux qui le pouvaient, après ce coup de massue de décembre, que leur rémunération soit différée de plusieurs semaines. Les solutions qui s’offrent à nous – façon de parler – sont au nombre de deux : soit nous chan- geons de distributeur, car il en existe un autre, mais cela exige que nous disposions de la trésorerie nous permettant d’assurer la transition – cette trésorerie que Presstalis nous empêche de conserver ! –, soit nous nous replions sur la vente par abonnement. Par quelque bout que nous prenions la question, il n’y en a pas de troisième. Sauf l’arrêt. Sauf la mort. Sauf la disparition pure et simple d’un titre emblématique de la droite française, créé en 1962, et dont l’existence n’a certes pas été épargnée par les crises mais qui les a toujours surmontées avec vous et grâce à vous. […]"
Pour s'abonner.
LB
Il ne faut pas oublier de dire qui sont les NMPP.Il est clair que ce monopole est ni plus ni moins que maffieux.
Irishman
Monopole et gérance syndicaliste… Inutile d’aller chercher plus loin la situation catastrophique de Presstalis !
Qui ne manquera pas de faire la chasse aux “fake news” qui inquiètent tant manu Jupiter et ses péones…
gaudete
il faut demander escomptes à la CGT qui gère cette société, laissons les crever
roissard
Et le passage au numérique ?