Partager cet article

France : Politique en France

En presque cinq ans de ministère, Robert Badinter aura transformé profondément le système judiciaire

En presque cinq ans de ministère, Robert Badinter aura transformé profondément le système judiciaire

De Nicolas Kinosky dans La Nef à propos de Robert Badinter :

[…] La peine de mort est la peine capitale, car elle est au sommet de la pyramide des peines. De celle-là se déclinent toutes les sanctions possibles en réponse à des crimes ou des méfaits. L’abolition de la peine capitale a ébranlé la pyramide des peines et des sanctions au point de désordonner l’ensemble, et de conduire à un tohu bohu dans la société où pour caricaturer, comme le chantait Jean Ferrat dans Tout Berzingue : « vole une pomme et tu es cuit, descend un homme, t’as du sursis ». Tous ces arguments : « la peine de mort n’est pas dissuasive », » elle ne fait pas réfléchir », « elle ajoute du sang sur du sang », ont leur part de vérité, si seulement le débat ne se situait pas là. Si l’on croit que la justice est une réparation par équivalence, il est normal qu’au meurtre de l’innocent, la justice se donne les moyens du monopole de la vengeance légitime pour empêcher toute haine et toute vengeance personnelle, pour réparer un crime et équilibrer la perte d’une vie face à un criminel dont l’enfermement lui assurerait, par moment, certains moments de bonheur alors qu’il a volé une vie. Et au de-là, n’y-a-t-il pas pire faillite de la justice et des beaux idéaux de monsieur Badinter quand un criminel réinséré replonge dans le crime, qu’un meurtrier prend à nouveau une vie, brise une famille qui ne s’en remettra pas, que la prison ne terrifie plus les mauvaises âmes habitées ? C’est à désespérer de la naïveté qui ne voit pas que l’homme est sur la pente glissante du mal. La justice de monsieur Badinter a causé de la souffrance et du mal chez les gens ; la société a été traumatisée par les affaires, victime de l’insécurité, démoralisée par les injustices, écœurée par la faillite de la justice. Cet idéal naïf et généreux a permis à des magistrats furieux et idéologues de laisser libre cours à leurs lubies et à des intellectuels dégénérés de se pignoler sur des criminels. La peine de mort avait son esthétique chez Montherlant, de Maistre et Baudelaire ; la crapule est devenue une idole de la contre-culture ; le théâtre interlope de ces années-là avait son Cid avec Roberto Succo.

« Le système est simple : nous avons une justice de liberté ». En presque cinq ans de ministère, Robert Badinter aura transformé profondément le système judiciaire : suppression de la cour de sûreté de l’état, la fin du texte « Sécurité et liberté », réforme du code pénal napoléonien ; il a œuvré pour la réinsertion des criminels, a supprimé les Quartiers de haute sécurité, tout en se conformant au droit européen. A la fin de sa vie, il en est venu à penser que la prison était une torture. L’homme comme concept n’est pas coupable, si l’on pense volontiers que la liberté définit l’homme, alors, on ne peut pas non plus l’enfermer. A l’insécabilité de ce dernier succède son « inclosubilité ». Abolissons les prisons ! Vaste programme !

« De toute les épreuves qu’un avocat puisse connaître, on avait quarante-cinq minutes pour sauver la vie d’un homme, c’est le plus effrayant vertige qu’un être humain puisse avoir ». Soit. Mais alors, pourquoi n’avoir jamais écrit une ligne, ne s’être jamais arrêté sur le sort, juste ou injuste, là n’est pas la question, de Bastien-Thiry, Degueldre et Claude Piegt ? Jean Dutourd, bête noire du monde germanopratin, a un début de réponse :  la peine de mort ne serait jamais supprimée pour les ennemis politiques. Ce même Badinter, alors qu’on lui demandait s’il aurait voté la mort du roi, a répondu qu’« il fallait que la tête du roi tombe pour que le peuple soit souverain ». Voilà. S’il fallait trouver encore une incohérence dans l’ensemble de son œuvre, on vient de la trouver.

Partager cet article

5 commentaires

  1. “La justice de monsieur Badinter a causé de la souffrance et du mal chez les gens ; la société a été traumatisée par les affaires, victime de l’insécurité, démoralisée par les injustices, écœurée par la faillite de la justice.”
    Voilà qui résume bien l’ “oeuvre” de Badinter . La souffrance des gens, ça ne l’intéressait pas . Seul comptait le parti politique, et seulement politique, qu’il pouvait tirer de sa manoeuvre . Il a pleinement réussi . On doit donc l’enterrer au Panthéon. Point barre . Avant de “détricoter” son oeuvre pour notre plus grand bien . Malfaisant.

  2. ” Il fallait que la tête du roi tombe pour que le peuple soit souverain” dixit R.Badinter.

    Très chamallow comme argument !
    Très surprenant de R.Badinter et de tout ce qu’il en est dit!

    Surtout quand on voit ce qu’il est advenu de notre souveraineté.

    Il est des états, des nations qui ont aboli la peine de mort sans pour autant dévoyer leur code pénal et leur système judiciaire !

  3. Robert Badinter avait une notion toute personnelle de la justice, qu’il exprima publiquement à l’occasion de la réception du prix spécial LICRA 2022 qui lui fut décerné : “Même si mon frère a tort, c’est mon frère”. Il parlait alors d’Israël. Ainsi, quel que soit la faute, ou le crime, commis par cet état, il en était absous d’avance, au titre de l’appartenance à la communauté (https://www.tribunejuive.info/2024/02/09/robert-badinter-meme-si-mon-frere-a-tort-cest-mon-frere/).

    C’est en totale cohérence qu’il a présenté un peu avant, en 2020, une requête visant à exclure la compétence de la Cour Pénale Internationale en cas de crime commis par Israël en Palestine, arguant entre autre motif que la Palestine n’a pas de statut étatique. https://www.icc-cpi.int/sites/default/files/CourtRecords/CR2020_00488.PDF

    Il faut aussi rappeler l’affaire du talc Morhange, très pudiquement rappelée par sa page Wikipédia, qui a causé la mort de 36 enfants, les victimes n’ayant été indemnisées que 6 ans plus tard, sous la pression de journalistes d’investigation. Badinter était avocat de la firme, condamnée en 1979, et amnistiée en 1981 sur proposition de Badinter, devenu garde de sceaux sous Mitterrand.

    Il serait donc parfaitement logique qu’un tel personnage soit honoré au Panthéon, entre Simone Veil et Joséphine Baker.

  4. Il est effarant de voir notre petit blondinet qui nous sert de Président de la République parler d’un géant dans son panégyrique de Badinter. Il n’a été qu’un ministre idéologue de la justice de la gauche affairiste mitterrandienne qui a mis la justice française dans cet état que nous connaissons. Il a abrogé la peine de mort , seulement pour certains, car lui aussi “avait ses têtes” … Et l’enfant à naître non désiré devait continuer à être éliminé selon lui et son épouse. Si nos “géants de l’histoire ” n’ont que cette dimension, nous avons changé d’échelle au XXI è siècle. Mais c’est vrai que comparé aux ministres lilliputiens de la macronie, par effet d’optique Badinter paraissait en effet très grand.

    • Tout-à-fait d’accord avec vous , colcombet ! ce ” petit blondinet ” que vous citez aura sans aucun doute été l’un des pires nuisibles à la tête de la France !…. Cet encensement continu de Badinter par ce minus est stupide et insupportable !!!

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services