…, Liberté politique propose deux réflexions :
Un texte d’un universitaire jésuite intitulé, de manière un peu trompeuse, "Pourquoi et comment réformer l’ONU ?"
Un peu trompeuse, parce que le texte ne traite que très peu de la problématique effectivement évoquée lors des récents débats, mais traite de la position chrétienne vis-à-vis d’une société des nations en général. On ne sera pas d’accord avec tout (en particulier avec des préjugés tiers-mondistes de l’auteur), mais au moins le texte prend-il de la hauteur et permet-il de dépasser le simple "pour ou contre l’ONU ?"
Un autre de Jean Flouriot sur la question si prégnante de l’aide à l’Afrique : "faut-il recoloniser l’Afrique" ?
Le titre est, ici encore, trompeur – l’auteur n’évoque pas sérieusement cette hypothèse. Il effleure, sans le poser très clairement, le dilemme classique entre aider directement les populations (au risque de compromettre le développement du pays à plus long terme) et s’appuyer sur les structures étatiques existantes (avec la certitude que l’aide sera très majoritairement détournée). Ce dilemme central fait maintenant l’objet d’une littérature abondante, par exemple chez Bernard Lugan (De la colonisation philanthropique à la recolonisation humanitaire, 1995), Nicolas van de Walle (Repenser l’aide à l’Afrique, 1999) et Francis Fukuyama (State Building, 2004.)
Pour citer ce dernier ouvrage :
La communauté internationale (…) est en fait complice de la destruction de capacité institutionnelle [c’est-à-dire les attributs d’un gouvernement efficace, NDT] dans de nombreux pays en développement. Cette destruction de capacité intervient malgré les meilleures intentions des donateurs. (…)
[E]n pratique, la fourniture directe de services affaiblit presque toujours la capacité du gouvernement local à les fournir une fois que le programme d’aide prend fin. (…) Les responsables dans le domaine de l’aide au développement devraient au minimum jurer, comme les médecins, de "ne pas nuire", et ne pas initier de programmes qui sappent ou aspirent la capacité institutionnelle sous prétexte de la renforcer.