Interrogé dans Pèlerin, Mgr Cattenoz, archévêque d’Avignon, s’exprime sur l’enseignement "catholique" :
"Victime de son succès, l’enseignement catholique a perdu son caractère propre. Les chefs d’établissement (…) contrôlent de plus en plus difficilement l’embauche des professeurs. Ceux que les académies nous envoient ne sont pas toujours correctement formés aux missions d’enseignement. En outre, nombre de directeurs reconnaissent eux-mêmes n’être pas croyants ou pratiquants. [P]ar esprit de consensus, les projets éducatifs des établissements se limitent en général au plus petit dénominateur commun: la transmission de valeurs comme le partage ou la tolérance. [L]e Christ doit être au centre de l’enseignement catholique".
Mais surtout, Mgr Cattenoz propose
"de renégocier avec l’Etat une forme de contrat plus souple, afin de laisser aux chefs de ces établissements plus de latitude dans le recrutement du personnel enseignant".
C’est un véritable pavé dans la mare, à l’opposé de ce que disait la semaine dernière le secrétaire général de l’enseignement sous contrat, Eric de Labarre. Renégocier le contrat avec l’Etat fait partie des tabous que personne n’ose remettre en cause, de peur de perdre les subsides y afférent, alors que la liberté (religieuse) est à ce prix.
L’archévêque soutient aussi l’idée que "les diocèses puissent accueillir des établissements où la proposition de foi soit plus poussée", ce qui n’a rien à voir avec un "repli identitaire […] totalement contraire à l’Evangile: le Christ est celui qui s’ouvre à l’humanité tout entière". Dans le Monde de l’Education, il estime en outre qu’il faut "absolument dégraisser le mammouth de l’enseignement catholique".