Loïc Garnier, ancien patron de la brigade criminelle devenu chef de l'unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), déclare au Figaro :
"Aujourd'hui en France, plusieurs centaines de gens potentiellement dangereux ou exprimant des velléités de départ vers le djihad sont sous surveillance. C'est une question majeure de sécurité mais aussi un enjeu de santé publique puisque nous sommes face à un nombre important de très jeunes individus qui n'imaginent pas qu'ils vont mettre en jeu leur vie et leur santé mentale… […]
Nous savons que certains jeunes individus, des djihadistes européens parmi lesquels figurent des Français, sont pris en charge par des cadres d'al-Qaida qui les entraînent dans le but de mener des attentats en Europe. Sélectionnés sur des critères notamment linguistiques, sur leurs capacités à se fondre parmi la population occidentale et à frapper le moment venu avec toute la détermination nécessaire, ils apprennent les techniques de fabrication de bombes artisanales, l'art de la dissimulation et tout le sang-froid voulu pour commettre un attentat suicide. Ayant fait l'objet d'un «lavage» de cerveau, ils ne sont plus dans un combat contre Bachar le dictateur mais aux sources de la dialectique d'al-Qaida qui dit: «Là où tu es, frappe le mécréant, frappe l'apostat.» Nous sommes face à une menace protéiforme, à un phénomène que l'on a jamais connu. C'est aujourd'hui notre plus grande inquiétude.
[…] Sachant que la surveillance d'une seule personne 24 heures sur 24 suppose un minimum d'une vingtaine de fonctionnaires à renouveler tous les deux jours pour éviter qu'ils se fassent repérer, il est impossible, ni même souhaitable, d'épier tout le monde.
[…] Pour l'heure, on dénombre environ 850 djihadistes français potentiels, dont 31 sont décédés et certains ont pris la route du retour. […]"