Tugdual Derville revient sur l'engouement médiatique morbide déclenché par les confidences des malheureux parents du petit Titouan, alors en plein désarroi :
"Est-ce la vox populi qui doit décider du sort d’un être humain ? Comme la justice, la médecine a besoin de sérénité pour ne pas tomber dans l’arbitraire. Assimiler le handicap à une vie « foutue », comme je l’ai entendu d’un auditeur d’Europe1, c’est d’une grande violence pour les personnes handicapées. Prétendre qu’il appartient aux parents de décider de la vie ou de la mort de leur enfant selon son état de santé, c’est aussi faire peser sur eux une responsabilité inhumaine. On finit par envoyer le message à tout parent frappé par l’épreuve du handicap de naissance : « C’est de votre faute, vous l’avez voulu, à vous d’assumer ! » (…) C’est ainsi que monte la pression pour l’euthanasie néonatale."
Tugdual Derville se montre en revanche très rassurant sur la façon dont l'équipe du CHU de Poitiers a pris la décision d'arrêter la réanimation du grand prématuré :
"Le professeur Pierre a pris soin de préciser que ce n’était ni la demande des parents ni sa médiatisation qui avait provoqué la fin de vie du petit bébé, le 19 septembre. La respiration autonome n’était plus envisageable et la réanimation était donc devenue inutile ou disproportionnée. Il reste que le déséquilibre entre l’écho donné à la colère irrationnelle des parents et le silence sur le travail discret des soignants interroge."
A lire également, cette tribune d'un chirurgien pédiatre en néonatologie, parue sur FigaroVox, qui éclaire aussi la décision de l'équipe de Poitiers.