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Science

Et si le coronavirus remettait en cause les principes mêmes de la recherche médicale?

Et si le coronavirus remettait en cause les principes mêmes de la recherche médicale?

A la faveur de la guéguerre entre le ministère de la Santé et le Pr Raoult, que nous suivons avec passion depuis quelques jours, je découvre (grâce à un lecteur du SB: décidément l’intelligence collective, ça existe vraiment!) le blogue Anthropo-logique animé par Jean-Dominique Michel, qui se définit comme “anthropologue de la santé”. Ce dernier vient de mettre en ligne un passionnant article intitulé: “Hydroxychloroquine: comment la mauvaise science est devenue une religion“. J’y lis ceci:

Ce que le public ignore, lui qui fait un peu naïvement confiance aux « scientifiques », c’est que la recherche médicale est en crise systémique depuis plus de 15 ans. A l’époque, John Ioannidis, un médecin né à New York, passé ensuite par les Universités d’Athènes et Ioannina (Grèce) puis Harvard, avait lancé un sacré pavé dans la mare sous la forme d’un article intitulé « Why Most Published Research Findings Are False » (“Pourquoi la plupart des résultats de recherche scientifique publiés sont faux.”). […] Dix ans plus tard, la société californienne Amgen (leader mondial de l’industrie des biotechnologies médicales) lança une montagne dans la mare en révélant avoir essayé de répliquer les résultats de 47 de 53 articles “phares” fondant les principaux protocoles alors utilisés contre le cancer. […] On comprend comment tout la fiabilité d’un résultat de recherche implique sa reproductibilité. Le « test » de Amgen, publié en 2016 dans le prestigieuse revue « Science » fit désordre : des 53 expériences reproduites, les chercheurs ne purent retrouver les mêmes résultats que pour… 7 d’entre elles !

J’avais en tête que la médecine n’était pas une science au sens de la biologie ou de la physique (en rigueur de termes, elle n’est même pas du tout une science mais un art, nous allons y revenir), mais, à ce point, j’avoue que je tombe de la lune.

L’article, fort long pour un billet de blogue et fort documenté, se poursuit en évoquant le poids de l’industrie pharmaceutique dans la recherche médicale – ainsi que les conflits d’intérêts que cela peut entraîner, y compris dans le monde politique:

Un des aspects de la corruption systémique mise en avant par les éthiciens de Harvard tient aux multiples conflits d’intérêtcompromissions et liens d’influence entre les organes de régulation gouvernementaux et l’industrie pharmaceutique. Agnès Buzyn l’avait asséné avec une audace digne de la plus rude propagandistes en disant en substance que puisque nul ne connaissait mieux les médicaments et les vaccins que les pharmas, il était inquestionnable qu’ils soient fortement présentes dans les instances de régulation étatique. La nomination de son mari, Yves Lévi, à la tête de l’INSERM fut fortement critiquée (même par le Lancet) en raison d’un conflit d’intérêts évident découlant de ses liens étroits avec l’industrie vaccinale. Ceci au moment où son ministre d’épouse imposait 11 vaccinations obligatoires, une mesure sans précédent et sans utilité médicale convaincante pour la plupart d’entre elles…

Ce qui nous amène au plus intéressant, selon moi, la conclusion:

La recherche scientifique donc, est très largement faisandée et mal fichue au point d’en être globalement douteuse. La vraie raison, vous ne l’entendrez jamais mentionnée : c’est simplement que la médecine n’est pas une science. C’est une question épistémologique un peu trop complexe pour être développé ici, mais pour faire simple : elle ne dispose des caractéristiques autoréférentielles propres aux disciplines scientifiques (puisque ses cadres de références sont d’autres sciences, comme la biologie, la physique et la chimie, mais aussi la psychologie, la sociologie, l’anthropologie ou la noologie).

Les méthodologies de l’Evidence-Based Medicine ont fait saliver une génération de médecins qui espéraient s’élever vers le Ciel grâce à cette nouvelle religion. Mais le propre de la démarche hypothético-déductive, c’est le réductionnisme. On en vient à imaginer pouvoir rétrécir une personne humaine dans toute sa complexité à une simple liste de variables biologiques -ce qui aujourd’hui est tout ce que certains médecins savent encore faire.

Qu’une variable biologique puisse donner une information utile sur une situation clinique, bien sûr, mais la médecine, fondamentalement, est avant tout une praxis, soit à la fois un art et une science. Si l’EBM vient en soutien de cette réalité, c’est bien. Mais quand elle se fait plus grosse que le bœuf, c’est le patient qui explose.

Du fait de ces boursouflures, confusions et compromissions, la médecine est aujourd’hui à risque de perdre son sens et son âme. La « mauvaise » médecine (mauvais diagnostics, mauvais traitements, médicaments toxiques) est devenue aujourd’hui aux États-Unis la troisième cause de mortalité après les maladies cardiovasculaires et les cancers.

Les médecins le savent et l’admettent en privé : ils sont conscients de ne plus pouvoir accorder confiance aux études financées par les pharmas, auxquels appartiennent d’ailleurs toutes les grandes revues « scientifiques » qui en constituent en quelque sorte le service marketing.

Il est vraisemblable que l’essentiel du conflit entre le ministère de la Santé et le Pr Raoult se trouve ici. Ce dernier ne prétend pas jouer au chercheur, mais au médecin (il est d’ailleurs significatif qu’il ait un parcours académique très atypique, puisqu’il a abandonné le lycée à 17 ans, avant de passer un bac littéraire en candidat libre, puis d’intégrer la faculté de médecine). Il a découvert empiriquement que la chloroquine donnait des résultats dans la lutte contre le covid-19 et il ne dispose d’aucun autre traitement; alors il applique celui-ci. Au contraire, le ministère veut appliquer le protocole usuel de mise sur le marché d’un médicament. Il est évident qu’ils ne peuvent pas se comprendre. Et, s’il n’y avait pas des personnes qui mouraient en ce moment, ce débat serait passionnant et, à beaucoup d’égards, hilarant: le scientisme de M. Homais, qui continue à hanter les couloirs ministériels, a du plomb dans l’aile…

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2 commentaires

  1. La corruption coûte cher, elle peut même tuer …

  2. Depuis des décennies, seuls les aveugles ne veulent pas voir l’action de contrôle et de subornation que les grands laboratoires pharmaceutiques mènent sans relâche contre les décideurs : mandarins des hôpitaux et autorités sanitaires, jusqu’au ministre lui-même puisque généralement choisi dans le sérail qui impose sa désignation au Premier ministre. Ainsi, hier, Bien-fait-Macron-TV interviewait un des principaux responsables de l’institut Pastrur au sujet de l’action du Pr. Raoult, puis un des médecins de l’hôpital de la Timone (mitoyen de l’IHU où exerce le Pr. Raoult). Avec un touchant ensemble, les 2 interviewés remettaient en doute l’œuvre du Professeur, l’accusant de travailler en solitaire, faisant de l’ombre à la Timone, allant même jusqu’à laisser entendre que le Pr Raoult exerce dans un établissement privé, effectuant des tests biaisés, se fondant sur des échantillons notoirement insuffisants – donc sans valeur…
    Je pense que les réponses de ces 2 bons samaritains découlent directement de l’influence généreuse des lobbies pharmaceutiques, cette générosité pouvant se manifester de façon financière ou par des avantages en nature.
    Pour ceux qui croient que l’IHU est un établissement privé :
    http://fr.ap-hm.fr/service/pole-maladies-infectieuses-chu-timone-ihu-mediterranee-infection
    Cela se passe de commentaire supplémentaire.

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