Alors que tout le monde s'accorde maintenant à reconnaître que la grande majorité des participants aux Etats-Généraux sont hostiles à l'extension de la PMA, Emmanuel Hirsch, professeur des universités, directeur de l'Espace éthique de la région Île-de-France, et président du Conseil pour l'éthique de la recherche et de l'intégrité scientifique de l'Université Paris-Saclay, appelle dans le Figarovox à ne pas décevoir ces participants :
"La phase de concertation publique, pour le moins brève, s'achève en avril. Sur le plan quantitatif, le bilan de la participation est très positif: les citoyens se sont investis massivement dans la réflexion. Si les contributions exprimées sur le site des états généraux de la bioéthique font apparaître de manière significative deux thématiques (procréation et société: 14 447, prise en charge de la fin de vie: 6 625), il serait hors de propos et probablement dangereux de ne retenir de ces débats que ces deux seuls sujets. Je crois que l'heure n'est plus tant à défaire le passé qu'à nous tourner résolument vers les défis de l'avenir, posés par la révolution numérique.
J'ai moi-même constaté l'engouement d'un public nombreux et assidu au débat sociétal, débat qui à tant d'égards conditionne le devenir de notre démocratie.
Que l'on ne se trompe, la société est mobilisée et réclame de s'approprier de nouveaux savoirs, avec un sens évident du bien commun et une conscience profonde de nos responsabilités au regard des générations futures. Je suis impressionné par l'adhésion du public rencontré au cours de nos débats, notamment à Sciences Po ou à la Mairie du 4ème arrondissement de Paris. La mobilisation a été forte, et cette exigence doit être comprise et respectée. Il ne faudrait pas tromper les Français.
Au cours de ces rencontres, qui ont permis d'aborder les thématiques émergentes et décisives des innovations scientifiques, ce sont les membres représentatifs d'une société qui a envie d'avenir, de sens, de solidarités et de responsabilités partagées qui ont exprimé avec des arguments de qualité leur vision d'un monde qu'il nous faut repenser, inventer ensemble. Leur expertise constitue une richesse qui ne devrait pas être négligée. Certains se demandent dès à présent s'ils ne seront pas déçus par les décisions ou les renoncements qui suivront ces quelques semaines porteuses de promesses.
Il me paraît indispensable d'accompagner avec attention et méthode la phase qui suivra ces états généraux. Certains nous posent déjà des questions et manifestent une certaine impatience, voire une suspicion à l'égard des instances publiques concernées. Quelle sera l'audience effective accordée aux synthèses tirées de ces rencontres en région? Comment seront analysées et prises en compte les nombreuses contributions rédigées par celles et ceux qui ont souhaité participer à la concertation nationale? La parole des experts aura-t-elle plus de poids que les nombreuses interventions, souvent brillantes, de citoyens qui demandent maintenant que leur parole soit entendue?