Analyse des résultats obtenus par Marine Le Pen par Étienne Lahyre, haut-fonctionnaire et ancien élève de l'ENA, pour le site Polémia. Analyse qui n'est pas sans rappeler le débat de fond qui avait déjà animé la droite nationale fin 1998-début 1999 avec la scission de Bruno Mégret. Extraits :
"Après chaque épreuve, chaque défaite, chaque trahison, Jean-Marie Le Pen chantait. Invariablement. Pour faire bonne figure ; pour se donner du courage, ou pour remotiver les troupes hagardes, c’était selon (…) Le soir du 7 mai 2017, Marine Le Pen dansait. Sa défaite était consommée. Et la présidente du FN en était presque soulagée (…) Jean-Marie Le Pen affichait un visage renfrogné le soir du 21 avril 2002, quand les militants euphoriques voyaient en sa qualification pour le second tour de l’élection présidentielle la concrétisation de leurs efforts et de leur dévouement ; et ce 7 mai, alors qu’elle obtenait 10 millions de voix de moins que son adversaire et que l’espoir de la voir un jour accéder à la présidence avait quitté les plus candides, c’est la mine goguenarde de Marine Le Pen que les militants frontistes abattus durent supporter. Le calice jusqu’à la lie (…)
C’est un immense sentiment de gêne, voire de honte nationale qu’ont éprouvé les patriotes à l’issue de la performance indigente de leur candidate. Et un sentiment d’abattement à l’annonce des résultats du second tour, tant ceux-ci donnent peu de motifs de satisfaction et d’espoir.
« L’ennemi, c’est celui qui vous hait et veut vous détruire, l’adversaire, c’est celui qui vous aime et veut vous transformer. Les démocraties cultivent leurs ennemis ; elles liquident leurs adversaires. »
Cette sentence est tirée de Globalia de Jean-Christophe Rufin. Le Front National est, depuis son émergence dans les années 1980, l’ennemi idéal. Celui dont tout individu doué de raison sait pertinemment qu’il ne gagnera jamais (…)
Au moment de la crise entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, Serge July avait déjà tout dit dans la conclusion ce papier :
« La corrosion lepéniste n’est pas inactive pour autant et sa menace rôde toujours. On préférait ne pas avoir à utiliser ce moyen, mais la réalité étant ce qu’elle est, il faut garder Le Pen précieusement. Même si c’est à son corps défendant, il rend vraiment beaucoup de services à la démocratie. ».
Ces mots ont vingt ans, et ils n’ont jamais paru aussi justes.
En tout état de cause, et face à n’importe quel adversaire, il se trouvera toujours une majorité de Français qui refusera de voter pour un candidat portant le patronyme « Le Pen », ou se présentant sous les couleurs d’un parti nommé « Front National ». Et quand bien même les premiers jours de campagne du deuxième tour pouvaient laisser espérer un résultat convenable (autour de 40%), la décrue avait déjà commencé avant même le calamiteux débat, quand s’engageait la séquence « deuxième guerre mondiale », ultima ratio, pourtant usée jusqu’à la corde, mais remarquablement efficace.
Marine Le Pen et le Front National doivent en tirer les conséquences, et sacrifier leurs intérêts à celui de la nation. En sont-ils capables d’eux-mêmes ? Nous sommes bien entendu convaincus du contraire (…) La compétition électorale et les mandats sont les seuls choses qui semblent intéresser les candidats FN, dont beaucoup ont quitté le monde du travail pour ne vivre que de la politique. Les électeurs patriotes doivent prendre conscience de l’arnaque que constitue le vote en faveur du FN : loin de combattre le système, ce parti en constitue l’assurance-vie (…)
Sachons tirer l’enseignement de la victoire de Macron. Celle-ci valide l’adage du Cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment ». En cultivant l’ambiguïté jusqu’à la fin de la campagne, Macron a réussi à faire voter les cégétistes en faveur d’une loi El Khomri puissance dix et les fillonistes conservateurs pour la PMA et la GPA (…)
Macron a intitulé son mouvement « en marche ! » : le symbole du culte du progrès, de la société liquide, des flux de toutes sortes. Jamais nous n’aurons eu un adversaire dont la vision du monde est en tous points opposée à la nôtre. Jamais les Français n’auront autant voté en faveur d’un candidat dont ils combattent en réalité presque toutes les idées.
À nous donc de créer le symétrique du mouvement de Macron, celui qui parlera à la majorité politique et sociale de notre pays et défendra ses valeurs et ses intérêts : « En France ! ».
Comme lui, refusons la distinction droite-gauche ; comme lui, exposons une vision du monde, plus qu’un projet de gouvernement ; comme lui, parlons à l’émotion, à l’âme, plus qu’à la raison. Ces ingrédients ont fait le succès de notre adversaire, mais aussi celui de Donald Trump aux Etats-Unis, contre l’establishment du parti républicain, et surtout, contre la tyrannie médiatique. À l’instar du bonapartisme, du PSF et du gaullisme, il devra réunir en son sein classes populaires et classes moyennes, condition nécessaire à l’obtention d’une majorité électorale.
« En France ! » devra alors naître des décombres de la droite parlementaire, incarnation du système, et du FN, devenu son meilleur ennemi."
valere
A méditre:
http://www.rivarol.com/editorial
florilège
Le problème est qu’il n’y a , en France, aujourd’hui, aucune personne de valeur et suffisamment charismatique (du moins connue du grand public)pouvant incarner et fédérer cette renaissance.
Ou est ce leader ?
Jean Jules Denier
Masturbation encéphalique d’énarque.
On ne remerciera jamais assez Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen pour le travail accompli au service de la France et des Français.
Fillon Juppé Hollande et tous les autres devraient avoir honte de leurs mesquines trahisons.
Le Front National est le seul parti réel d’opposition. Que les Ménard, Guaino, De Villiers, Bompard, Mégret, Le Gallou…le rejoignent officiellement et franchement sans se cacher derrière des masques hygiéniques et tout sera pour le mieux.
Ce n’est pas au Front National, mouvement politique fort comptant plus de 10 millions d’électeurs, à s’abaisser devant des personnages certes brillants et de grande valeur mais au poids politique insignifiant.
NDA avait fait un premier pas…Souhaitons que tous se retrouvent dans le même convoi libérateur.
Ose
“En France” c’est bien mais pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt et pourquoi reprendre la même recette qu'”En Marche” ? Il y a comme un air de copier-coller !
n
« Comme lui [= Macron], refusons la distinction droite-gauche ».
Tiens, tiens, je croyais que précisément tous les opposants actuels à la ligne FN reprochent à MLP et à Philippot de se dire « ni de droite, ni de gauche, mais de France » ?
Meltoisan
Ce qu’il faut retenir du FN et en particulier de Marine LE PEN, c’est que, même si elle a raté son débat du second tour, elle a eu et elle a PLUS QUE JAMAIS RAISON sur la réalité de l’UMPS !
L’UMPS existait et coexistait grâce à la fausse alternance ou chacun, l’un après l’autre, continuait à détruire et déconstruire un peu plus notre belle France : UE, lois sociétales, soumissions aux USA, aux Émirats, à l’Islam, familles, marché, laïcité, abandon de droits régaliens (monnaie, frontière, …) mais aussi histoire, mémoire, culture, religion, rejet du peuple, de la démocratie, de la liberté d’expression face à des médias tout puissants et dominés par l’argent … et bientôt abandons du drapeau, de la langue, …)
La rupture est aussi grave que celle faite lors de la Révolution mais bien plus subtile, pernicieuse, inscrite dans la durée et la manipulation des esprits.
Aujourd’hui, la fausse droite (UMP-LR) et la fausse gauche (PS) sont moribondes : Bravo l’artiste ! En revanche, l’UMPS et son clone LRPS sont plus vivants que jamais à travers le Macronisme arriviste. Les retourneurs de veste et les traîtres sont légions. Leur santé est excellente, en apparence du moins, leurs magouilles se portent à merveille, le peuple qui a voté pour ça s’en mordra les doigts ! Les autres doivent se préparer aux législatives, à l’union des patriotes, des droites et peut-être… à la révolution bienfaisante et salvatrice mais révolutionnaire.
Rien n’est acquis, rien n’est écrit, pour personne !
En route vers l’Union des patriotes, les vrais !
Anne
Cette analyse me semble tout à fait pertinente et réaliste, hélas.En ces temps difficiles, on aimerait se raccrocher à des perspectives plus immédiates, mais la France ne pourra pas faire l’économie d’une recomposition de la droite de conviction qui pourra être longue…Que tous les responsables politiques amoureux de la France, attachés à ses racines chrétiennes et aux exigences de la loi naturelle, mettant de côté leurs querelles d’ego, s’unissent enfin pour stopper sa chute vers l’abîme engendré par la complicité des islamiques et des mondialistes libertaires.
Saint-Georges
Et allez! encore un nouveau parti à fonder!
La seule personne capable de fédérer TOUTES les forces de droite comme de gauche, loin de son ambition personnelle, puisqu’il n’a pas le choix de son “métier”, et qu’il n’a pas le choix de le refuser, c’est le roi très-chrétien. Point-barre. Toute autre “structure nouvelle” est destructrice de la France.
SD-Vintage
Je serais moins dur. La prestation personnelle de Mme Le Pen, son entêtement anti européen (et pas seulement anti euro), le chantage au référendum (qui reste pourtant la bonne méthode pour de grandes réformes), l’abandon de la lutte contre la diabolisation qui a tourné à fond pendant la campagne, tout cela a joué.
Les blogs patriotes n’ont pas non plus aidé en liant “droite” et “souverainiste” et en encourageant Marine Le Pen dans cette voie.
Suivant Laurent Jauffrin, c’est pour cela que la Cour de cassation a refusé que B. Megret prenne le pouvoir au FN, et refuse aujourd’hui son exclusion.
Quant à l’euro, les retraités ont peur de le quitter, mais à 30% surévalué, il pose quand même un problème : des réformes drastiques suffiront-elles ?