Lu sur le site de l’Institut européen de bioéthique :
Cette tragédie shakespearienne a été revisitée par la dramaturge péruvienne Chela De Ferrari, et sa compagnie « Teatro La Plaza » composée de huit acteurs tous porteurs du syndrome de Down. Ils nous livrent leurs rêves, leurs espoirs, leurs combats pour être considérés comme des personnes, autonomes, capable d’aimer, ainsi que leur revendication à être différents. Ils nous livrent leur souffrance et leur souhait de se faire comprendre. Ils estiment que « le théâtre est peut-être le dernier recours » car il « réveille les consciences, fait avouer les crimes ».
A la fois pleins d’humour, d’énergie et de vérité, les mots frappent – d’autant plus, peut-être qu’ils sonnent en espagnol et apparaissent surtitrés en français – le spectateur qui ne peut sortir indifférent de cette rencontre touchante. Un refrain résonne ainsi sous forme de rap :
« Pourquoi accepter les insultes, pourquoi nous sommes devant vous et que vous ne nous voyez pas. Où sont nos droits ? Toi qui te moquais de moi. Ça y est, tu te souviens. Tu m’envoyais balader. Mais tu n’es pas comme moi. Sinon tu comprendrais. Je te pardonne. Malgré les apparences je suis forte comme un rocher. Je n’aime pas les regards en coin qu’on croit que je ne comprends pas, qu’on touche mon corps sans me demander. »
On comprend mieux alors le commentaire de La Libre :
« Ne pas aller voir Hamlet parce qu’on est un peu gênés de regarder des personnes handicapées jouer serait se créer soi-même un handicap ».
La troupe s’est produite dans plus de 25 villes d’Europe et d’Amérique latine et dans de nombreux festivals. Cette année, elle mène sa tournée en Asie et en Europe. Chela De Ferrari explique que ce projet est né de sa rencontre avec Jaime Cruz, qui occupait la fonction d’ouvreur dans son théâtre et qui disait voulait être acteur. La dramaturge a manifestement été frappée par la construction de cette pièce ; en 2025, elle présentera son premier film : Being Hamlet, qui raconte le processus créatif des huit acteurs et actrices trisomiques répétant Hamlet.
La pièce se jouait en Belgique à l’heure-même où les souverains du pays donnaient une place particulière aux personnes porteuses de handicap (voir le reportage RTBF). En effet, à l’occasion de la visite du Pape François, le Palais royal organisait une réception en collaboration avec Cap Event, un service événementiel inclusif dont l’équipe de personnes en situation de handicap, encadrées et formées, assure un service de grande qualité.
Garde67
Les personnes porteuses de la trisomie 21, ont quelque chose de plus à faire partager à ceux qui en sont dépourvus. Et il ne s’agit pas simplement d’un chromosome.
La tragédie shakespearienne nous interroge sur ce qu'”Être” veut dire et signifier. Il vaut mieux “être” ce que l’on ait, c’est-à-dire Vivant, plutôt que “ne pas être”. Ne pas être est la tragédie de ceux qui n’assument ni son sexe, ni son handicap, ni sa situation. Ils passent à côté de la vie. Ne pas être conduit à la mort. Il y en a même qui estime qu’il aurait mieux valu qu’il ne soit pas né.
Ces acteurs sont bien vivants : ce qu’ils ont de plus est un surplus d’amour et d’espérance.
“Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. ” (Évangile selon saint Matthieu 19, 14).