Avant même les propos de Laurent Wauquiez, le site Gènétique mettait un article en ligne sur l’eugénisme aux Etats-Unis, utilisant la même analogie avec le régime nazi :
L’eugénisme fait souvent référence à l’idéologie nazie du XXème siècle, et ses programmes gouvernementaux visant à tuer des milliers d’Allemands handicapés, pour « purifier » la race. Ou bien à la stérilisation forcée par les Américains de 60 000 personnes « défectueuses », sanctionnée par la Cour suprême des États-Unis. Mais au XXIème siècle, le nouvel eugénisme cible spécialement les enfants porteurs de trisomie 21 avant même leur naissance.
Cet eugénisme est très concret : aux USA, 90 % des enfants à naître diagnostiqués porteurs de trisomie 21, sont avortés, et des milliers d’embryons conçus par FIV sont écartés chaque année à cause de leurs anomalies génétiques, voués à la destruction. « De nombreux professionnels de la santé induisent délibérément en erreur (…) et incitent les parents à mettre fin à la vie des enfants atteints du syndrome de Down ». Cet eugénisme est « une idéologie qui non seulement dévalue certaines populations minoritaires identifiées par leurs caractéristiques génétiques, mais cherche également à les supprimer ou à les empêcher de subsister », FIV et avortement étant deux moyens parfaitement légaux d’y parvenir.
Le rôle des professionnels de santé est prépondérant : « Des études indiquent que près de 90% des femmes ont déclaré que les conseillers en génétique n’avaient fourni aucune information sur les problèmes de qualité de vie et qu’un tiers des mères n’avaient jamais eu la possibilité de poursuivre leur grossesse ». Et pourtant, Brian Skotko a pu mettre en lumière que « près de 100% des parents d’enfants atteints du syndrome de Down déclaraient aimer leur progéniture et que presque tous les frères et sœurs affirmaient être de meilleures personnes en raison de leur frère ou de leur sœur ».
En France, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, a réagi aux propos de la ministre de la santé sur l’eugénisme qui n’existerait pas en France :
La ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, vient de déclarer : « Aujourd’hui, aucune politique publique en France, heureusement, n’induit de l’eugénisme. L’eugénisme, c’est le fait de vouloir faire une sélection génétique pour aboutir à des hommes parfaits. (…) Aucun acte médical en France ne peut conduire à l’eugénisme. C’est dévoyer le sens des mots. »
Pourtant, Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune constate que le mot même d’eugénisme est utilisé par ceux qui en assument la mise en œuvre. Ainsi, il y a 20 ans, le Pr Milliez présentait déjà l’eugénisme de la trisomie 21 comme un « ordre établi », que nul ne remet plus en cause, et Israël Nisand reconnaît à l’Assemblée Nationale le 20 septembre dernier que la France « fait de l’eugénisme à un point qu’aucun autre pays libéral ne fait ».
De fait, l’eugénisme prénatal est bien pratiqué en France. Aujourd’hui, la politique de diagnostic prénatal de la trisomie 21 aboutit à avorter 96% des enfants détectés (éventuellement jusqu’au jour de la naissance). Nous assistons à l’éradication d’une population sur la base de son génome.
L’eugénisme pré-implantatoire est aussi pratiqué en France dans le cadre de la PMA. Produits en surnombre, les embryons sont sélectionnés sur des critères génétiques avant d’être implantés. Les autres sont congelés, donnés à la recherche et/ou détruits (…)
Jean-Marie Le Méné a rappelé, lors de son audition à l’Assemblée Nationale le 23 octobre dernier, que « nul ne conteste ces faits aujourd’hui. Dès lors que le système de santé finance des outils eugéniques, la frontière entre eugénisme libéral et eugénisme étatique devient floue ».